mardi 12 février 2013

Colette à Paris

Colette, une provinciale à Paris
De la rue Fontaine au Palais-Royal, Chéri et la place Colette
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Une des pionnières du féminisme fut Colette, à la fois journaliste, danseuse de pantomime et écrivain au style inimitable, des lieux parisiens ont gardé son empreinte.

Capitale de ses amours libres, théâtre de ses romans et de sa vie, Paris révèle Colette en femme affranchie. Quand en 1889, certificat d’études en poche, Colette fait son premier voyage pour la capitale, la petite provinciale aux tresses infinies s’appelle encore Sidonie Gabrielle. Elle n’a pas déjà fait du nom de son père, le capitaine Colette, son nom de femme de lettres. À 20 ans, elle laisse derrière elle sa Puisaye natale pour épouser le corpulent Henry Gauthier-Villars, dit Willy, et le suivre à Paris. Les tourtereaux établissent leur nid au troisième étage du 28, rue Jacob (6e). Colette en garde un souvenir vivace, plusieurs fois traduit dans ses romans. « Sombre, attrayant comme sont certains lieux qui ont étouffé trop d’âmes, je crois que ce petit logement était très triste. Je le trouvais pourtant agréable », écrit-elle dans Mes apprentissages (1936).
 
Ses débuts d’écrivain : la série des « Claudine »
Willy l’introduit dans les salons littéraires et musicaux de la capitale. Et comme l’argent vient à manquer, il incite sa femme à raconter ses souvenirs d’enfance.

Fureur et scandale : Colette écrit son premier roman Claudine, que Willy signe de son nom. Le jeune ménage, point de mire du Tout-Paris, se rapproche du quartier des théâtres, rue de Courcelles (17e), adresse plus propice à la vie mondaine parisienne. Colette poursuit la série des Claudine dans l’ombre de son mari : La Maison de Claudine, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s’en va… Colette, une femme libre.
 
 Ses débuts au music-hall
Colette aussi s’en va. En 1906, elle s’émancipe de Willy et s’affranchit de la morale. La voilà jouant la pantomime au music-hall. Ses tenues très dévêtues font fureur au théâtre Marigny, au Moulin-Rouge, au Bataclan… Et sa liaison avec sa partenaire Mathilde de Morny, dite Missy, fait scandale. 

  Colette sur son balcon à Paris

Journaliste, écrivain, engagée…indépendante !
Qu’importe, Paris offre à Colette toutes les libertés. Après la scène, elle reprend la plume. La première œuvre à être signée du seul nom de Colette, Le Blé en herbe paraît en 1923, confirmant le succès de l’auteur de Chéri.
Sous le nom de Colette Willy, la romancière se fait connaître par ses Dialogues de bêtes (1904) ou La Vagabonde (1910). Elle est aussi journaliste pour Le Matin, La Vie parisienne, Marie-Claire, ou encore Paris-Soir. Les billets de Colette sont des petits bonheurs d’écriture. Elle raconte le courage des mères pendant la Grande Guerre ou encore plaide pour que les pigeons de Paris soient nourris pendant l’hiver…

« Chéri » adapté au cinéma
Roman de Colette publié en 1920, Chéri est adapté au cinéma en 2009 par Stephen Frears. Michelle Pfeiffer y tient le rôle principal de Léa de Lonval. Le lieu du tournage, Paris, évidemment ! Un parcours cinéma proposé par la Mission Cinéma de la Ville de Paris vous fait découvrir les lieux ou quartiers ayant servi de décors au film.
Une visite qui passe par l’hôtel particulier Mezzara (16e), au balcon duquel Léa se remémore les temps heureux passés aux côtés de Chéri, mais aussi par la place Colette (1er), à côté du Palais-Royal cher à l’écrivain, ou encore par l’église du Val-de-Grâce (5e), devenue dans le film « église Saint-Étienne-du-Mont », où Chéri épouse Edmée.

La dame du Palais Royal
Après deux mariages, la naissance de sa fille dite « Bel Gazou » et quinze déménagements parisiens, Colette devient la « dame du Palais-Royal », au 9, rue de Beaujolais (1er). Elle occupe d’abord l’entresol puis l’« étage noble », au premier. Ses fenêtres donnent sur les jardins du Palais-Royal.

« Le type du jardin pour grandes personnes, c'est le Palais-Royal. Ravagé par les jeux et le séjours des enfants, il comporte peu d'attraits pour ceux-ci. Point de sable ni de gravier, la terre battue la plus ingrate, un sol interdit à l'arrosage - seules les plates-bandes et les pelouses ont le droit d'être abreuvées, et le jardinier les soigne avec amour -, notre "cour" n'est lentement et séculairement imprégnée que des pluies, de l'urine canine et des déjections humaines, disons enfantines pour atténuer un peu." Colette - Le Fanal bleu
 
Dans son écriture riche en couleurs où elle brouille régulièrement les frontières de sa vie et la fiction, Colette dépeint son « palais » dans Le Fanal bleu (1949). Avec Cocteau, en voisins, ils fréquentent les restaurants du quartier, Le Grand Véfour, comme la très chic galerie Vivienne (2e). Au no 45, la librairie Petit Siroux, aujourd’hui Jousseaume, est le repaire de l’écrivain devenue première femme lauréate et présidente de l’académie Goncourt.
 
      Le Palais Royal, son appartement au 1er étage
  
L’arthrose, le « lit-radeau  

Immobilisée sur son « lit-radeau » par une arthrose de la hanche, Colette s’éteint doucement. En 1954, l’âme du Palais-Royal n’est plus… Sur le balcon de son ancienne chambre, un « C » gravé s’entrecroise avec un soleil. « Joyau tout en or » comme la considérait sa mère, Colette témoigne dans son autobiographie En pays connu (1949) que « quarante-cinq ans de Paris n’ont pas fait de moi autre chose qu’une provinciale en quête, sur vingt arrondissements et deux rives de fleuve, de sa province perdue… ». En pays connu.

« Au lieu d'aborder des îles, je vogue donc vers ce large où ne parvient que le bruit solitaire du cœur, pareil à celui du ressac. Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne, rassurons-nous. Le large, mais non le désert. »
"Le Fanal bleu" S. Gabrielle Colette  

 
* Un musée Colette à Saint Sauveur en Puisaye: ww.saint-sauveur-en-puisaye.fr  

*Voir aussi Albert Camus et Georges Brassens 

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