Référence : Marie Nimier, Petite sœur, éditions Gallimard, Collection Blanche, 228 pages, août 2022
« Écrire c’est disparaître. » Marie Nimier
Il est vrai que Marie Nimier "sait tout faire". Elle écrit, chante, joue, y compris sur scène avec un orchestre de cabaret, défile sur un podium pour Karl Lagerfeld, compose des contes pour enfants et des chansons pour Eddy ou Johnny, [1] éventuellement pense à son père "le hussard bleu", est « La Reine du silence » et même se prend pour un homme dans son roman « Je suis un homme ».
À Brive en 2010
Alice, trentenaire, va s’installer pour quelque temps dans une ville inconnue pour noter les souvenirs qu'elle partage avec son frère Mika, mort récemment. Ils ont grandi dans une famille de comédiens et ont pourtant été très liés mais depuis sept ans, ils avaient rompu toute relation. Une dispute subite, elle s'est levée et est partie sans se retourner.
Une dispute qui
ne peut s'expliquer que par un drame secret dont on ne dévoile pas les
ressorts. Qu'importe, de toute façon le mal est fait maintenant que tout
est fini : « Mais aujourd’hui, Mika n’est plus, il est mort, il avait vingt-huit ans. » Toutefois, on peut dire que leur
relation était déséquilibrée. Elle, pourtant la grande soeur, que ce
petit frère doué en tout prend sous son aile, elle qui n'a aucune de ses
qualités, effacée et complexée.
« J'étais
calme, mais je n'étais pas sereine. Je n'ai jamais été sereine. J'ai
toujours eu l'impression d'avancer dans la vie en tirant des casseroles
derrière moi, des casseroles pleines qu'il ne faut pas renverser sous
peine d'être salie. »
Elle est effondrée et n'a même pas pu se rendre à son enterrement. Aussi, sur les conseils de sa grand-mère Georgia, décide-t-elle de partir garder l'appartement d'un certain monsieur Tournon, nourrir le chat Virgile qui se planque à son arrivée ainsi que la plante carnivore dont Tiago, le « joggeur-crabouilleur » prend soin.
Eddy Mitchell & Marie Nimier à La grande Librairie
Nous voilà plongés dans son univers, dans le mystère de sa relation avec Mika,
une relation évoquée avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité qui
s'étire de l'enfance à l'adolescence, ce frère perdu dont elle tente de
faire le deuil.
En fait, ce n’est pas la mort en elle-même de Mika qui compte le plus pour elle mais plutôt cette relation privilégiée gâchée d’un coup et dont elle n’a jamais guéri.
Marie Nimier et Tahar ben Jalloun
À noter que Marie Nimier a organisé une tournée pendant laquelle elle lit des extraits de son roman, accompagnée par la musique de Karinn Helbert qui joue d'un instrument original, un orgue de cristal.
Marie Nimier & Karinn Helbert
Notes et références
[1] Pour Johnny la chanson "Chanter n'est pas jouer" et pour Eddy la chanson "Paloma dort" de l'album Jambalaya. Dans le cadre de cet album et pour cette chanson dont elle a co signé les paroles avec Thierry Illouz, Marie Nimier a reçu un disque de platine.
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