Lowry à Vancouver
Référence : Malcolm Lowry, "Au-dessous du volcan", éditions Gallimard, préface Maurice Nadeau, postface et colophon Max-Paul Fouchet, 1973
Au-dessous du volcan, un film de John Huston inspiré du roman éponyme de Malcolm Lowry, encore un film « inspiré » d’un roman célèbre, ce qui ne veut nullement dire que les scénaristes soient « inspirés ». Certes certains films sont de vastes fresques éminemment romantiques et somptueuses mais, de là à refléter la réalité intérieure des personnages et la volonté de l’écrivain, il y a un écart plus ou moins important allant de la transposition, à la caricature et jusqu’à la trahison.
Paul Morelle dans un article du Monde a qualifié ce roman de « chef d’œuvre comme il n’en existe
pas dix par siècle ». Lors de sa parution, les éloges ne manquèrent pas, et
pas davantage sa difficulté de lecture. Ce qui n’a découragé ni le scénariste
ni le réalisateur.
« Pas une goutte de mezcal que je n'ai transmuée en or pur,
Pas un seul verre d'alcool que je n'ai fait chanter. » Malcolm Lowry
« Pas une goutte de mezcal que je n'ai transmuée en or pur,
Pas un seul verre d'alcool que je n'ai fait chanter. » Malcolm Lowry
La trame en
est pourtant simple : Geoffrey
Firmin, un homme désespéré, est confronté à une histoire d’amour magnifique
mais impossible. Dans l’avant-propos, l’écrivain Maurice Nadeau parle de leur histoire d’amour du comme d’une « des
plus belles et des plus poignantes qu’on ait jamais lues. »
Geoffrey Firmin, ancien consul
britannique déchu, échoué dans la petite ville mexicaine, noie son désespoir dans
la tequila et le mescal. Yvonne, la
femme qu’il aime et qui l’a quitté, est cependant revenue vers lui et même
s’ils s’aiment encore, elle sera impuissante à lui redonner foi en la vie.
Au-delà de
leur histoire, de leur passé fait de passion et de crises, c’est comme le
résume Maurice Nadeau, « le roman
d’un alcoolique qui, avec une lucidité effrayante et une suprême maîtrise de
moyens, décrit tous les symptômes de sa maladie et lui trouve ses véritables
causes, qui ne sont pas du ressort de la médecine » .L’ex consul quoique
lucide sur son état, ne parvient pas à communiquer avec autrui, à dépasser le
recours à l’alcool pour se délivrer de ses fantômes. Il finira par trouver son
absolution par une dernière révolte, abattu par des policiers devant un bar.
Roman difficile d’accès dont Max-Pol Fouchet disait dans la postface : « Si, dans votre lecture, vous enjambez des phrases, soyez assuré de rompre une nécessité. Ce livre se réfère à la musique : une note sautée, vous manquez l’accord, la mélodie est fausse. Vous n’avez pas le droit de rien omettre. Le tissage, la trame, la texture sont d’un grain tel qu’à les desserrer vous élimez l’ensemble. » À cet égard, le premier chapitre est éloquent, une centaine de pages arides qui laissent lentement s’installer la petite musique qui en douze chapitres, va se développer jusqu’à sa fin inéluctable.
« Oaxaca ! Le mot résonna comme un cœur qui se brise, comme une brusque volée de cloches engloutie par l'ouragan, comme les syllabes ultimes prononcées par des lèvres mourant de soif dans le désert. » Malcolm Lowry
Roman difficile d’accès dont Max-Pol Fouchet disait dans la postface : « Si, dans votre lecture, vous enjambez des phrases, soyez assuré de rompre une nécessité. Ce livre se réfère à la musique : une note sautée, vous manquez l’accord, la mélodie est fausse. Vous n’avez pas le droit de rien omettre. Le tissage, la trame, la texture sont d’un grain tel qu’à les desserrer vous élimez l’ensemble. » À cet égard, le premier chapitre est éloquent, une centaine de pages arides qui laissent lentement s’installer la petite musique qui en douze chapitres, va se développer jusqu’à sa fin inéluctable.
« Oaxaca ! Le mot résonna comme un cœur qui se brise, comme une brusque volée de cloches engloutie par l'ouragan, comme les syllabes ultimes prononcées par des lèvres mourant de soif dans le désert. » Malcolm Lowry
La gestation
de ce roman est à elle seule un roman. Malcolm
Lowry en commence l’écriture au Mexique
en 1936 et il va le retravailler pendant une dizaine d’années. En 1941, sa
première version est refusée par tous les éditeurs. Lowry s’attèle à sa réécriture dans le calme canadien, dans un lieu
isolé de tout sur la côte ouest mais il égare son manuscrit dans un bar, sans
doute un soir de libations excessives. On dit que la troisième version disparut
(en tout ou partie, on ne sait) dans l'incendie de sa maison en bois et, à l’issue
de cette pérégrination tragi-comique où le miraculeux manuscrit renaît de ses
cendres, la quatrième version sera finalement publiée en 1947.
Avec sa femme Margerie |
Mais
ce chef-d’œuvre reconnu et salué par tous, se retournera contre son auteur qui,
hanté par la crainte de ne jamais parvenir à rééditer cet éclatant succès, ne
parviendra plus à terminer la plupart de ses manuscrits. C’est en tout cas un
roman au superbe décor avec, dominant l’ensemble, la masse imposante du volcan,
le Popocateptl, témoin du drame qui
se noue à ses pieds.
Citations et commentaires
Le départ d'Yvonne
« Aussi quand tu partis Yvonne, j'allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d'une banquette de troisième classe, l'enfant dont nous avons sauvé la vie , sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la téquila de ma bouteille, ou comment m'en allant dans ma chambre en hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d'égorgement en bas dans la cuisine, me chassa dans l'éblouissement de la rue, et plus tard cette nuit-là, la vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? »
La métaphore du taureau
« Oui, elle le comprenant maintenant, toute cette histoire de taureau c'était comme une vie : l'importante naissance, la belle chance, le tour de l'arène d'abord hésitant, puis assuré, puis désespéré, puis à-demi désespéré, un obstacle aplani -exploit mal reconnu-puis l'ennui, la résignation, la résignation puis une autre naissance plus convulsive : un nouveau départ, les efforts circonspects pour s'y reconnaître dans un monde franchement hostile, l'encouragement apparent mais décevant de ses juges, dont plus de la moitié étaient endormis, les embardées dans les commencements du désastre, à cause de ce même obstacle négligeable qui avait été la cause jadis, franchi d'un coup, la chute finale... »
Malcolm Lowry dans Viva de Patrick Deville
Malcolm Lowry et Léon Trotsky (page 129)
« Pourquoi cette belle et terrible solitude (de ces deux hommes) et cd don de soi qui leur fait abandonner la vie qu'ils aimeraient mener, les êtres qu'ils aiment, pour aller toujours chercher plus loin l'échec qui viendrait couronner leurs efforts. »
« Chez ces deux-là... c'est ce vide qu'on sent et que l'homme, en son insupportable finitude, n'est pas ce qu'il devrait être, le refus de la condition qui nous échoit... même s'ils savent bien qu'ils ont tenté l'impossible et que l'impossible peut être tenté. Ce qu'ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c'est qu'à l'impossible, chacun de nous est tenu. »
Voir aussi
* Frida Kalho et Diego Rivera
* L'écrivain B. Traven
Comme
le remarque un lecteur avisé (et conquis), «
il est recommandé de plonger le livre dans une bassine de téquila pour extraire
tout son jus ».
Citations et commentaires
Le départ d'Yvonne
« Aussi quand tu partis Yvonne, j'allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d'une banquette de troisième classe, l'enfant dont nous avons sauvé la vie , sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la téquila de ma bouteille, ou comment m'en allant dans ma chambre en hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d'égorgement en bas dans la cuisine, me chassa dans l'éblouissement de la rue, et plus tard cette nuit-là, la vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? »
La métaphore du taureau
« Oui, elle le comprenant maintenant, toute cette histoire de taureau c'était comme une vie : l'importante naissance, la belle chance, le tour de l'arène d'abord hésitant, puis assuré, puis désespéré, puis à-demi désespéré, un obstacle aplani -exploit mal reconnu-puis l'ennui, la résignation, la résignation puis une autre naissance plus convulsive : un nouveau départ, les efforts circonspects pour s'y reconnaître dans un monde franchement hostile, l'encouragement apparent mais décevant de ses juges, dont plus de la moitié étaient endormis, les embardées dans les commencements du désastre, à cause de ce même obstacle négligeable qui avait été la cause jadis, franchi d'un coup, la chute finale... »
Malcolm Lowry dans Viva de Patrick Deville
Malcolm Lowry et Léon Trotsky (page 129)
« Pourquoi cette belle et terrible solitude (de ces deux hommes) et cd don de soi qui leur fait abandonner la vie qu'ils aimeraient mener, les êtres qu'ils aiment, pour aller toujours chercher plus loin l'échec qui viendrait couronner leurs efforts. »
« Chez ces deux-là... c'est ce vide qu'on sent et que l'homme, en son insupportable finitude, n'est pas ce qu'il devrait être, le refus de la condition qui nous échoit... même s'ils savent bien qu'ils ont tenté l'impossible et que l'impossible peut être tenté. Ce qu'ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c'est qu'à l'impossible, chacun de nous est tenu. »
Voir aussi
* Frida Kalho et Diego Rivera
* L'écrivain B. Traven
<< Christian Broussas - M Lowry - Feyzin, 24/01/2015 © • cjb • © >>
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