Référence : Louis Durot, J'ai raté le train d'Auschwitz, Éditions Slatkine, 240 pages, janvier 2024
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À la suite d'une dénonciation, Louis Durot, quatre ans, et sa famille sont pris dans une rafle le 23 décembre 1943 à Plascassier, hameau de la ville de Grasse. Selon Pierre Laval, ils étaient « immédiatement déportables. »
Mais le camion tombe en panne avant d'arriver à la gare. C'est la veille de Noël et les Allemands
ne veulent pas se priver de réveillon. Ils ont alors décidé de renvoyer
tout les prisonniers chez eux. Les parents, comprenant qu'ils n'étaient
pas quitte et qu'ils reviendraient bientôt les rechercher, décidèrent
de fuir et la famille se cacha dans quatre lieux différents.
Ils renvoient le petit Louis, son frère et ses parents chez eux en leur demandant de revenir le lendemain... ce que bien sûr ils éviteront de faire.
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Louis va passer les deux années suivantes caché chez une gardienne de chèvre, dans le Sud-est, recueilli par madame Guizol à Magagnosc, village rattaché aujourd'hui à la ville de Grasse.
Là-bas,
il vécu avec quatorze autres enfants, réfugiés comme lui et il était le
plus jeune. Le jour, ils restaient près des chèvres et la nuit, ils
partaient en quête de nourriture. Son occupation favorite était d'aller
jusqu'au bord de la rivière et de sculpter de petits motifs dans des
bouts de glaise.
Il deviendra un artiste reconnu, dans le style Pop Art, nous faisant découvrir son travail de création et les techniques qu'il utilise. Il connaîtra des artistes reconnus, de grands plasticiens comme Niki de Saint-Phalle, Arman, Christo, Jean Tinguely et César dont
il sera l'assistant. Lui-même travaille des matières comme la mousse de
polyuréthane, utilisant ses connaissances en chimie.
Quand
ses parents sont venus le récupérer deux ans plus tard, ils ne les a
pas reconnus et il gardera toute sa vie la curieuse impression d'avoir
été adopté. Il n'a d'ailleurs découvert qu'un peu plus tard, en 1951, qu'il était juif, alors qu'il étudiait chez les jésuites.
Une histoire qui se termine bien.
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Le village de Plascassier
Il
a connu une vie assez mouvementée qu'il raconte avec beaucoup de
retenue et d'humour. Comme étudiant, il a réussi à vivre grâce aux dons
qu'il possédait. Élève brillant, Louis
passe neuf fois son baccalauréat… payé par des parents pour passer
l’examen à la place de leur rejeton ! On le retrouve ensuite jouant les
gigolos à Montmartre puis s'engage auprès des communistes.
On peut avancer que Louis Durot avait
une soif de vivre, de donner une grande liberté, une légèreté à son
existence pour conjurer cette solitude de l'enfance qui l’avait tant
marqué.
Voir aussi sur la Seconde guerre mondiale
* Rosella Postorino La goûteuse d'Hitler --
* Éric Vuillard, L'ordre du jour -- Dorothy Thomson, J'ai vu Hitler --
* Stephen Bourque, Au-delà des plages -- De Wagner à Hitler --
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<< Christian Broussas • Durot, Le train © CJB ° 08/03/2024 >>
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