lundi 2 octobre 2017

JMG Le Clézio et ses essais

  
JMG Le Clézio a écrit un certain nombre de textes au fil des années qu'on range en général sous le terme d'essais, bien que comportant de la poésie et des témoignages autobiographiques. Dans cette rubrique, on peut inclure des œuvres de jeunesse, recueils poétiques comme Mydriase (1973) et Vers les icebergs (1978).

SOMMAIRE
1- L'extase matérielle -
2- L'inconnu sur la terre -- 3- Le rêve mexicain -- 4- Diego et Frida -- 5- Ailleurs -- 6- La fête chantée -- 7- Haï -- 8- Gens des nuages -- 9- Raga, le continent invisible -- 10- Ballaciner -- 11- Causeries en Chine -- 12- Le flot de la poésie continuera de couler --

L'Extase matérielle (1967) est un texte de réflexions qui évite le recours à tout système, composé de méditations écrites en toute liberté, destinées à s'interroger plutôt qu'à chercher des certitudes, à faire évoluer ce qui est idées reçues, choses acquises ou apprises qui ne sont pas forcément en phase avec le réel. C'est, peut-on dire, un "traité des émotions appliquées" car ajoute-t-il, « les principes, les systèmes sont des armes pour lutter contre la vie. »
Paradoxalement, il pense que « la beauté de la vie, l'énergie de la vie ne sont pas de l'esprit, mais de la matière. »

Il aborde des thèmes comme la femme, son corps et l'amour, l'écriture et la mort, ce qu’il définit comme l'absolu. L'auteur veut s’approcher de la réalité de l’homme mais elle ne débouche pas forcément sur la vérité, la vérité profonde de l’homme. La culture ne se réduit pas à l’art et « la culture est une nourriture, une richesse malléable qui n'existe qu'à travers l'homme. »

            
    

L’inconnu sur la terre : essai centré sur la civilisation amérindienne.
Un hymne à la vie dont Philippe Delerm disait que c’était un « livre essentiel. »
« Ah, c'est vrai, comprendre. Il faut comprendre, pour savoir, ou l'inverse. Mais quoi ? Comprendre l'organisation de la société humaine pour être un homme, comprendre la structure des êtres vivants pour vivre ? Ce n'est pas cela. Vous vous trompez, ce ne sont pas les règles du jeu. La vie n'est pas une série d'astuces»

Ce livre est aussi celui de cet "Inconnu sur la terre" qui ressemble à un enfant, "petit prince" posant sur le monde un regard neuf et naïf.
Un livre fait de pensées, d’impressions dont l'auteur nous restitue toute l’essence et qui écrit : « Je voudrais faire seulement ceci : de la musique avec les mots. »

Le Rêve mexicain ou la Pensée interrompue (1988) : l’auteur s'interroge sur la brutale disparition des civilisations indiennes au XVIe siècle, et plus particulièrement sur les effets de la colonisation.
De ce choc de civilisation vont suivre des siècles de colonisation, utilisation du travail des esclaves pour exploiter les métaux précieux et asseoir l’hégémonie de l'Occident.
Ne reste que le rêve, celui du soldat Bernal Diaz del Castillo qui vécut la fin du règne des Aztèques, de Bernardino de Sabagun et de la disparition des splendeurs des mythes disparus, de Nezahualcoyotl, le roi-poète de Tezcoco.
Un rêve qui se réfère à la lumière de ce monde, à cette magie disparue, monde qui a succombé à la violence, à la technique sans partage de l’armée espagnole.

Diego et Frida (1993) : voir ma fiche intitulée Le Clézio et son oeuvre --

           

Ailleurs (1995) est un livre d’entretiens où l’auteur évoque l’île Maurice, ses débuts d’écrivains et sa passion pour le Mexique (voir ci-dessus) où il a longtemps résidé, avec une place pour Milly-la-Forêt aussi où sa mère est née.
Il parle des livres qu'il aime, ceux qui lui donnent "
l'impression qu’' ils possèdent quelque chose d’'un peu magique. C’est sans doute un des portraits les plus fidèles qu’il ait fait de lui-même.

La fête chantée (1997) est un recueil de textes mélangeant l’histoire, les mythes et l’autobiographie sur la fascination de Le Clézio pour la culture amérindienne, son respect de la nature, leur imaginaire et leur modestie.
La nouvelle éponyme raconte sa découverte de la culture indienne et de son importance dans sa vie : « Je vivais dans des maisons belles comme des palais, maisons vastes, arrondies, construites à l'orée des fleuves sur des pilotis, selon le plan simple et génial du parapluie, un tronc d'arbre central, pas de murs extérieurs, et un immense toit de feuilles qui abrite de la pluie, du brouillard du matin et du soleil violent de midi. Les sols étaient particulièrement beaux, faits d'une variété de bambou noir, brillant et élastique, frais dans le jour, doux la nuit. »
Le Clézio a aussi repris dans ce recueil sa présentation du document historique La conquête divine de Michoacan publié en 1984 chez Gallimard dans la collection "Tradition".

Haï (1971): Le Clézio au Panama chez les Emberras -

                          


Gens des nuages (1997) est un journal de voyage de Le Clézio et sa femme Jémia dans le sud marocain et le Sahara occidental (Segia el-Hamra) qui raconte le retour de Jémia dans son pays et l'histoire de ses ancêtres, les Laaroussiyines.
Ah, connaître  les Aroussiyine, savoir de quoi ils vivent avec les troupeaux de chameaux et de chèvres, les autruches. Ils voulaient tous deux entendre dire les légendes, rencontrer les femmes bleues, l'assemblée du vendredi… les Ahel Mouzna, les Gens des nuages, à la poursuite de la pluie.

                 


Raga. Approche du continent invisible (2006) est un journal d'un voyage de l'auteur sur l'île de Pentecôte, ou Raga en langue hano, avec des réflexions sur l'histoire coloniale du Vanuatu.
Le paysage, c’est un archipel d'îles, objet de conquêtes et aujourd'hui largement oubliées, un horizon, celui de la mer qui s’étend à perte de vue.
Pour l’auteur, c’est plutôt un mythe, un ensemble happé par l'imaginaire. Et c'est bien sûr  aussi l’histoire de peuples conquis qui ont soif de liberté.

Ballaciner (2007) c’est pour lui « tomber du ciel de nuage en nuage au milieu des éclairs ».
Le cinéma pour l’auteur, c’est le ciné japonais, le ciné italien d’Antonioni en particulier, de Bergmann. Plus près de nous, c’est surtout le ciné iranien et coréen qui l’intéressent.

"Son cinéma" réintègre le surnaturel dans le quotidien car l'illusion et les chimères y persistent, « le théâtre d'ombres s'illumine et l'enfance se prolonge.  » Il se souvient encore du projecteur à manivelle Pathé Baby dans le couloir de sa grand-mère, d'Harold Lloyd, des cinémas de quartier à Nice et du ciné-club Jean-Vigo.

 

            

Quinze causeries en Chine (2019) : ses conférences en Chine -
Le flot de la poésie continuera de couler, 2020 (épitaphe de Li Bai)) : la poésie Tang, l'apogée de la poésie chinoise, VIII ème siècle.

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