Musée Voltaire : 25, rue des Délices 1203 Genève
« Le pays autour de Genève
est maintenant grandement embelli ; De magnifiques demeures sont
construites, de vastes jardins sont plantés. Ceux qui disent que le
monde empire chaque jour ont bien tort ; Bien tort en ce qui concerne le
monde actuel. Il n’en va pas de même pour le monde moral et politique. »
Lettre à GB Dodington du 4 février 1756
Genève, façade de la La maison Voltaire
Le musée Voltaire se situe à Genève, dans le parc des Délices et dans la rue éponyme. Il contient en particulier une belle bibliothèque sur l'œuvre de Voltaire et plus largement sur la période des Lumières ainsi qu'une exposition permettre sur ce grand auteur du XVIIIe siècle. Cette demeure a été acquise en 1929 par la ville de Genève pour éviter sa démolition. Voltaire y a résidé environ 5 années, de mars 1755 à octobre 1760.
Vue de la galerie du musée
L'arrivée de Voltaire à Genève tient bien sûr à sa relation délicate avec le pouvoir français, surtout après l'arrivée au pouvoir de Louis XV et la fin de la Régence du duc d'Orléans. Il a déjà été "embastillé" deux fois et a dû se résoudre à s'exiler en Angleterre de 1726 à 1729 à la suite d'un différend avec le chevalier de Rohan. Cet exil lui a d'ailleurs permis de mieux comprendre le fonctionnement de la monarchie anglaise et de le comparer avec la situation de son pays.
Voltaire par Houdon Livre annoté par Voltaire
Mais elle tient aussi à sa situation personnelle. Sa compagne Émilie du Châtelet avec qui il vivait depuis plusieurs années dans son domaine de Cirey situé en Lorraine, est morte en couches le 10 septembre 1749 à Lunéville.
Il
en est fortement affecté et il le vit comme une rupture avec une vie
jusque là marquée par une grande complicité intellectuelle avec sa
compagne. D'où son installation à Genève l'année suivante.
Portraits de Voltaire à 24 ans et d'Émilie du Châtelet
À Genève
en tout cas, il se sent sinon en lieu sûr, du moins préservé du
courroux de la monarchie française, plus libre de ses mouvements, moins
soumis à la censure royale. Cependant, même ici, il est en délicatesse.
Dans cette ville puritaine cité de Calvin, son
anticléricalisme viscérale lui vaut de se faire beaucoup d'ennemis, ses
écrits virulents et ses relations sulfureuses créent aussi un malaise
avec les autorités de la cité lémanique.
Genève, c'est aussi pour lui la cité de banquiers, d'importants éditeurs, comme la « fabrique » des frères Cramer, hors des foudres de la censure française, d'amis comme la famille Tronchin grâce à qui il a pu acquérir la propriété de Saint-Jean, qu’il va rebaptiser « Les Délices. » Pendant son séjour, il va beaucoup écrire et y accueillir de nombreuses personnalités dont D’Alembert, pour la mise au point de l’article « Genève » dans l’Encyclopédie, objet de polémiques que subira surtout D'Alembert.
Un groupe très attentif Montre des ateliers Voltaire
En décembre 1754, c’est un Voltaire épuisé qui se réfugie au château de Prangins dans les environs de Genève. Depuis la venue de sa nièce Marie-Louise Denis, il se sent moins seul mais il se morfond vite à Prangins, s’attelant malgré tout à l’écriture d’une nouvelle pièce de théâtre intitulée L’Orphelin de la Chine. Il se rend fréquemment à Genève chez ses amis les Tronchin, Théodore le médecin qui le soulage de ses maux récurrents, François avocat et amateur d’art ainsi que Jean-Robert le banquier lyonnais qui gère sa fortune.
Il finit par acquérir une belle propriété à Saint-Jean, alors banlieue de Genève et va très largement l’agrandir et l’embellir. Il ne résiste pas au plaisir de faire jouer Zaïre dans une ville calviniste où le théâtre est interdit. Voltaire se dit heureux malgré le flot de libelles qui se propagent depuis Paris. On caviarde ses écrits, on lui prête des propos diffamants… et sa santé s’en ressent.
En 1756 paraît un essai imprimé chez lez frères Cramer de Genève intitulé Essai sur l’histoire générale, les mœurs et l’esprit des Nations, œuvre ambitieuse où il pourfend l’intolérance sous toutes ses formes. Il sera suivi par le Poème sur le désastre de Lisbonne puis par le fameux Candide ou l’optimisme.
À cette époque, Voltaire passe l’hiver à Lausanne où il fait plus doux, au domaine du Grand-Montriond où seront jouées plusieurs de ses pièces… reprises ensuite aux Délices, ce qui déplaira fortement à nombre de genevois. C’est à la suite de ces polémiques qu’il va prendre la décision de quitter Genève pour s’installer à Ferney.
Voir aussi
* François Jacob, Jadis les Délices, aux Editions La Ligne d'ombre, 163 pages
** Gaston Desnoiresterres, Voltaire aux Délices, éditions Didier et Compagnie
*** Béatrice Peyrani et Ann Bandle, Voltaire dans Ils ont changé le monde sur le Léman, éditions Slatkine, 2020
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<< Christian Broussas ••• Maison Voltaire © CJB °°° 06/04/2022 >>
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