Hervé Le Tellier, L'anomalie

 Référence : Hervé Le Tellier, L'anomalie, éditions Gallimard, collection Blanche, 336 pages, août 2020, prix Goncourt 2020 puis Folio 2022

« L’amour, c’est ne pas pouvoir empêcher le cœur de piétiner l’intelligence. »

       
Hervé Le Tellier                         en 2021

D'une façon générale, ce livre a été encensé par la critique, combinant à merveille les techniques des séries américaines et la précision du roman psychologique français. »

Le sujet du livre
En juin 2021, un avion d'Air France venant de New-York rencontre un violent orage peu avant son arrivée prévue à Paris. Personne ne sait encore bien entendu, et pas plus les 243 passagers de ce vol, de l'importance de cet événement lié à cette fameuse anomalie.

   Avec Marie-Hélène Lafon

Les passagers sont de condition très diverse, on y compte par exemple Blake le bon père de famille tueur à gages, Slimboy la pop star africaine mal dans sa peau, Joanna l'avocate vivant dans le paraître ou Victor Miesel l'écrivain qui va passer de l'ombre à la lumière. Leur vie, le réel tout va s'effacer devant ce qui dépasse l'imagination humaine.
D'après l'éditeur, ce livre « explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe. » Quant à l'auteur, il écrit que« En additionnant des obscurités individuelles on obtient rarement une lumière collective. »

La question, est aussi de savoir comment réagir quand on est confronté à son double, comment "vivre après", pour les Lucie June et March manipulées par les médias, pour Victor Miesel et son spectre, même s'il n'est pas dupe de cette mise en scène... et tous les autres. Comme le dit Victor Miesel,  « Il n'y a que des suppliciés qui s'échappent en tuant leur bourreau . »

           

La démarche de l'auteur
Pour comprendre sa démarche, il faut rappeler qu'Hervé Le Tellier est membre du groupe littéraire l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) dont il est présent depuis 2019 et qu'il a participé au roman collectif La Disparition de Perek, en hommage bien entendu à Georges Pérec et à son roman La Disparition.
Il a également été largement inspiré par le mouvement cyberpunk, domaine de science-fiction postmoderne privilégiant le futur proche et les technologies informatiques et robotiques.

       
                                               Avec Georges Pérec

« Aimer évite au moins de chercher sans cesse un sens à sa vie. » p 378

Contenu et style
Le roman se compose de trois parties [1] dont les titres sont empruntés à Raymond Queneau. Le déroulement des 50 premiers chapitres se situe autour des dates d’atterrissage de deux vols du Boeing [2], met en exergue tout ce qu'il se passe durant les quelque mois mois qui les séparent et nous transporte entre réalité et fiction.

  Le Parmesan Autoportrait au miroir convexe (p 375)

Dix personnages composent le tableau et ont des relations qu'on découvre peu à peu. D'abord, sept passagers et le commandant de bord du Boeing puis deux mathématiciens chargés d'étudier ce qui s'est passé lors des deux vols du Boeing.

  Avec Marc Lévy

Chaque chapitre développe son propre style narratif emprunté à un genre défini, reposant par exemple sur le roman psychologique ou la littérature blanche, le thriller ou le monologue intérieur. Le livre se structure en autant d'histoires qui se mêlent pour converger vers "l'anomalie". C'est ce que l'auteur lui-même qualifie de "scoubidou".

     

* Notes et références

[1] "Aussi noir que le ciel", "La vie est un songe dit-on" et "La chanson du néant"
[2]  Entre les 10 mars et 24 juin 2021

Voir ausssi
* A propos de l'autoportrait de John Ashbery --

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