Cluny en saône-et-loire, "la lumière de l'Occident"
À 24 km de Mâcon, l’abbaye de Cluny déploie ses imposants vestiges du centre spirituel qu'elle a été, siège du plus grand ordre monastique médiéval d’Occident où l'on peut déambuler sous ses hautes voûtes romanes et voir quelques chefs-d’œuvre de la sculpture de l'art roman.
L'église abbatiale : son cloître et son clocher
1- Une fondation militaire
En 910, Guillaume le Pieux duc d’Aquitaine, fonda une abbaye placée sous le protection de Saints Pierre et Paul et dépendant directement du pape. Elle connut un rapide développement jusqu’au XIIe siècle avec des abbés dont les principaux, Odilon et Hugues de Semur, ont été par la suite canonisés. Cluny fut la maison mère d’un millier de monastères, devenant le centre du plus grand ordre monastique d’Occident : l’ordre clunisien.
Au XVIe siècle, les guerres de Religion accélèrent le déclin de l’abbaye. Le cardinal de Richelieu, nommé abbé de Cluny, réforme l’abbaye revenant à une plus grande rigueur dans la vie monastique. Il faut ensuite attendre le XVIIIe siècle pour qu’un programme de reconstruction rende tout son lustre à l’abbaye.
Pendant la Révolution française, la dissolution des ordres monarchiques entraîne la dispersion des moines en 1791. Puis en 1798, la vente des bâtiments comme biens nationaux marque le début du démantèlement de l’église. Il faut attendre l’année 1821 pour que débute la sauvegarde des ruines de l’abbaye, classée monument historique en 1862.
Chapiteau, bras sud du grand transept Fenêtre gothique du palais Gélase
2- Description générale
L’ensemble comportait avant son démantèlement, plusieurs églises au cours des deux premiers siècles d’existence de l’abbaye. Cluny I est l’église abbatiale dédicacée en 927, Cluny II celle édifiée à partir de 981 et Cluny III bâtie entre 1088 et 1130 qu’on appelait Maior Ecclesia [1] dont les vestiges sont parvenus jusqu’à nous.
Le palais dit du pape Gélase remanié à deux reprises, conserve son dernier étage des années 1300-1330 portant de superbes sculptures. Le pape Gélase II chassé de Rome, se réfugie à Cluny où il décède en 1119. Une animation filmée en images virtuelles, permet de s’y promener tout à son aise.
Le petit cloître présente des vestiges sculptés illustrant chacune des grandes époques de l’histoire de Cluny, ce qui atteste de la permanence de l’activité artistique entre le Xe et le XVIIe siècle.
Le passage Galilée [2] à l’époque du Moyen-Age, reliait le cloître à l’abbatiale Cluny III. L’endroit doit son nom à l’église datant de Cluny II, son avant-nef étant appelée « Galilée ».
La cour de la congrégation longe le mur gouttereau [3] de Cluny III. Le clocher octogonal dit de « l’Eau bénite, » le seul des quatre clochers de l’abbaye, chapeaute le bras sud du grand transept avec son décor de bandes lombardes au dernier niveau.
Cul de lampe sculpté de la chapelle Jean de Bourbon
(vestige du petit transept de l'église abbatiale Saints Pierre et Paul)
3- L’abbatiale Cluny III
Le grand transept [4] donne une idée de la hauteur sous voûte de Cluny III dont la nef culminait à trente mètres. Cette voûte présente la particularité d’être en berceau brisé, [5] une coupole portant le clocher.
La nef est marquée par une borne de réalité avec un écran mobile qui donne une vue synoptique de l’ensemble. Son élévation comprend trois niveaux : les grandes arcades surmontées d’un triforium [6] et de grandes fenêtres qui ouvraient au-dessus du « double collatéral » [7] pour que la lumière de l’extérieur puisse au mieux y pénétrer.
Le petit transept [4] équipant Cluny III, prouesse architecturale à l’époque.
Les chapelles du petit transept et du chœur sont bien restituées par un écran-miroir. Elles servaient à la vénération des reliques et à célébrer des messes par des moines ordonnés prêtres. Beaucoup de laïcs faisaient à l’époque des dons en terres et l’abbaye et cherchaient à obtenir une sépulture dans l’église.
La chapelle Jean de Bourbon, du nom de l’abbé qui la fit édifier, est de style gothique flamboyant, caractéristique de l’architecture du XVe siècle. Elle était composée de statues d’apôtres reposant sur des consoles sculptées. La chapelle funéraire comprend un oratoire [8] doté d’une belle une cheminée.
Le cloître du XVIIIe est implanté sur l’emplacement d’un cloître roman et de l’église Cluny II. Son austérité illustre bien la réforme opérée par Richelieu lors de sa nomination comme abbé de Cluny.
Clé de voûte de la travée avant le portail : L'Agneau pascal (1140-1160) entouré de l'inscription "Hic parvus sculptor agnus in celo magnus" (ici, je suis sculpté comme un petit agneau, au ciel, je suis grand)
La galerie à arcatures longeant le cloître
4- Les bâtiments côté jardin
Les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle s’ordonnent en forme de U autour du jardin, agrémentés d’éléments décoratifs comme des garde-corps en fer forgé des balcons et les motifs rocaille des linteaux des baies.
Les bâtiments côté jardin : vue générale
Le bâtiment du XIIIe siècle servait à la conservation des aliments avec un cellier voûté, un farinier à l’étage et une belle charpente d’origine. Les huit chapiteaux du chœur de Cluny III reprennent la liturgie qui unit l’homme à Dieu à travers la musique du plain-chant, [9] traduisant l’harmonie entre la musique et l’univers, les quatre saisons et les quatre vents.
Les bâtiments côté jardin : zoom sur le clocher
5- Le farinier et son musée
Ce bâtiment, situé côté jardin un peu à l'écart, est très caractéristique avec, à l'extérieur un superbe escalier qui grimpe de part et d'autre du grand balcon qui permet d'accéder à la grande salle transformée en musée et à l'intérieur la salle-musée dotée d'une magnifique charpente cintrée.
Vue externe : la façade et le grand escalier du farinier
Le musée présente différentes pièces sculpturales ainsi que plusieurs maquettes reconstituant l'abbaye au temps de sa splendeur.
L'intérieur avec son grand vaisseau et ses expositions
6- L’enceinte et le bourg
L’enceinte fortifiée de l’abbaye comportait des tours de défense, la tour du Moulin ou la tour du Fromage avec une partie basse du XIe siècle.
Le bourg monastique s’est développé grâce au rayonnement de l’abbaye qui attirait toute une population laïque. Les façades des maisons romanes possèdent de grandes arcades surmontées à l’étage d’une claire-voie. [10]
Le sacrifice d'Isaac, début XIIe, Cluny III Maison médiévale de la vieille ville
7- Les vestiges dans la ville
Les écuries de Saint-Hugues accueillaient hommes et montures.
Le palais Jean de Bourbon édifié au XVe siècle comme résidence de l’abbé Jean de Bourbon, accueille le musée d’art et d’archéologie, présente aussi des sculptures de Cluny III ainsi que des maisons médiévales du bourg.
Ambon, mobilier liturgique de Cluny III [12]
L’avant-nef de Cluny III ajoutée devant la façade est une espèce de grand vestibule destinée aux entrées solennelles. Subsistent actuellement la partie basse des deux tours du portail, -les barabans- les bases de piliers des grandes arcades, un triforium [6] et un niveau des fenêtres hautes.
La porte d’honneur de l’abbaye du XIIe siècle, dont il reste les deux arcades en plein cintre [11] permettait d’accéder à l’abbatiale, aux palais et à leur jardin.
Le haras national avec ses écuries édifiées sous le Premier Empire, a été en partie implanté sur le chœur de Cluny III.
Jour du National : épreuve de saut Après les nourritures spirituelles...
Notes et références
[1] Maior Ecclesia : en latin, « la plus grande église »
[2] Le passage Galilée : dans le rituel clunisien, espace dédié au rassemblement des moines lors de certaines cérémonies.
[3] Le mur gouttereau est le mur à gouttière ou à chéneau, terminant le versant de toiture et recevant les eaux. (par opposition au mur pignon)
[4] Grand et petit transept : partie transversale d’une église coupant la nef principale à angle droit.
[5] Berceau brisé : voûte qui se distingue du plein cintre parce que l’arc de sa courbe se brise en son sommet.
[6] Triforium : passage situé au-dessus des grandes arcades et ouvrant sur l’intérieur de la nef.
[7] Double collatéral : double vaisseau latéral d’une nef.
[8] Oratoire : lieu réservé à la prière personnelle.
[9] Plain-chant : chant à l’unisson qui suit le rythme des mots.
[10] Claire-voie : rangée de baies ouvrant le mur d’un bâtiment.
[11] Plein cintre : voûte en demi-cercle
[12] En religion, l'ambon désigne le pupitre à l'entrée du chœur où l'on pose le lectionnaire ou la Bible et parfois, une tribune fixe où sont lus les textes sacrés.
Vue du grand transept Façade du palais Gélase
Voir aussi
* Les sculptures de Cluny III ---- Quelques vues de l'abbaye
* Chronologie de Cluny III
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À 24 km de Mâcon, l’abbaye de Cluny déploie ses imposants vestiges du centre spirituel qu'elle a été, siège du plus grand ordre monastique médiéval d’Occident où l'on peut déambuler sous ses hautes voûtes romanes et voir quelques chefs-d’œuvre de la sculpture de l'art roman.
L'église abbatiale : son cloître et son clocher
1- Une fondation militaire
En 910, Guillaume le Pieux duc d’Aquitaine, fonda une abbaye placée sous le protection de Saints Pierre et Paul et dépendant directement du pape. Elle connut un rapide développement jusqu’au XIIe siècle avec des abbés dont les principaux, Odilon et Hugues de Semur, ont été par la suite canonisés. Cluny fut la maison mère d’un millier de monastères, devenant le centre du plus grand ordre monastique d’Occident : l’ordre clunisien.
Au XVIe siècle, les guerres de Religion accélèrent le déclin de l’abbaye. Le cardinal de Richelieu, nommé abbé de Cluny, réforme l’abbaye revenant à une plus grande rigueur dans la vie monastique. Il faut ensuite attendre le XVIIIe siècle pour qu’un programme de reconstruction rende tout son lustre à l’abbaye.
Pendant la Révolution française, la dissolution des ordres monarchiques entraîne la dispersion des moines en 1791. Puis en 1798, la vente des bâtiments comme biens nationaux marque le début du démantèlement de l’église. Il faut attendre l’année 1821 pour que débute la sauvegarde des ruines de l’abbaye, classée monument historique en 1862.
Chapiteau, bras sud du grand transept Fenêtre gothique du palais Gélase
2- Description générale
L’ensemble comportait avant son démantèlement, plusieurs églises au cours des deux premiers siècles d’existence de l’abbaye. Cluny I est l’église abbatiale dédicacée en 927, Cluny II celle édifiée à partir de 981 et Cluny III bâtie entre 1088 et 1130 qu’on appelait Maior Ecclesia [1] dont les vestiges sont parvenus jusqu’à nous.
Le palais dit du pape Gélase remanié à deux reprises, conserve son dernier étage des années 1300-1330 portant de superbes sculptures. Le pape Gélase II chassé de Rome, se réfugie à Cluny où il décède en 1119. Une animation filmée en images virtuelles, permet de s’y promener tout à son aise.
Le petit cloître présente des vestiges sculptés illustrant chacune des grandes époques de l’histoire de Cluny, ce qui atteste de la permanence de l’activité artistique entre le Xe et le XVIIe siècle.
Le passage Galilée [2] à l’époque du Moyen-Age, reliait le cloître à l’abbatiale Cluny III. L’endroit doit son nom à l’église datant de Cluny II, son avant-nef étant appelée « Galilée ».
La cour de la congrégation longe le mur gouttereau [3] de Cluny III. Le clocher octogonal dit de « l’Eau bénite, » le seul des quatre clochers de l’abbaye, chapeaute le bras sud du grand transept avec son décor de bandes lombardes au dernier niveau.
Cul de lampe sculpté de la chapelle Jean de Bourbon
(vestige du petit transept de l'église abbatiale Saints Pierre et Paul)
3- L’abbatiale Cluny III
Le grand transept [4] donne une idée de la hauteur sous voûte de Cluny III dont la nef culminait à trente mètres. Cette voûte présente la particularité d’être en berceau brisé, [5] une coupole portant le clocher.
La nef est marquée par une borne de réalité avec un écran mobile qui donne une vue synoptique de l’ensemble. Son élévation comprend trois niveaux : les grandes arcades surmontées d’un triforium [6] et de grandes fenêtres qui ouvraient au-dessus du « double collatéral » [7] pour que la lumière de l’extérieur puisse au mieux y pénétrer.
Le petit transept [4] équipant Cluny III, prouesse architecturale à l’époque.
Les chapelles du petit transept et du chœur sont bien restituées par un écran-miroir. Elles servaient à la vénération des reliques et à célébrer des messes par des moines ordonnés prêtres. Beaucoup de laïcs faisaient à l’époque des dons en terres et l’abbaye et cherchaient à obtenir une sépulture dans l’église.
La chapelle Jean de Bourbon, du nom de l’abbé qui la fit édifier, est de style gothique flamboyant, caractéristique de l’architecture du XVe siècle. Elle était composée de statues d’apôtres reposant sur des consoles sculptées. La chapelle funéraire comprend un oratoire [8] doté d’une belle une cheminée.
Le cloître du XVIIIe est implanté sur l’emplacement d’un cloître roman et de l’église Cluny II. Son austérité illustre bien la réforme opérée par Richelieu lors de sa nomination comme abbé de Cluny.
Clé de voûte de la travée avant le portail : L'Agneau pascal (1140-1160) entouré de l'inscription "Hic parvus sculptor agnus in celo magnus" (ici, je suis sculpté comme un petit agneau, au ciel, je suis grand)
La galerie à arcatures longeant le cloître
4- Les bâtiments côté jardin
Les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle s’ordonnent en forme de U autour du jardin, agrémentés d’éléments décoratifs comme des garde-corps en fer forgé des balcons et les motifs rocaille des linteaux des baies.
Les bâtiments côté jardin : vue générale
Le bâtiment du XIIIe siècle servait à la conservation des aliments avec un cellier voûté, un farinier à l’étage et une belle charpente d’origine. Les huit chapiteaux du chœur de Cluny III reprennent la liturgie qui unit l’homme à Dieu à travers la musique du plain-chant, [9] traduisant l’harmonie entre la musique et l’univers, les quatre saisons et les quatre vents.
Les bâtiments côté jardin : zoom sur le clocher
5- Le farinier et son musée
Ce bâtiment, situé côté jardin un peu à l'écart, est très caractéristique avec, à l'extérieur un superbe escalier qui grimpe de part et d'autre du grand balcon qui permet d'accéder à la grande salle transformée en musée et à l'intérieur la salle-musée dotée d'une magnifique charpente cintrée.
Vue externe : la façade et le grand escalier du farinier
Le musée présente différentes pièces sculpturales ainsi que plusieurs maquettes reconstituant l'abbaye au temps de sa splendeur.
L'intérieur avec son grand vaisseau et ses expositions
6- L’enceinte et le bourg
L’enceinte fortifiée de l’abbaye comportait des tours de défense, la tour du Moulin ou la tour du Fromage avec une partie basse du XIe siècle.
Le bourg monastique s’est développé grâce au rayonnement de l’abbaye qui attirait toute une population laïque. Les façades des maisons romanes possèdent de grandes arcades surmontées à l’étage d’une claire-voie. [10]
Le sacrifice d'Isaac, début XIIe, Cluny III Maison médiévale de la vieille ville
7- Les vestiges dans la ville
Les écuries de Saint-Hugues accueillaient hommes et montures.
Le palais Jean de Bourbon édifié au XVe siècle comme résidence de l’abbé Jean de Bourbon, accueille le musée d’art et d’archéologie, présente aussi des sculptures de Cluny III ainsi que des maisons médiévales du bourg.
Ambon, mobilier liturgique de Cluny III [12]
L’avant-nef de Cluny III ajoutée devant la façade est une espèce de grand vestibule destinée aux entrées solennelles. Subsistent actuellement la partie basse des deux tours du portail, -les barabans- les bases de piliers des grandes arcades, un triforium [6] et un niveau des fenêtres hautes.
La porte d’honneur de l’abbaye du XIIe siècle, dont il reste les deux arcades en plein cintre [11] permettait d’accéder à l’abbatiale, aux palais et à leur jardin.
Le haras national avec ses écuries édifiées sous le Premier Empire, a été en partie implanté sur le chœur de Cluny III.
Jour du National : épreuve de saut Après les nourritures spirituelles...
Notes et références
[1] Maior Ecclesia : en latin, « la plus grande église »
[2] Le passage Galilée : dans le rituel clunisien, espace dédié au rassemblement des moines lors de certaines cérémonies.
[3] Le mur gouttereau est le mur à gouttière ou à chéneau, terminant le versant de toiture et recevant les eaux. (par opposition au mur pignon)
[4] Grand et petit transept : partie transversale d’une église coupant la nef principale à angle droit.
[5] Berceau brisé : voûte qui se distingue du plein cintre parce que l’arc de sa courbe se brise en son sommet.
[6] Triforium : passage situé au-dessus des grandes arcades et ouvrant sur l’intérieur de la nef.
[7] Double collatéral : double vaisseau latéral d’une nef.
[8] Oratoire : lieu réservé à la prière personnelle.
[9] Plain-chant : chant à l’unisson qui suit le rythme des mots.
[10] Claire-voie : rangée de baies ouvrant le mur d’un bâtiment.
[11] Plein cintre : voûte en demi-cercle
[12] En religion, l'ambon désigne le pupitre à l'entrée du chœur où l'on pose le lectionnaire ou la Bible et parfois, une tribune fixe où sont lus les textes sacrés.
Vue du grand transept Façade du palais Gélase
Voir aussi
* Les sculptures de Cluny III ---- Quelques vues de l'abbaye
* Chronologie de Cluny III
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