mardi 4 février 2014

Stefan Zweig Biographies

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1- Biographie de Stefan Zweig par Dominique Bona2- Biographie par Stefan Zweig : Romain Rolland, sa vie, son œuvre
3- Biographie par Stefan Zweig : Joseph Fouché
4- Stefan Zweig au brésil par Laurent Seksik ("Les derniers jours de Stefan Zweig")

       Stefan Zweig & sa femme Lotte

1- Biographie de Stefan Zweig par Dominique Bona

Stefan Zweig est un récit biographique écrit par la romancière Dominique Bona, de l'écrivain Stefan Zweig.
Cette biographie de Dominique Bona est une réédition enrichie d'une préface, de son récit paru en 1996 et désormais pratiquement introuvable. " Il y a, écrit-elle, un charme ensorceleur 'zweguien'. Ses histoires pourraient se dérouler aujourd'hui. On y retrouve les thèmes éternels de l'amour et de la blessure ". Elle a étudié des documents originaux, des journaux et des lettres, elle est partie sur ses traces à Vienne et au brésil. Elle a également fait un véritable travail historique sur le milieu intellectuel viennois où l'écrivain a évolué.
 
Stefan Zweig a traversé la moitié de son siècle dans ses pire périodes et jamais il n'accepta la désagrégation du monde qu'il avait connu. L' histoire le rattrape à l'occasion de la première guerre mondiale quand il doit porter l'uniforme et choisir un camp. Lui l'homme de paix se voit contraint par la guerre et la disparition à jamais de l'Autriche-Hongrie. Il recherchera ensuite désespérément l'amour, connaîtra beaucoup d'aventures qu'il nomme 'ses épisodes', et fera un premier mariage curieux avec Frederike avec qui il se mariera par procuration et qui lui écrira : "Avez-vous passé une bonne nuit de noce" ? Lotte sa seconde épouse lui vouera un amour désespéré et l'accompagnera dans la mort en février 1942 où il s'était réfugié pour fuir le nazisme.
 
Référence : "Stefan Zweig", Dominique Bona, Paris, Éditions Grasset, 460 pages, 2010
 

2- Une biographie de Stefan Zweig : Romain Rolland : sa vie, son œuvre

Romain Rolland : sa vie, son œuvre (en allemand Romain Rolland: der Mann und das Werk) est une biographie de Romain Rolland écrite par Stefan Zweig en 1921, avec un additif sur la période allant de 1921 à 1929. C'est un vibrant hommage rendu par Zweig à son ami et maître Romain Rolland, qu'il présente comme étant « des plus grands écrivains de la France actuelle ». La différence entre les dates de publication provient du décalage entre la version originale (Romain Rolland: der Mann und das Werk) publiée en 1921 par Rütten & Loening de Francfort-sur-le-Main et la traduction française publiée en 1929. De même, la version publiée par les Éditions Belfond en 2000 est la traduction de celle publiée en 1976 à Zurich.
 
Cet essai biographique, publiée du vivant de Romain Rolland, ne couvre donc pas toute sa vie et son œuvre puisqu'il est mort en 1944 et que son 'roman-fleuve' L'âme enchantée n'était qu'à peine ébauchée au moment où paraît ce livre. Son intérêt tient surtout dans la présentation et l'analyse qu'en propose Stefan Zweig, grand admirateur et traducteur de Romain Rolland.
 
Ce qui intéresse Stefan Zweig dans cette biographie, c'est de montrer l'influence intellectuelle qu'a jouée Romain Rolland pendant une grande partie de sa vie, depuis la parution de son œuvre maîtresse -en tout cas la plus connue- Jean-Christophe jusqu'à la fin des années trente. Mais elle éclaire aussi la figure de l'auteur dans ce qui les a réunis tous les deux : un pacifisme à toute épreuve qui a demandé à Romain Rolland en particulier un grand courage et une certaine idée de la culture européenne à une époque de nationalisme forcené.
 
Référence : "Romain Rolland : sa vie, son œuvre", Stephan Zweig, 1929 (première édition)
 

3- Une biographie de Stefan Zweig :  Joseph Fouché

Cette biographie de Joseph Fouché, écrite par l'écrivain autrichien Stefan Zweig à la fin des années 1920, fait référence à l'ouvrage de base de Louis Madelin particulièrement bien documenté, qu'il qualifie de monumental.
 
Joseph Fouché, dit Fouché de Nantes, duc d'Otrante, comte Fouché, homme politique français né le 21 mai 1759 au Pellerin près de Nantes et mort le 26 décembre 1820 à Trieste, a toujours fasciné historiens et écrivains par sa longévité dans une période particulièrement troublée de l'histoire de France et de l'Europe où bien peu d'hommes ont survécu aux purges qui se sont succédé. Stefan Sweig ne faillit pas à la règle et est tour à tour émerveillé par l'attitude de marbre que gardera le plus souvent Fouché devant ses déboires et les avanies que lui a fait subir Napoléon Ier et épouvanté par la rouerie dont il fait souvent preuve, en bon élève de Machiavel.
 
Stefan Zweig présente Joseph Fouché comme un homme politique dont les multiples talents n'ont jamais été reconnus, ni par ses contemporains, ni par la postérité. Il a connu de nombreux qualificatifs assez infamants allant de traitre, misérable intrigant, reptile, âme de basse police, jusqu'à mitrailleur de Lyon [1]. Seul Honoré de Balzac|Balzac nous dit-il, « a vu de la grandeur dans cette figure originale » et dans son roman Une ténébreuse affaire, il consacre à cet « esprit sombre, profond, extraordinaire » une page entière, le décrivant comme « un singulier génie qui frappa Napoléon d'une sorte de terreur » dont le caractère « se forma dans les tempêtes. »
 
Il n'est pas donné à tout un chacun d'être régicide, pilleur d'églises à Nantes et à Lyon, de publier le premier manifeste communiste en 1793 puis de se lier avec Gracchus Babœuf[2] pour ensuite devenir duc d'Otrante et servir Louis XVIII et la Restauration. Aussi Stefan Zweig précise-t-il que la personnalité de Fouché « ne répond pas aux désirs évidents de notre époque... qui aime des vies héroïques » ce que son époque ne lui offre pas.
Parmi les biographies parues sur Joseph Fouché, outre celle de Louis Madelin, trois paraissent particulièrement intéressantes :
  • Stefan Zweig, l'écrivain autrichien qui aborde sa biographie d'abord avec un regard d'écrivain;
  • Deux biographies beaucoup plus récentes que les ouvrages de Louis Madelin et de Stefan Zweig, qui ont le mérite d'être écrites par de grands historiens français contemporains, André Castelot et Jean Tulard, qui apportent à leurs travaux des documents inédits comme les Mémoires de Fouché, délaissées car considérées longtemps comme apocryphes et provenant d'archives comme celles de la maison Charavay ou celles de la librairie Henri Saffroy.
Référence : "Joseph Fouché", Stephan Zweig, 1929 (première édition), traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac, rééditions Le Livre de poche historique n°525-526 en 1973 et Grasset 'Les cahiers rouges' en 2003 2-246-16814-7
 
4- Stefan Zweig au Brésil
« Nous avons décidé de ne pas nous quitter. » (Stefan Zweig)
  • Rio de Janeiro , lundi 16 février 1942
Stefan Zweig et sa femme Lotte marchent dans les rues de Rio, portés par les tourbillons du Carnaval, par la vie débordante de cette foule chatoyante. Pour quelque temps d'abandon et d'oubli, ils ont quitté leur domicile de Pétrópolis, ville de la banlieue de Rio où ils habitent depuis leur départ d'Europe, après un crochet par les États-Unis. Quel contraste entre l'ambiance, les débordements de vie, de couleurs, de musique, de joie, la frénésie des "cariocos", la folle volupté des danseuses, et ces images de marche funèbre qui leur parviennent encore d'Allemagne ou de Vienne, « où un peuple muet défilait sous la neige. » Tant de beauté et d'insouciance ici, et là-bas...
 
Ici, pas de chars de guerre à tourelle mais de rutilants chars fleuris « surmontés de sculptures, de monstres et de danseuses à-demi nues. » Suivant le flux de la foule, ils ont parcouru l'Avenida Central jusqu'à la Plaça Onze [3] intégrée aux quartiers noirs, près de Morro da Favela et des faubourgs de la Zona Norte.


Le lendemain, en pleine journée de fête du Mardi Gras, ils décident de regagner leur domicile, leur petite maison 34 rua Gonçalves Dias. Dans le car qui les ramène chez eux à Petrópolis, Stefan Zweig se sent désespéré : nazis et japonais sont partout vainqueurs, en passe de gagner la guerre; un monde de barbarie va bientôt s'ouvrir.
  • Petrópolis , dimanche 22 février 1942
Stefan Zweig a mis ses affaires en ordre, écrit à tous les êtres qui lui sont chers, une longue lettre mûrement réfléchie à son cher Jules Romain qui va recevoir la nouvelle comme un coup au cœur. Sa femme Lotte est partie faire un tour, une dernière fois. Elle a descendu l'Avenida Koeler et poussé jusqu'au Palais de Cristal en face de la rivière Piabanha. Pour revoir tout ça une dernière fois.
 
Car c'est décidé, ce sera pour aujourd'hui. Il a préparé deux fioles où baignent de petits cristaux blancs aux effets létaux. « L'inconsolable témoin du monde d'hier » n'a pas voulu connaître le destin de la barbarie nazie et de sa chère ville de Vienne. Lui qui écrivait avec des accents nostalgiques, se remémorant l'époque de sa vie à Vienne : «  Ce temps-là ne reviendra plus. Jamais plus les flâneries sur le pont Élisabeth, les marches sur la Grande Allée du Prater, l'éclat des dorures du Palais Schönbrunn, ni le long déploiement du soleil rougeoyant sur les rives du Danube. »




 
Informations complémentaires

Voir aussi :
- Correspondance Romain Rolland - Stefan Zweig, Rencontre, 1911
-Biographie
-L'homme et son oeuvre
 
- Stefan Zweig, Journaux, 1912-1940, éditions Belfond, 1986, Correspondances, 3 tomes, 1897-1919, 1920-1931 et 1932-1942, éditions Grasset 2008, Le monde d'hier, éditions Belfond, 1999
- Laurent Seksik, Les derniers jours de Stefan Zweig, éditions Flammarion, 2010
 
Voir également les analyses que j'ai consacrées aux biographies de Castelot et de Tulard  :
- Biographie de Jean Tulard, Joseph Fouché
- Biographie d'André Castelot, Fouché, le double jeu
 
Notes et références
  1. ↑ Voir Baron Raverat, Lyon sous la révolution, 1883, réédité sous le titre Le sang de la guillotine, dans Lyon, vingt siècles de chroniques surprenantes, Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff, Éditions Balland, 1982
  2. ↑ Voir Jean Bruhat, Gracchus Babeuf et les Égaux ou 'le premier parti communiste agissant', Librairie académique Perrin, 1978
  3. ↑ Devenue depuis l'avenue Presidente Vargas
Principales biographies de Stefan Zweig : 
Émile Verhaeren: sa vie, son œuvre 1910 Tolstoï 1928 Marie-Antoinette 1933 Marie Stuart 1935 Romain Rolland : sa vie, son œuvre

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