lundi 7 juillet 2025

Adélaïde Blasquez, Gaston Lucas serrurier

 Référence : Adélaïde Blasquez, Gaston Lucas serrurier, éditions Plon, Chronique de l'anti-héros, 267 pages, 1976, réédition France-Loisirs

« Un être sans importance sociale, rien qu'un individu. » Céline [1]

Gaston Lucas né en 1907, fut un simple ouvrier serrurier, un anonyme que rien ne distinguait de ses congénères. Pour exister, certains se firent militants, syndicalistes ou politiques. 

Gaston n'est pas fait de ce bois là, lui a l'amour de son métier, un travail manuel qui l'a comblé, un métier qui a aussi son côté créatif.

Simplement, les circonstances ont fait qu'il a scellé une belle amitié avec une romancière Adélaïde Blasquez et qu'a germé l'idée de cet ouvrage dû à la voix de Gaston Lucas et à la plume d'Adélaïde Blasquez.
Il sera en quelque sorte le porte-parole de tous les ouvriers qui n'ont pour s'exprimer que leurs outils de travail, le révélateur de leur dignité.

Il nous fait partager ses idées et ses impressions comme dans cet extrait qui se situe après la guerre :
« Toujours, après une guerre, les choses se passent à peu près de la même manière : il faut dut temps pour redresser l'économie d'un pays, pour ramener la situation à la normale. Depuis 1914, les prix étaient montés en flèche, mais les salaires n'avaient pas bougé. Je peux bien comprendre ce qui se passait dans l'esprit des gens, à l'époque, parce que j'ai vécu la même expérience en 1945, à mon retour d'Allemagne. Petit à petit, les grévistes prenaient conscience que les ouvriers faisaient à eux seuls les frais de la crise, que c'est à force de les pressurer, de leur réclamer de plus en plus de sacrifices, que le gouvernement espérait sortir de ses difficultés. La grève qui, au début, s'était présentées comme un mouvement de solidarité prenait un autre sens. »
 

    

Peu à peu, il a pris conscience par ses discussions, par ses lectures, des enjeux, il commençait à comprendre, dit-il, qu'on nous « avait bourrée le crâne pour nous obliger à nous entre-tuer, mais qu'à la fin des fins, Russes, Allemands, Français, les ouvriers étaient tous du même bord, tous sur le même plan. »

La guerre lui a aussi permis de constater un autre phénomène : 
compte tenu des évolutions intervenues pendant son absence, il a dû se réadapter, « c'était dur parce qu'il y avait beaucoup de changements,  la façon de vivre et de s'habiller puis surtout la mentalité des gens n'était plus pareille. »

Outre l'aspect mémoriel de cet ouvrage, ce qui fait son intérêt est la complémentarité entre l'aspect événementiel lié son époque, écrit en respectant l'écriture brute de Gaston Lucas et une réflexion sur son expérience, mise en forme par 
Adélaïde Blasquez.
 

Notes et références
[1]
Célèbre phrase de Céline que Sartre plaça en exergue de La Nausée

Voir également
*
Mémoire d'un bas breton -- Fabrication d'un collabo -- Marie Brick -- Alfred K, zouave et communard -- Le chant des Canuts --Les ombrelles du quai Pierre-Scize -- 

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