Le tome I paru en 1962 couvre la période mai 1935-février 1942 et contient des notations sur Noces, La Mort heureuse, L'Étranger, Le Mythe de Sisyphe ou Caligula. Le tome II qui va de janvier 1942 à mars 1951, rassemble des textes allant de la période de "L’Étranger" à "L'Homme Révolté" en passant par "La Peste".
Si Camus
considérait plutôt les deux premiers comme des instruments de travail,
le dernier est constitué aussi de notations plus intimes, apparaissant
quelque peu décousu, fait d’éléments épars, parfois de quelques lignes
ou d'une seule phrase. On voit mieux l’homme et son environnement avec
sa famille, ses amis, des allusions aux courriers qu’ils échangent, ses
engagements toujours nombreux, l'avancement de ses livres et ce temps
qui lui file entre les doigts.
Il est ainsi possible de suivre l’évolution de son état d'esprit,
parfois plus serein, parfois plombé par les difficultés, comme cette
réflexion désabusée : « Trois ans pour faire un livre, cinq lignes pour le ridiculiser et des citations fausses, » et qui, comme souvent, doute de son talent, de sa vocation car écrit-il « les doutes, c’est ce que nous avons de plus intime. »
Avec Mett Ivers et les Gallimard à Lausanne 31/10/1959
Il balance souvent entre optimisme et pessimisme, alternant réflexions lucides du genre « j'ai
toujours pensé que si l'homme qui espérait dans la condition humaine
était un fou, celui qui désespérait des événements était un lâche » et sans illusions car « si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout. »
Ce qu'on ne manqua pas de lui reprocher...
L’année 1959 –sa dernière année- est d’abord consacrée à son adaptation des Possédés de Dostoïevski : articles et interviews se succèdent avec comme point d’orgue la Première le 30 janvier. En mars, il est à Alger au chevet de sa mère malade.
À partir de fin avril, il sera souvent à Lourmarin où il prend des notes pour une adaptation de Macbeth de Shakespeare et surtout s’attelle à l’écriture du Premier homme qu’il espère mener à bien en huit mois. Il se dit alors sous le signe de « la solitude et de la frugalité. » Son activité ne sera guère entrecoupée que par un voyage à Venise début juillet puis par la préparation des fêtes de fin d’année qu’il passera avec Francine et les jumeaux ainsi qu’avec la famille Gallimard remontant de la Côte d’azur avant de regagner Paris où il n’arriveront jamais.
Parfois aussi, se laissant aller à une certaine amertume comme cette confidence de mai 1959 : « le théâtre au moins m'aide. La parodie vaut mieux que le mensonge : elle est plus près de la vérité qu'elle joue. »
« Rien n'est plus méprisable que le respect fondé sur la crainte. » (Carnets II)
« Vieillir, c'est passer de la passion à la compassion. » (Carnets II)
« La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. » (Carnets III)
Année 1959 : les 3 séjours à Lourmarin
- séjour 1 : du 28/04 au 28/05
- séjour 2 : du 9/08 au 2/09
- séjour 3 : du 14/11 au 3/01/1960
Voir aussi
* Camus au jour le jour en 1958 et en 1959 -
* Présentation des Carnets -- Le cahier VIII des Carnets III -
* Le voyage en Grèce dans les Carnets -
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