mercredi 6 août 2014

Érik Orsenna Mali, ô Mali

    

Sacrée Marguerite Bâ, héroïne d’un précédent roman d’Érik Orsenna, toujours sur la sellette. Le Mali, son pays natal, se délite dans une guerre civile dont savent profiter les djihadistes qui imposent leur dictature sanguinaire sur le nord de son pays.

Qu’à cela ne tienne, celle qui se prend pour une Grande Royale et la Jeanne d’Arc malienne, quitte Villiers-le-Bel dans la région parisienne et accourt pour sauver son pays, armée d’un phénoménal culot et d’une oreille à toute épreuve capable de détecter le moindre frémissement à des kilomètres. Elle emmène avec elle son petit-fils Michel rebaptisé Ismaël, ex footballeur-dealer reconverti pour l’occasion secrétaire-griot qui va nous conter par le menu les heurts et malheurs de son indicible aïeule lancée dans ces nouvelles aventures à la mesure de son personnage.

Pour madame Bâ, « le Mali, c’est d’abord le combat d’un grand fleuve très lent contre l’immensité du sable. » Et selon ses prédictions, le sable sort toujours vainqueur de ce combat.
Par le fleuve Niger qui irrigue une partie importante du pays, ils remontent lentement vers le Nord, faisant halte à Mopti, espèce de poumon commercial du pays puis Tombouctou, la ville mythique du Sahel avec ses hautes constructions d’argile, le centre Ahmed-Baba, ses monuments si typiques, les mosquées Djingareyber et Sankoré, mais aussi ses précieux manuscrits, véritable mémoire socio-historique du Mali, que quelques amoureux tentent de sauver de la folie destructrice des djihadistes.

          
        La guerre au nord Mali - Kidal juillet 2013

On y rencontre ce mélange de peuples qui font la diversité du MaliPeuls, Songaïs, Toucouleurs… et ces fameux Touaregs qui agitent tout le Nord rebelle aux mains des religieux fanatiques. On y rencontre aussi les routes de la drogue qui génèrent moult revenus et alimentent ainsi la guerre.
Démasquée et jetée en prison, madame Bâ sera sauvée par l’intervention de l’armée française chargée de "nettoyer"  le Nord de ses djihadistes et sera même reçue par le président François Hollande venu en hâte savourer les fruits de la victoire. Il salua son courageux combat pour l’éducation des femmes maliennes et leur droit à la contraception dans un pays voué à l’inflation démographique.

    
                                                  Tombouctou

 Après la guerre, tout a recommencé comme avant. Les trafiquants, sous couvert de nationalistes et autres Touaregs, ont recommencé à gangrener la région avec leurs transports de drogue, leurs liens avec certains et le reliquat des bandes djihadistes.

Mali, ô Mali, se lamente madame Bâ, qu’est-ce que ton armée d’opérette paralysée par l’inflation de généraux incompétents et de leurs femmes futiles et dépensières, face à la hargne des fanatiques. Mali, ô Mali conclut Érik Orsenna, « comment ne pas comprendre que ta fragilité est la nôtre ? »

Bibliographie contextuelle
* L’exposition coloniale, éditions du Seuil, collection Points, prix Goncourt, 1988
* Besoin d’Afrique, avec Éric Fottorino et Christophe Guillemin, éditions Fayard, 1992
* Grand amour, mémoire d’un nègre, éditions du Seuil, collection Points, 1993
* Madame Bâ, éditions Fayard/Stock, 2003

Voir aussi mes fiches sur Éric Orsenna
* Erik Orsenna et son oeuvre : article de synthèse comprenant L'exposition coloniale, L'entreprise des Indes, Voyage au pays du coton et Sur la route du papier
* Madame Bâ --  Mali ô Mali --
* L'avenir de l'eau , Princesse Histamine, La fabrique des mots
* Sur la route du papier --
* Les chevaliers du subjonctif --

<<< Christian Broussas – Mali - Courmangoux, - 6 août 2014 <><> © • cjb • © >>>

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