Colette, une provinciale à Paris
De la rue Fontaine au Palais-Royal, Chéri et la place Colette
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Une des pionnières du féminisme fut Colette, à la fois journaliste, danseuse de pantomime et écrivain au style inimitable, des lieux parisiens ont gardé son empreinte.
Capitale de ses amours libres, théâtre de ses romans et de sa vie,
Paris révèle Colette en femme affranchie. Quand en 1889, certificat
d’études en poche, Colette fait son premier voyage pour la
capitale, la petite provinciale aux tresses infinies s’appelle
encore Sidonie Gabrielle. Elle n’a pas déjà fait du nom de son père, le capitaine Colette, son nom de femme de
lettres. À 20 ans, elle laisse derrière elle sa Puisaye natale pour épouser le corpulent Henry Gauthier-Villars, dit Willy,
et le suivre à Paris. Les tourtereaux
établissent leur nid au troisième étage du 28, rue Jacob (6e).
Colette en garde un souvenir vivace, plusieurs fois traduit dans ses
romans. « Sombre, attrayant comme sont certains lieux qui
ont étouffé trop d’âmes, je crois que ce petit logement était très triste. Je le trouvais pourtant agréable », écrit-elle dans Mes apprentissages (1936).
Ses débuts d’écrivain : la série des « Claudine »
Willy l’introduit dans les salons littéraires et musicaux de la
capitale. Et comme l’argent vient à manquer, il incite sa femme à
raconter ses souvenirs d’enfance.
Fureur et scandale : Colette écrit son premier roman Claudine, que
Willy signe de son nom. Le jeune ménage, point de mire du Tout-Paris, se
rapproche du quartier des théâtres, rue de Courcelles
(17e), adresse plus propice à la vie mondaine parisienne. Colette
poursuit la série des Claudine dans l’ombre de son mari : La Maison de
Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine
s’en va… Colette, une femme libre.
Ses débuts au music-hall
Colette aussi s’en va. En 1906, elle s’émancipe de Willy et
s’affranchit de la morale. La voilà jouant la pantomime au music-hall.
Ses tenues très dévêtues font fureur au théâtre Marigny, au
Moulin-Rouge, au Bataclan… Et sa liaison avec sa partenaire Mathilde
de Morny, dite Missy, fait scandale.
Colette sur son balcon à Paris
Journaliste, écrivain, engagée…indépendante !
Qu’importe, Paris offre à Colette toutes les libertés. Après la
scène, elle reprend la plume. La première œuvre à être signée du seul
nom de Colette, Le Blé en herbe paraît en 1923, confirmant le
succès de l’auteur de Chéri.
Sous le nom de Colette Willy, la romancière se fait
connaître par ses Dialogues de bêtes (1904) ou La Vagabonde (1910).
Elle est aussi journaliste pour Le Matin, La Vie
parisienne, Marie-Claire, ou encore Paris-Soir. Les billets de
Colette sont des petits bonheurs d’écriture. Elle raconte le courage des
mères pendant la Grande Guerre ou encore plaide pour que
les pigeons de Paris soient nourris pendant l’hiver…
« Chéri » adapté au cinéma
Roman de Colette publié en 1920, Chéri est adapté au cinéma en 2009 par Stephen Frears. Michelle Pfeiffer y tient le rôle principal de Léa de Lonval.
Le lieu du
tournage, Paris, évidemment ! Un parcours cinéma proposé par la
Mission Cinéma de la Ville de Paris vous fait découvrir les lieux ou
quartiers ayant servi de décors au film.
Une visite qui passe par l’hôtel particulier Mezzara (16e), au balcon duquel Léa
se remémore les temps heureux passés aux côtés de Chéri, mais aussi par
la place
Colette (1er), à côté du Palais-Royal cher à l’écrivain, ou encore
par l’église du Val-de-Grâce (5e), devenue dans le film « église Saint-Étienne-du-Mont », où Chéri
épouse Edmée.
« Le type du jardin pour grandes personnes, c'est le Palais-Royal. Ravagé par les jeux et le séjours des enfants, il comporte peu d'attraits pour ceux-ci. Point de sable ni de gravier, la terre battue la plus ingrate, un sol interdit à l'arrosage - seules les plates-bandes et les pelouses ont le droit d'être abreuvées, et le jardinier les soigne avec amour -, notre "cour" n'est lentement et séculairement imprégnée que des pluies, de l'urine canine et des déjections humaines, disons enfantines pour atténuer un peu." Colette - Le Fanal bleu
Immobilisée sur son « lit-radeau » par une arthrose de la hanche, Colette s’éteint doucement. En 1954, l’âme du Palais-Royal n’est plus… Sur le balcon de son ancienne chambre, un « C » gravé s’entrecroise avec un soleil. « Joyau tout en or » comme la considérait sa mère, Colette témoigne dans son autobiographie En pays connu (1949) que « quarante-cinq ans de Paris n’ont pas fait de moi autre chose qu’une provinciale en quête, sur vingt arrondissements et deux rives de fleuve, de sa province perdue… ». En pays connu.
"Le Fanal bleu" S. Gabrielle Colette
* Un musée Colette à Saint Sauveur en Puisaye: ww.saint-sauveur-en-puisaye.fr
*Voir aussi Albert Camus et Georges Brassens
<<<< Christian Broussas - Feyzin - 5 février 2013 - << © • cjb • © >>>>
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