Référence : Hubert Védrine, Camus, notre rempart, éditions Plon, 128 pages, mars 2024
Il aurait pu s'appeler "Albert Camus et moi" tant ce livre d'Hubert Védrine [1]revêt un ton très personnel, longue confidence sur l'importance d'Albert Camus dans la vie de l'auteur.
« Le monde est beau et en-dehors de lui, point de salut. » Noces
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Très tôt Hubert Védrine a découvert Camus à travers ses recueils de nouvelles Noces puis L’Été. C'est surtout Noce à Tipasa qui l'a impressionné par la description saisissante de ce paysage de bord de mer à quelque 70 kilomètres d'Alger, dominé par le massif austère du Chénoua. À lire ses descriptions, on respire l'essence de ces plantes qui exsudent leur lourd parfum, les géraniums, les absinthes, les griffes-de-sorcière, révélé par l'implacable soleil estival, on admire le contraste entre la nature et les ruines romaines qui ponctuent le paysage.
Il lit aussi avec délectation d'autres nouvelles comme L’Été à Alger,
« ce qu'on peut aimer à Alger, c'est ce dont tout le monde vit : la mer au tournant de chaque rue, un certain poids de soleil, la beauté de la race » ou Le vent à Djémila, là où « il est des lieux où meurt l’esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même. »
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Puis ce seront un peu plus tard dans L’Été, Retour à Tipasa, pendant de Noce à Tipasa durent la période hivernale, et deux courtes nouvelles mais ciselées, très denses que sont Les Amandiers et L'Énigme.
« Saisi, je l’ai été par la simple beauté et la sensualité de ses mots méditerranéens, écrit Hubert Védrine. J’ai commencé mon parcours Camus par ce moment de beauté, de langue pure et claire, de sensualité hellénique et panthéiste. Il ne m’a jamais quitté. »
« Qu'est-ce que le bonheur, sinon l'accord vrai entre un homme et l'existence qu'il mène. » Noces
Ensuite, sa vie professionnelle, son engagement aux côtés de François Mitterrand, l'a un peu éloigné de Camus mais la complicité n'a jamais cessé et plusieurs rencontres l'ont de nouveau rapproché de Camus.
Ces rencontres, ce sont surtout celles de Jean Daniel et de René Char chez lui à L'Isle-sur-la-Sorgue où il va en vacances puis à Lourmarin et sa rencontre avec Catherine Camus, qui ont joué le rôle le plus important. Leurs échanges, leurs conversations l'ont conduit à renouer avec Camus et à réfléchir sur ses engagements, ses invariants qui agissent « comme une grande référence et une lumière dans le brouillard. »
Cette démarche l'a incité à relire toute l'œuvre de Camus, à comprendre le processus qui a permis à Camus
d'incarner une éthique de vie fondée sur une rectitude sans égal, sans
compromission, qui peut être un rempart efficace contre le superficiel
de notre époque, qui peut encore dit-il, nous « protéger des temps sans esprit ».
Pour lui, les œuvres les plus importantes, celles où l'on trouve l'essentiel de la pensée de Camus
sont Le Premier homme, ce récit autobiographique inachevé, trouvé dans
les décombres de l'accident létal, ainsi que la préface de l'Envers et
l'endroit ajoutée à la réédition de 1958.
[1] Hubert Védrine a été porte-parole et secrétaire général de l’Élysée durant les deux septennats de François Mitterrand puis Conseiller d’État en 1986. En 1997, il est ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Lionel Jospin.
En 2003, il devient président de l’Institut François-Mitterrand. Il a
écrit une vingtaine d’ouvrages sur les affaires internationales et le
rôle de la France.
Voir aussi
* Noces et L’Été, Extraits --
* Le vent à Djémila, Extraits --
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<< Christian Broussas, Camus, Védrine 04/06/2024 © • cjb • © >>
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