Références
: Henri Michaux, Un barbare en Asie, éditions Gallimard, collection
L'imaginaire, 1933, réédition 1967 revue et corrigée, 233 pages
Ce que nous en dit Henri Michaux :
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« Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d'être réels. »
Il parle plutôt de « voyage réel entre deux imaginaires. » Il poursuit sur ce registre, disant que « peut-être
au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se
seraient réalisés sans moi, ouvre "d'autres". Pays qu'un autre aurait
inventés. J'en avais la surprise, l'émotion, l'agacement. »
Mais il précise que cet ouvrage a posteriori ne lui convient plus car il
pense qu'il « manque beaucoup à ce voyage pour être réel.
» A cause du ton qu'il lui a donné, « tout ce que je voudrais en
contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus
approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m'est
renvoyé... comme ne lui convenant pas. Ici, barbare on fut, barbare on
doit rester. »
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Il écrira en 1967 une nouvelle préface dans laquelle il constate que l'Asie a changé à un point qu'il n'avait pas envisagé, confessant « sa naïveté, son ignorance, son illusion de démythifier. »
A partir de 1931, Michaux sillonne une bonne partie de l'Asie, l'Inde, la Chine, le Japon, la Malaisie, l'Indonésie, jusqu'au Népal et Ceylan, ajoutant quelques textes sur la nature.
Michaux
présente ici ses impressions sur les pays qu’il visite, ses habitants
ainsi que leurs cultures propres. Approche qu'il veut ouverte et sans
concessions, il choisit un ton humoristique pour montrer les écarts
culturels entre elles et celles de l'Europe occidentales, ce qu'elles
pourraient apporter de richesse aux Européens.
On peut dire que c'est un ouvrage empreint d'une grande poésie qui nous livre sa vision des cultures qu'il a rencontrées tout au long de son voyage. Il y développe
essentiellement ses pensées, celles d'un occidental qui a séjourné juste
quelque temps en Asie dans différents pays, analyse forcément limitée, vue de l'extérieur par un européen, pour qu'elle donne une juste description des populations d'Extrême-orient.

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Un ouvrage intéressant mais parfois limité par un certain parti pris de l'auteur, par exemple dans sa critique sans nuances du théâtre japonais. Il en est de même pour ses prédictions comme celle d'une révolution probable en Inde. Il n'est pas plus tendre avec les européens auxquels il reproche leur comportement, « Regardez-vous Européens, rien n'est paisible dans votre expression. Tout y est lutte, désir, avidité... »
Mais il sait aussi restituer la subtilité de la musique spécifique à
chacun de ces pays comme ces tonalités spécifiques qui résonnent dans la
religion indienne, il s'efforce en tout cas d'en restituer toute leur
singularité. C'est en parlant de condition humaine, de sensibilité qu'il
est le plus crédible dans son rapport personnel à l'autre et non plus en
tant que symbole d'un groupe ou d'une culture.
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<< Christian Broussas • Michaux Barbare © CJB ° 13/110/2024 >>
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