mercredi 13 juillet 2022

Bougain, Le partage de la Catalogne

 Référence : Annie et Michel Bougain, Le partage de la Catalogue, Histoire rocambolesque du Traité des Pyrénées 1658-1660, éditions Trabucaire, collection Leccio Historia, 207 pages, octobre 2019

                    
    Louis XIV et Philippe IV sur l’île des Faisans, 1659, Charles Le Brun

Cette étude approfondie des négociations et tractations qui ont abouti à la paix entre la France et l’Espagne en 1660 et, pour fonder la paix enfin retrouvée,  au mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse, l’infante d’Espagne, la fille de Philippe IV, repose sur bon nombre de documents, dont certains inédits. [1] Cette paix et cette alliance scellent aussi la dernière victoire du cardinal Mazarin qui allait décéder l’année suivante le 9 mars 1661.

   Mgr Hyacinthe Serroni

Ces tractations ont en fait précédé et suivi de 1658 à 1660, la signature du Traité des Pyrénées le 7 novembre 1659 qui a entériné le partage de la Catalogne entre la France et l’Espagne.  La catalogue était alors un Principat, comme on disait alors, une région indépendante qui allait être dépecée entre La France et l'Espagne, au cours d’âpres marchandages qui allaient s’étendre sur quelque trois années.  

           
Dom Luis de Haro                Le comte de Fuensaldaña

Des négociations, dit-on en style diplomatique, conjuguées le plus souvent en petites manœuvres, entrevues secrètes, objectifs nébuleux ne facilitant pas la tache des protagonistes qui n’avaient pas non plus de mandat bien clairs sur leur latitude à négocier, bref une espèce de vaudeville assez comique si la paix de l’Europe n’était pas en jeu.   
Le traité des Pyrénées, comment s’y fier nous disent les auteurs, alors qu’il a été précédé par le traité de Paris du 4 juin 1659 dont les originaux ont disparu ou ensuite celui de Llivia du 12 novembre 1660 non ratifié par les deux parties ?

    
Site de l’ancien couvent des capucins à Céret

Le traité des Pyrénées ayant laissé pendantes un certain nombre de décisions, dont le sort de la Cerdagne, il a bien fallu se revoir. La Conférence de Céret, en mars-avril 1660, ne fera que brasser les problèmes induits par les formulations alambiquées du  traité des Pyrénées. Les commissaires français Pierre de Marca, Hyacinthe Serroni et les commissaires espagnols Miguel Salva, Miguel Romeu campent sur leurs positions, incapables de dépasser leurs positions respectives.

          
Pierre de Marca               Mémoire de Pierre de Marca  

On décide de se retrouver le 10 mai sur la côte basque pour un tête-à tête entre les ministres Luis de Haro et Hugues de Lionne. Mais cette fois Mazarin est là, en coulisses. Ce qui fera évoluer la situation, c'est d'abord la décision de Philippe IV, à la fois lassé et soucieux de cet enlisement, de remplacer Luis de Haro par son conseiller le comte de Fuensaldaña, aidé par Clémentel, plus réaliste et fin connaisseur de la situation.

C'est dans ces conditions que fut conclut le dernier acte de toutes ces transactions qui entérinait le partage de la Catalogue entre les royautés française et espagnole et la partition de la Cerdagne. Selon l'accord, la France recevait "33 villages" cerdans assurant la "continuité territoriale" entre la vallée du Carol et le Capcir, désormais français.

             
Hugues de Lionne                     Lettres d'Hugues de Lionne

Le dernier acte fut conclu 12 novembre 1660 par l'accord de Llivia, qui ne fut d'ailleurs jamais ratifié par l'Espagne, listant l'ensemble des villages cerdans revenant à la France, y compris la vallée du Carol, "échangée" contre Llivia, ce qui explique la présence de cette enclave dans le territoire français.
À l’issue de ces tractations, La France annexe le comté de Roussillon, les pays de Vallespir, de Conflent et de Capcir et les bourgs et villages de l'est du comté de Cerdagne.
Avec la fortification de Puigcerda et de Bourg-Madame, Llivia perdra peu à peu toute valeur stratégique.

            
Philipp IV d'Espagne                        Le bourg de Llivia

Le traité des Pyrénées en résumé
Le traité est signé sur l'île des Faisans, au milieu de la rivière Bidassoa qui sépare les deux pays. Il prévoit le mariage du jeune roi de France avec l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille du roi d'Espagne.
En principe, la France y gagne le Roussillon, la Cerdagne, l'Artois et plusieurs places fortes en Flandre et en Lorraine mais le texte est assez flou pour que chacun puisse s’y retrouver et revendiquer tel territoire, en particulier la Cerdagne qui va devenir cause de contestation et de renégociation.

  300 ème anniversaire du traité

Les futurs mariés se rencontrent à Saint-Jean-de-Luz pour le mariage célébré le 9 juin 1660 par l'évêque de Bayonne dans une atmosphère de liesse. Selon les termes du traité, Marie-Thérèse renonce à tout droit sur le trône espagnol, clause soumise à dot de 500.000 écus et l'habile Mazarin sait bien que l'Espagne n'aura jamais les moyens de payer cette dot, d’où quelques années plus tard, ce qu’on a appelé la guerre de Dévolution.

    
Allégorie du traité des Pyrénées
Le mariage de Louis et de Marie-Thérèse

Notes et références
[1]
En particulier les  archives inédites de Simancas en Espagne, l’analyse de la correspondance de Mazarin publiée à la fin du XIXe siècle, d’un « journal » rédigé par Atto Melani, un agent de Mazarin.


Voir aussi
Document utilisé pour la rédaction de l’article * Alicia Marcet i Juncosca, Le rattachement du Roussillon à la France, éditions Trabucaire, 2015
Document utilisé pour la rédaction de l’article * Les négociations et la paix --

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