C’est le Petit Palais qui présente cette première rétrospective consacrée en France à Ilya Répine, l’un des peintres russes les plus représentatifs d’une époque bouleversée par les guerres, la disparition des Romanov et la Révolution bolchévique.
Danse des cosaques zaporogues 1928
Zaporogues, Lettre au sultan 1885
Il est considéré comme un jalon essentiel de l’histoire de la peinture russe des XIXe et XXe siècles. Une centaine de tableaux, prêtés notamment par la Galerie nationale Trétiakov de Moscou, le Musée d’État russe de Saint-Pétersbourg et le musée d’art de l’Ateneum d’Helsinki, dont certains très grands formats, permettront de retracer son parcours à travers ses chefs-d’œuvre.
Portrait de Sophie Menter 1887 Léon Tolstoï labourant 1887
Ilya Répine s’est surtout intéressé aux différents aspects de la vie culturelle de son époque, que ce soit la littérature, la musique, les sciences… Certaines de ses œuvres retracent d'ailleurs les bouleversements historiques et sociaux qui ont marqué son temps, par exemple les tableaux sur L'insurrection de 1905.
Nu, de dos 1896 Jeune ukrainienne 1880
Il traitera de thèmes plus convenus dans La visite d'Alexandre III aux Consuls, Les compositeurs slaves (1871), La régente Sophie (1879), Procession religieuse dans la province de Koursk (1883) ou Le centenaire du Conseil d'État en 1903.
Ferme ukrainienne
En outre, il est toujours resté très proche d’artistes comme Léon Tolstoï, le compositeur Moussorgsky ou le collectionneur Trétiakov, admirait Nicolas Gogol et rencontra Tourgueniev à Paris.
Ilya Répine : Portraits de Léon Tolstoï
De
superbes portraits naîtront de ces amitiés, dont le plus célèbre est
sans doute celui de Moussorgsky, dont aussi une série de portraits
consacrés à son ami Léon Tolstoï, parmi lesquels Tolstoï labourant (1887), Tolstoï aux pieds nus, Tolstoï dans son fauteuil, Tolstoï et sa femme Sofia, Tolstoï écrivant ou le portrait de Tolstoï assis.
Portraits de Tourgueniev 1874 et de Moussorgsky 1881
Vladimir Stassov 1900
Ilya Répine fut un membre éminent du groupe « Les Ambulants », formé de peintres réalistes. Il commence par être peintre d’icônes. Il étudie la peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg puis à Paris où il découvrit l’impressionnisme sans jamais y adhérer même s’il était épris de culture picturale française.
Ivan le Terrible et son fils (détail) Juif priant, 1875
Beaucoup de ses œuvres importantes se rapportent aux conflits sociaux dans la Russie du XIXe siècle. En 1873, son célèbre tableau Les Bateliers de la Volga, montre le peuple russe opprimé traînant ses chaînes. Suivront dans la même veine Confession et L'Arrestation du Propagandiste ou plus officiel Ivan le Terrible et son fils.
Les bateliers de la Volga
Il veut être près du peuple, saisir ses peines, ses besoins et ses joies de la vie populaire. Le peintre et critique d’art Ivan Kramskoï dira de lui : « Répine possède le don de représenter le paysan tel qu'il est […] mais personne ne sait le faire avec autant de talent que lui.
» On dit de ses tableaux qu’ils sont délicats et d’une puissante
plasticité et pas seulement dans ses portraits car même ses natures
mortes atteignent une authenticité quasi naturelle.
Portraits de Pavel Tretiakov 1901 de Vsevolov Garchine 1900 et de
Korney Ivanov Chukovski 1910
Ce maître du réalisme a beaucoup représenté ses contemporains, des artistes bien sûr mais également des paysans au travail, des croyants en procession, manifestants sur les barricades.
Il fut surtout un portraitiste remarquable, très prisé, très fin, qui représenta aussi bien ses proches que des portraits de membres des grandes familles russes.
Portraits de sa première femme Véra 1876 et 1882 (Le repos), de sa fille aînée (Bouquet d'automne)
On y trouve, surtout dans ses débuts, des portraits de sa famille : Portait de son père (1879), de sa mère Tatania Stepanovna (1867), de sa femme Véra, en particulier les quatre portraits de 1869, 1876, 1878 et 1882 intitulé Le repos, de sa fille aînée : libellule (1882) et Bouquet d’automne (1892) ou de sa seconde femme, l'écrivaine Natalia Nordman-Severova (1900)
Portrait de Tolstoï & sa femme
On y trouve aussi des proches, comme ses amis le compositeur Modeste Moussorgsky, les écrivains Léon Tolstoï (Léon Tolstoï labourant, en 1887), Tourgueniev ou du galeriste Pavel Tretiakov (1901).
Sa fille Nadja Répine Natalia Nordman sa seconde femme
Il a peint également des portraits d'officiels comme ceux de la Régente Sophie (1879), Ivan le Terrible (Ivan le terrible et son fils Ivan (1885), Vsevolod Garchine (1884) ou Alexandre Kerenski en 1918 ainsi que de nombreux portraits de femmes dont on peut citer : Varvara Uexküll von Gyllenband (1889), Tatiana Soukhotina-Tolstaïa (1893), Sophia Dragomirova (1889), Natalia Golovina (1896), Eléonore Duse (1891), Elizaveta Zvantseva (1889) ou Marianne von Werefkin (1916).
Nathalia Golovina Bella Highland 1910 Femme s'appuyant sur une chaise
Grâce à une scénographie dynamique, l’exposition complétée par des extraits littéraires, est particulièrement réussie et permet de faire connaître un peintre dont l’œuvre considérable, au-delà de son aspect plastique, est aussi un témoignage incomparable.
Le tsar Alexandre III
Autour de la musique
Le peintre Ilya Répine aimait particulièrement la musique et son œuvre y renvoie à de nombreuses reprises, que ce soit des hommages, des évocations, des portraits de compositeurs, de Glinka à Glazounov, de Moussorgski à Rimski-Korsakov.
Scène de la vie russe
Elle présente des œuvres comme, bien sûr, le portrait de Modeste Moussorgski, l’un des chefs-d’œuvre du peintre, créé en quatre jours en mars 1881, juste avant la mort du compositeur, qui voulait représenter « la vie, si salée soit-elle » en se rapprochant de la langue parlée chez le compositeur ou de la réalité chez Répine. Moussorgski était aussi « ce petit bonhomme à la joie enfantine et au nez rouge en forme de patate ».
Mikhail Glinka
Répine aimait beaucoup Moussorgski à qui il adresse un clin d’œil dans l’un de ses derniers tableaux, Le Gopak (ou Danse des cosaques zaporogues, 1926-1930), danse ukrainienne qu’il utilisa dans son opéra inachevé La Foire de Sorotchintsy d’après Gogol.
Sadko dans le royaume sous-marin 1876
Portrait de Rimski-Korsakov 1893
Il a aussi représenté Mikhaïl Glinka, celui qu’on appelait le « père de la musique russe » travaillant à son second opéra, Rouslan et Ludmila, couché, cherchant sans doute l’inspiration. On trouve également d’autres musiciens tels que César Cui, membre du Groupe des Cinq, Anton Rubinstein ou Alexandre Glazounov qui lui dédia sa Rhapsodie orientale pour grand orchestre.
Si le portrait de Rimski-Korsakov manque à l’exposition, un autre tableau le grand Sadko de 1876 l’évoque. S’il écrira plus tard son opéra, son poème symphonique inclut l’épisode singulier de la légende, qui transporte le héros sous les mers, auprès du roi Océan.
Notes et références
[1] Tableau intitulé aussi "Les bateliers de la Volga"
Voir aussi mes fichiers
* Expositions Morozov et Chtchoukine --
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<<< Christian Broussas ••• Ilya Répine••• © CJB °°° 13/01/2022 >>>
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