Référence : Didier Decoin, Un policeman, 224 pages, septembre 1975
« Tout se passe à Londres et dans la campagne anglaise. Aussi pense-t-on à Dickens et à ses enfants menacés. » Kléber Haedens.
Au
départ, il est question d’un petit fait divers qui vaut à peine un
entrefilet dans un journal local : un petit vendeur de rue est victime
d’un vol de journaux. Seulement voilà, le témoin de ce larcin est Jonas Erda, un policier londonien bientôt à la retraite.
Après Abraham de Brooklyn (Prix des libraires 1973), c'est Jonas, autre prénom biblique, que Decoin
utilise ici pour nommer son policeman obstiné. Son enquête sera aussi
une quête pour un homme qui revient sur certains lieux de son enfance,
une bonne raison de secourir des enfants en danger.
« Quand le chagrin ne tue pas tout de suite, il use. »
Conscient que ce vol restera très probablement impuni, Jonas aidé par Shirley Brommel,
une prostituée rencontrée au commissariat, se lance à la poursuite du
voleur. Avec pour seul indice le fait que l'auteur serait vêtu d'un
manteau beige en poil de chameau. Il le fait en abandonnant sans
explications sa femme, ses collègues de l'East End et le procès qui doit bientôt se dérouler pour une blessure provoquée pendant une intervention.
Jonas finit cependant par obtenir un nom, celui de Fedor Artemiev, danseur dans une troupe itinérante. Jonas Erda se révèle comme un homme complexe, tout à la fois policier bien sûr, parfois amoureux, plutôt vagabond, mais surtout fait d’un mélange de douleur et de tendresse, bercé par la nostalgie de l'enfance.
Marqué par des conditions climatiques éprouvantes, leur poursuite les conduit au nord de l’Angleterre, du côté de Windenmere puis à Carlisle. Là, les choses se compliquent quand Shirley, excitée par cette chasse, trahit Jonas en prévenant Artemiev qu'il se trouve en mauvaise posture. La traque les entraîne ensuite de la campagne anglaise jusqu’au lac du Loch Ness en Écosse puis dans le château de lady Mc Guynnshire où la troupe doit se produire.
Mais Shirley finit par s'en aller, la confrontation entre les deux hommes tourne vinaigre et Jonas Erda terminera sa vie dans un étang.
On peut voir ici que pour Didier Decoin l'acte le plus anodin peut avoir des conséquences catastrophiques. Comme disait Jacques Audiberti, « Le mal court » comme dans ce roman où le ressort narratif conduit logiquement vers l'inéluctable.
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