Référence : Nicolas Mathieu, Connemara, éditions Actes sud, 400 pages, février 2022
« Les vies ratées valent le coup d'être vécues » Nicolas Mathieu
Quelque 40 ans, le mitan de la vie, quand on a vécu, bâti une vie mais que presque tout est encore possible. À certaines conditions. Oh, ce n’était pas forcément mieux avant mais les lendemains qui chantent ne sont pas forcément au rendez-vous. D’une certaine façon, le passé est toujours quelque part mélancolie.
Le temps, c’est cet écart entre celui d’une brève rencontre du côté d’Épinal dans les années 1990 entre Hélène, une jeune fille sérieuse, un peu austère et Christophe Marchal, beau jeune homme sportif et hockeyeur et la véritable rencontre quelque vingt ans plus tard.
Avec Florent Marchet
Lui, toujours hockeyeur, toujours dans son coin, toujours avec les mêmes amis Greg et Marco, est devenu représentant en nourriture pour chiens et s’occupe de son fils Gabriel. Il n’a jamais su choisir, est resté là où il était avec son père et son fils mais croit dur comme fer que tout est possible.
Avec Valérie Manteau
Elle, après avoir beaucoup circulé, habite vers Nancy avec son mari Philippe, souvent absent pour son travail, et leurs deux filles, Clara et Mouche. Belle réussite professionnelle comme gestionnaire en ressources humaines.
Mais cette vie tranquille et somme toute réussie finit rapidement par la décevoir.
Hélène, du petit pavillon de Cornécourt où elle a grandi, a bien réussi comme on dit : école de commerce, mari brillant, voyages et vie parisienne puis retour à Nancy
dans une superbe maison. Mais cette réussite a eu un prix : expériences
souvent négatives en entreprise, obligée de jongler entre une vie
professionnelle déjà stressante et de s’occuper de ses deux filles, même
avec l’aide de baby-sitters, ravalant peu à peu ses rêves de jeunesse.
Ils se retrouvent par hasard et tentent de se bâtir un avenir mais finalement, sans grande conviction, guettés par la crise de la quarantaine où commence à se profiler les avanies du temps qui passe. Autour de ce couple qui n’en est pas vraiment un, gravite tout un cercle de proches constitué d’amis, de collègues, de parents et de voisins qui forment comme une micro société.
Le personnage d'Hélène est à cet égard exemplaire en ce sens qu'elle est très soucieuse de sa place dans la société, méprisant ceux qui n'avaient pas évolué et en voulant à ceux qui avaient mieux réussis qu'elle. D'où son ressentiment et sa difficulté à s'assumer.
Avec Jérôme Fourquet
Elle regarde avec envie la façon dont son chef Erwan manie le langage du manager, le naturel des jeunes comme Tinder ou Lison, la jeune stagiaire branchée. L’auteur en profite pour dénoncer l’entreprise et sa violence : « L’espace d’un instant, Erwan quitta cet état de surchauffe nombriliste qui était son régime de croisière et fixa sur elle ses petits yeux dorés. » Et Hélène se disait « qu’il fallait qu’elle se sorte à tout prix de ce marécage d’indifférenciés. Depuis toujours, c’était la même histoire. Réussir ».
Voir aussi ma fiche :
► Leurs enfants après eux --
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