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Par un été caniculaire de l’année 1919, dans une ville du Berry, Jacques Morlac un héros de la Grande guerre croupit dans une prison déserte, surveillé par Dujeux, l’unique gardien. En face, sur la place, le chien du prisonnier, qu’il appelle Guillaume et qui l’a suivi durant toute la guerre, aboie jour et nuit, mettant les nerfs des riverains à rude épreuve.

Le juge militaire Lantier du Grez chargé d’instruire l’affaire de ce héros qui tient sur l’armée des propos jugés injurieux et même séditieux, essaie d’établir un dialogue avec lui mais les débuts sont difficiles. Il va voir aussi Valentine, une paysanne venue de Paris qui réside non loin de là, la mère de son fils, qui attend et espère qu’il finira par penser à elle.

Dans le fond, lui dont les convictions furent déstabilisées par la guerre et ses honneurs, Lantier qui voudrait bien aider cet homme, se demande comment il en est arrivé là, par quels mécanismes il en est venu à éprouver cette haine qui bouillonne en lui.

Mais de quelle affaire s’agit-il ? On l’apprendra vers la fin du roman, même si on se doute bien du genre de délit que Jacques Morlac a pu commettre : un quelconque pied de nez à l’armée et à la guerre, lui qui comme beaucoup de soldats abhorrent la guerre et sont devenus pacifistes.

Il y a aussi ce chien qui hurle jusqu’à épuisement devant la prison, comme une fidélité suprême à son maître. Ce chien dont le corps montre les stigmates de la guerre, ce chien qui a suivi Morlac tout au long de ses tribulations guerrières jusqu’en Macédoine, dans cette armée d’Orient dont finalement on sait peu de choses, ce chien est le nœud de ce qui s’est passé là-bas avec les troupes russes au moment de l’effondrement de la Russie tsariste. C’est ce que va apprendre Lantier, après avoir apprivoisé Morlac au long d’un patient interrogatoire qui va peu à peu devenir dialogue entre les deux hommes.

Ce ne semble pourtant pas être le nœud de l’affaire et Lantier va patiemment mener son enquête, interroger longuement Valentine pour mieux la cerner et cerner aussi Morlac par la même occasion. Il finit par apprendre que Jacques Morlac n’est revenu chez lui que pour revoir son fils. Par orgueil, ce puissant orgueil qui en fait le paralyse, il refuse de reconnaître qu’il aime Valentine et son fils ; qu’ils lui manquent.

Ce que Lantier finit par comprendre après avoir reconstitué son parcours. C’est sa dernière enquête, pour lui qui a décidé de revenir à la vie civile, et il va faire en sorte que Morlac et Valentine, dont la vie a été mise entre parenthèses par la guerre, puissent se retrouver.

<< Christian Broussas • Rufin • ° Roissiat ° © CJB  °° • 09/08/2015 >>