« Alors? Alors c'est incroyable , mais pour profiter vraiment du soir d'été, il faut que vienne au cœur l'idée de sa fragilité , la sensation qu'on le vit pour la dernière fois ... »
Cet ancien professeur de français, admirateur de La Bruyère, Jules Renard ou Marcel Proust, est un amoureux inconditionnel de sa langue natale. Sa technique restitue des instants fugitifs,des sensations qui viennent souvent de l'enfance. C'est d'ailleurs une citation de Jules Renard qu'il a choisie de placer en exergue : « Le vrai bonheur serait de se souvenir du présent. » Journal, 9 octobre 1891
Un livre optimiste qui développent de belles raisons d'habiter sur terre, ou plutôt les met en lumière car elles restent assez souvent cachées, échappant à nos sens limités. Des petits plaisirs fugaces du quotidien comme recevoir en transparence « cet éclat de passé volant dans la minute pure... le contre-jour (dans les jardins) du Luxembourg. »
Les petits bonheurs du quotidien
« Avoir cela en soi. Entendre cela au fond de soi parfois, quand on marche à flanc de colline, sur un petit chemin à peine tracé . Sentir un mélange profond de joie et de tristesse, avoir la chair de poule . Se dire que la terre est habitée. »
Pour cela, il faut "goûter" aux menus plaisirs de la vie, plaisirs fugaces comme aimer se faire surprendre par un orage, se laisser aller dans la douce torpeur d'une plage, aimer contempler un enfant qui est en train d'apprendre à lire (et qui lira sans doute du Delerm plus tard) ou goûter aux saveurs particulières du mojito.
Se sentir heureux, c'est d'abord savoir apprécier ces petits bonheurs à leur juste valeur et savoir se poser, se reposer et penser que Sisyphe puisse arrêter de rouler indéfiniment sa pierre.
Au gré des 40 nouvelles de Philippe Delerm :
* La pastèque : « Elle n'est qu'un mirage de la chaleur de l'été» p 10
*
Danser sans savoir danser : « On sacralise la danse. On lui donne tout
son pouvoir. Toutes les années perdues en apparences font le bonheur
présent. Et l'on se venge enfin du carcan de l'adolescence. » p 14
* Nature morte : « Des
choses pour les peindre et très bientôt pour les manger. Comme si
peindre n'était pas l'envie d'éterniser mais celle de vivre et d'avaler
la vie. [...] C'est... quand Cézanne enflamme impudemment les pommes de l'automne. » p 22
* « Allons boire une ombre» disait-on en parlant du vin frais remisé à l'ombre. « Certaines métonymies poussent leur complicité jusqu'à l'art de vivre le plus exquis.» p 29
*
« Pour profiter vraiment du soir d'été, il faut que vienne au cœur l'idée de sa fragilité, la sensation qu'on le vit pour la dernière fois. » p 34
* Ah, la poésie de Bruges « quand la réalité devient reflets. » P 83
* L'aire de pique-nique : « On voulait avant tout ne pas perdre de temps; On est en train d'en gagner, un curieux moment sans contours définis, sans préméditation. » p 86
* Il était une voix : « Sentir un mélange profond de joie et de tristesse. Avoir la chair de poule. Se dire que la terre est habitée. » p 105
Voir aussi sur Philippe Delerm :
* La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (L'Arpenteur-Gallimard) --
Sundborn ou les jours de lumière (Le Rocher)* La Sieste assassinée (L'Arpenteur-Gallimard), Autumn (Le Rocher)
* Ma fiche Philippe Delerm et son œuvre (1ère partie)
(La tranchée d'Arenberg..., Automn et Sunborn ou les jours de lumière)
* Ma fiche Philippe Delerm et son œuvre (2ème partie)
(Ma grand-mère avait les mêmes, Quelque chose en lui de Bartleby et Écrire est une enfance)
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