dimanche 9 février 2014

Patrick Rambaud, Chroniques

Patrick Rambaud, surtout connu pour avoir écrit La Bataille qui lui valut le prix Goncourt, a aussi écrit une chronique pamphlétaire sur la présidence de Nicolas Sarkozy.

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Patrick Rambaud en 2010

Six tomes constituent actuellement cette série :
- Chronique du règne de Nicolas Ier : Chronique des six premiers mois de présidence de Sarkozy sous forme de pastiche de Saint-Simon, Paris, Grasset, 2008
- Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2009
- Troisième chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2010
- Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2011
- Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2012
- Sixième chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2013, "Tombeau de Nicolas 1er et avènement de François IV", voir L'Express-Lire

Déjà auteur du pamphlet Crise au Sarkozistan préfacé par Daniel Schneidermann, Patrick Rambaud récidive avec cette série.

A partir du style de Saint-Simon et d'un vocabulaire emprunté à l'Ancien Régime, il relate sous orme de pastiche ironique les six premiers mois de la présidence de Nicolas Sarkozy et y trace le portrait du président, de certains de ses ministres et de ses conseillers, figures marquantes du gouvernement et de ses proches.

        

Nicolas Sarkozy y est rarement nommé mais apparaît son forme de nombreuses expressions telles que « Notre bien-aimé monarque », « Son efficace Majesté », « Notre bouillant leader », « Notre stupéfiant souverain », « Notre prince » ou « Notre maître ».

Dans le tome II, Rambaud s'adresse au "sire-président" en lui donnant par exemple du "Votre Compulsive Grandeur", faisant référence à son goût du pouvoir où il va gouverner à la place du gouvernement et considérer les ministres comme quantité négligeable, affligé d"une maladie d'agir, une espèce d'activisme politique qui lui a joué bien de mauvais tours.

Il présente ainsi ce volume : "C'est parce que nous sommes nombreux à souffrir de votre règne, Sire, que j'ai entrepris de le raconter afin qu'en demeure les péripéties..." Nicolas Ier, savamment pris en mains par son habile nouvelle première dame, s'était assagi et est devenu plus tempérant. Mais n'est-ce pas qu'une apparence ?

Dans le tome III, L'automne semble se présenter sous de bons auspices mais voilà que tout bascule avec l'irruption de la bourse dans le paysage économique français et son effondrement. Adieu belles ambitions libérales et fiscales rattrapé&es par la crise qui suit sans crier gare. Il faut absolument montrer du doigt les responsables : ces 'traders' irresponsables, ces banquiers irresponsables qui plombent les politiques, à la "Vicomtesse de La Garde", au "Baron de Trichet". Nicolas Ier eut de nouveau recours à la parole pour conjurer le sort, de petits mensonges en fausses vérités, écumant la planète de Washington ou de Berlin au parc de Versailles, évitant avec attention tous ces lieux de plus en plus nombreux peuplés de RMistes et de chômeurs. « Après avoir couru la planète, le Prince dut se résoudre à courir son propre pays pour le réconforter... »

Dans le tome IV qui va de l’été 2009 à l’été 2010, la cote de Sa Majesté n'en finit pas de dégringoler. Les événements se succèdent à un rythme effréné au point que personne ne peut plus suivre.On passe allègrement de la bataille sans merci avec le Duc de Villepin aux déboires du Prince Jean, trop pressé de prendre le pouvoir, des mensonges aux rumeurs pour arrivée à une superbe culottée électorale, sur fond d'affaire Woerth-Bettencourt.

Dans le tome V, on retrouve la plupart des personnages précédents pris dans des événements tragi-comiques : de l’affaire Woerth-Bettencourt à DSK, des primaires du PS aux portraits savoureux de son style fleuri. Il vante l’élégance de Fillon duc de Sablé, cultivant les couleurs sombres, le jovial M d’Hollande baron de la Corrèze qui ne voulait pas devenir un sauveur mais un« normal rassembleur, ce à quoi il postulait très simplement. » Quant au prince Sarkozy qui nous gouverne, il réalisa « M. de La Bruyère… jusqu’à réussir à se tromper soi-même sur sa culture dont il était fort peu pourvu. Notre Prince immaculé, de plus en plus bas dans sa popularité, voulut prendre de l’élévation […] comme cette visite éclair au Vatican… puisqu’il y avait urgence à recoudre le vertu déchirée du Prince.


       

Bibliographie
  • "La Bataille", Grasset, 1997 - Prix Goncourt 1997 et Grand prix du roman de l'Académie française, la bataille de Wagram en 1809, vue à la loupe
  • "Le Chat botté", roman sur l'ascension de Napoléon Ier, Grasset, 2006
<<<<<< Christian Broussas – Feyzin, 25 janvier 2012 - <<<<< © • cjb • © >>>>>>

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