mardi 4 novembre 2014

Pierre Boulez et Paul Klee

   
Paul Klee et Pierre Boulez

La découverte de Paul Klee fut pour Pierre Boulez une révélation qu’il traduit ainsi : « La première fois que j’ai vu un tableau de Klee, j’ai été absolument saisi par la force de son invention. » Souvent, des petits tableaux par leur dimension mais d’une force poétique évidente ; tout un univers.

Il s’intéresse plus particulièrement aux leçons que donnait Paul Klee qu’il donnait au Bauhaus, comme le rapport d’un cercle et d’une droite peut déboucher sur une forme nouvelle. Dans son tableau L’ordre du contre-ut, figures géométriques et couleurs se fondent et finissent par la rigueur même de la composition, à générer une tête qui se dégage des teintes claires et occulte la structure initiale. [1]

  Paul Klee dans son atelier

Dans son analyse de la peinture de Paul Klee, Pierre Boulez établit des liens entre structure et composition musicales. Il distingue un « parallélisme stupéfiant » entre des artistes comme Webern et Mondrian ou entre Kandinsky et Schönberg. Le rapprochement s’exerce par la musique, ce qui a poussé Paul Klee vers l’art abstrait, celui de Mondrian ou de Kandinsky, c’est la musique de Stravinsky, Bartok et de L’Ecole de Vienne, tout ce courant artistique de l’Europe centrale qui n’a guerre touché la France.

Paul Klee travaille en superpositions de couches, en couleurs qui se renvoient ou qui s’attirent, et rappellent les effets polyphoniques de Bach ou de Mozart. Klee a aidé Boulez à avancer dans sa réflexion, par exemple quand il différencie le divisible et l’indivisible que Boulez décline en temps lisse où il n’a aucune prise et le temps strié qu’il peut moduler à sa convenance.

Il a écrit en 1952 une pièce musicale intitulée Structure 1a inspirée du tableau de Klee Monument à la limite du pays fertile, organisé en barres parallèles avec parfois une rupture qui réintroduit le chaos dans l’équilibre structural. Ainsi, les relations entre peinture et musique sont d’abord de nature structurale, avec cette différence que la perception d’un tableau est toujours globale puis s’oriente vers le fond ou les détails. Il se reconnaît pleinement dans cette citation de Paul Klee disant « ma main est toute entière l’instrument d’une volonté lointaine. »

         
"Jadis surgit du gris de la nuit" (1918)         St Germain, aquarelle

Notes et références
[1] L’ordre en contre-ut, aquarelle, plume et encre sur papier 32*23, 1921, collection Penrose, Londres

Voir aussi
* Ma fiche Pierre Boulez et René Char
* Pierre Boulez, « Le pays fertile, Paul Klee », éditions Gallimard, 175 pages, 1989

      <<<<< Christian Broussas - Feyzin - 27 juin 2013 - © • cjb • © >>>>>

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire