mercredi 13 novembre 2024

Henri Michaux Un barbare en Asie

 Références : Henri Michaux, Un barbare en Asie, éditions Gallimard, collection L'imaginaire, 1933, réédition 1967 revue et corrigée, 233 pages

Ce que nous en dit Henri Michaux :

  

« Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples, sur cette terre, me parurent mériter d'être réels. »
Il parle plutôt de « voyage réel entre deux imaginaires. » Il poursuit sur ce registre, disant que « peut-être au fond de moi les observais-je comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, ouvre "d'autres". Pays qu'un autre aurait inventés. J'en avais la surprise, l'émotion, l'agacement. »

Mais il précise que cet ouvrage a posteriori ne lui convient plus car il pense qu'il « manque beaucoup à ce voyage pour être réel. » A cause du ton qu'il lui a donné, « tout ce que je voudrais en contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m'est renvoyé... comme ne lui convenant pas. Ici, barbare on fut, barbare on doit rester. »

Il écrira en 1967 une nouvelle préface dans laquelle il constate que l'Asie a changé à un point qu'il n'avait pas envisagé, confessant « sa naïveté, son ignorance, son illusion de démythifier. »
A partir de 1931, Michaux sillonne une bonne partie de l'Asie,
l'Inde, la Chine, le Japon, la Malaisie, l'Indonésie, jusqu'au Népal et Ceylan, ajoutant quelques textes sur la nature.

Michaux présente ici ses impressions sur les pays qu’il visite, ses habitants ainsi que leurs cultures propres. Approche qu'il veut ouverte et sans concessions, il choisit un ton humoristique pour montrer les écarts culturels entre elles  et celles de l'Europe occidentales, ce qu'elles pourraient apporter de richesse aux Européens.

On peut dire que c'est un ouvrage empreint d'une grande poésie qui nous livre sa
vision des cultures qu'il a rencontrées tout au long de son voyage. Il y développe essentiellement ses pensées, celles d'un occidental qui a séjourné juste quelque temps en Asie dans différents pays, analyse forcément limitée, vue de l'extérieur par un européen, pour qu'elle donne une juste description des populations d'Extrême-orient.

 

Un ouvrage intéressant mais parfois limité par un certain parti pris de l'auteur, par exemple dans sa critique sans nuances du théâtre japonais. Il en est de même pour ses prédictions comme celle d'une révolution probable en Inde. Il n'est pas plus tendre avec les européens auxquels il reproche leur comportement, « Regardez-vous Européens, rien n'est paisible dans votre expression. Tout y est lutte, désir, avidité... »

Mais il sait aussi restituer la subtilité de la musique spécifique à chacun de ces pays comme ces tonalités spécifiques qui résonnent dans la religion indienne, il s'efforce en tout cas d'en restituer toute leur singularité. C'est en parlant de condition humaine, de sensibilité qu'il est le plus crédible dans son rapport personnel à l'autre et non plus en tant que symbole d'un groupe ou d'une culture.

------------------------------------------------------------------------
<< Christian Broussas • Michaux Barbare  © CJB  ° 13/110/2024  >>
------------------------------------------------------------------------

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire