jeudi 30 juin 2022

Benjamin Constant

Conférence "Les secrets d'un destin" de Benjamin Constant le lundi 28 mars à 20h à L'Esplanade du lac, organisée par l'association Université pour tous du Pays de Gex

Ce Français naturalisé, Benjamin Constant de Rebecque (1767-1830) issu d’une famille vaudoise, est né en Suisse à Lausanne et a vécu plusieurs années à Coppet, un bourg situé à quelques kilomètres de Genève, à l’époque de sa liaison avec Madame de Staël.

               
Benjamin Constant                A l'âge de 6 ans     

Même s’il est surtout connu comme écrivain avec le succès de son roman Adolphe paru en 1816, il a consacré une grande partie de sa vie à la politique, ayant rédigé aussi des essais, ouvrages de réflexion sur l’évolution de la société de son temps.

    Mme de Staël et sa fille Albertine 

Il s’engage en politique en 1795 peu après l’épisode de la Terreur et l’élimination de Robespierre. Sous le Directoire, il va soutenir Bonaparte en lui apportant son soutien, en particulier lors il soutient le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), puis celui du 18 Brumaire (an VIII : 9 novembre 1799).

Mais sans doute déçu par l’évolution de Bonaparte, il dirige l’opposition libérale à partir de 1800 puis s’exile en Suisse et en Allemagne pendant l’Empire. Revenu à Paris pendant les Cent jours, il est élu député en 1819 et le restera jusqu’à sa mort en 1830.  Excellent orateur, il défend le régime parlementaire et soutient d’avènement de Louis-Philippe.

        

S’il a écrit plusieurs essais, surtout sur  des questions politiques, il est l’auteur de romans comme Le Cahier rouge en 1807, basé sur des éléments autobiographiques et en 1816 Adolphe, le plus connu, drame romantique d’un amour trahi.

Orphelin de mère, Benjamin suit son père dans ses pérégrinations européennes Bruxelles, aux Pays-Bas, en Bavière. Sa vie amoureuse sera assez compliquée. Après une liaison avec Mme de Charrière, , il va se marier en 1789 avec  Johanne Wilhelmine Luise, dite Minna, baronne de Cramm et dame d'honneur de la duchesse de Brunswick.

     
Charlotte de Hardenberg       
Isabelle Adjani & Stanislas Merhar dans Adolphe


Mais c’est en 1793 qu’il rencontre Charlotte de Hardenberg (1769-1845), sans doute son grand amour, qui est mariée. Charlotte divorce tandis que Benjamin se sépare de sa femme, le divorce n’étant prononcé qu’en 1795. Mais Charlotte s’est remariée en 1807 avec un émigré français dont elle va divorcer en 1807.

Entre temps, Benjamin Constant entretient une liaison restée fameuse avec Germaine de Staël entre  1794 et 1810. D’ailleurs, il est probable qu’il soit le père de sa fille Albertine. L’intérêt de cette liaison tient aussi à leurs échanges intellectuels dans le cadre du Groupe de Coppet.
Finalement,
Benjamin et Charlotte se marieront en secret en juin 1808 et seule la mort de Benjamin en 1830 les sépareront. 

            
Isabelle de Charrière                                    Constant Ma vie

Ses rapports avec le Directoire furent ambigus. Après un revirement, il soutient la constitution de l'an III puis il suit madame de Staël exilée en Suisse à Coppet. Ce néo libéral est ensuite battu aux élections législatives malgré son amitié avec Barras. S'opposant à Bonaparte, il devient chef de l'opposition libérale, est exclut du Tribunat en 1802.

Son côté versatile fait qu'au plan personnel, il se résout à épouser Charlotte de Hardenberg après le refus de madame de Staël de l'épouser. Au plan politique, après son opposition à l'Empire, après avoir publié une diatribe contre le retour de Napoléon en 1815, il le rallie finalement pendant les Cent-jours. Le roi Louis XVIII ne lui en tient pas rigueur puisqu'il révoque son exil.

   

De retour à Paris en 1816, il devient rapidement l'un des leaders d’opinion du courant libéral opposé aux Ultras. Lors de ses nombreuses interventions à la tribune, il veille à l'application de la Charte, défend la liberté sous toutes ses formes, les acquéreurs de bien nationaux, combat les lois d'exception et l'esclavage.

Dans ses articles, Benjamin Constant revient sur l’intérêt des citoyens à s’impliquer dans la vie politique. Le système représentatif exige une grande vigilance et une vraie participation pour garantir les libertés privées et l’exercice des droits des citoyens.

         
Ses amies Louise-Julie Carreau-Talma & Juliette Récamier

Il tente aussi de justifier son action passée en publiant les Mémoires sur les Cent-Jours expliquant son revirement pendant cette période et à conforter ses opinions libérales en publiant un recueil de ses textes intitulé, Cours de politique constitutionnelle. Cette action va finir par porter ses fruits car, après deux tentatives infructueuses, il réussit à se faire élire député en 1819. Il sera réélu constamment jusqu'à sa mort.

Face au durcissement du régime, il luttera contre les lois qui limitent les libertés comme l
es lois sur le sacrilège, sur la presse et sur le droit d'aînesse en 1826. On le considère alors comme le chef de l'opposition libérale de gauche.

      
Essais et biographies sur Benjamin Constant

En 1830, il contribue à l'avènement de Louis-Philippe, qui lui fait don de 300 000 francs. Il sera ensuite nommé au Conseil d'État. Malade, il ne profitera guère de sa réélection au Parlement en octobre 1830 et prononcera son dernier discours à la Chambre le mois suivant.
Ses obsèques furent nationales et grandioses mais on lui refusa son entrée au Panthéon.

À partir de 1817, il s'est beaucoup impliqué dans une affaire judiciaire, l'affaire Wilfrid Regnault accusé et condamné pour le meurtre d'une veuve dans un village normand. Une affaire qui a certaines ressemblances avec l'affaire Calas. En fait, ce pourrait être une histoire de vengeance ourdie par la maire du village. En tout cas, Constant reprend le dossier et met en lumière ses incohérences et les contradictions des témoignages. Finalement, sa peine de mort sera commuée en 20 ans de prison. (en fait, il en fera 15) [1]

Au-delà des procès d'intention et d'une vie politique assez chaotique, il faut reconnaître à Benjamin Constant la rigueur dont témoignent ses écrits, ne serait-ce que Principes de politique, « De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes » ou Cours de politique constitutionnelle (1818-1820).

Notes et références
[1] Il écrira en particulier : « C'est aujourd'hui plus que jamais que les formes doivent être respectées […], que tout Français a le droit de s'enquérir si on les observe, si toutes les vraisemblances ont été pesées, tous les moyens de défense appréciés à leur juste valeur. »


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<< Christian Broussas Benjamin Constant © CJB  °°° 27/03/2022  >>
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