Pierre Bourdieu
Pour réaliser cet ouvrage collectif sur Pierre Bourdieu, [1] Édouard Louis a fait appel à ses amis, les sociologues Didier Éribon et Geoffroy de Lagasnerie, à l’écrivain Annie Ernaux, à l'historienne Arlette Farge, ainsi qu'à Frédéric Lebaron et Frédéric Lordon. [2]
La question centrale qui guide les auteurs est de savoir quel héritage a laissé Pierre Bourdieu à la génération actuelle, autrement dit ce qu’il y a d’essentiel dans ses idées, qui perdure comme problématique permanente ou récurrente.
Ils se demandent et tentent de déterminer ce que son œuvre contient qui pourrait contribuer à la conception de nouvelles théories et de nouvelles politiques. Pierre Bourdieu sert encore ainsi volontiers de référence pour qui veut définir (ou redéfinir) des instruments de réflexion et d’analyse de la réalité.
Chacun des auteurs à leur façon sont persuadés que Bourdieu représente une source toujours renouvelée pour traiter de questions d’actualité comme la domination et la reproduction sociale, les rapports de classe, les théories de la reconnaissance et de la justice, l’amour et l’amitié, les luttes et les mouvements sociaux, la politique et la démocratie… Travail collectif qui va bien au-delà de l’aspect purement sociologique, dans des domaines aussi variés que l’art, la littérature, l’histoire ou la philosophie.
A travers cette démarche, ils recherchent comment traduire « ici et maintenant » ce thème essentiel chez Bourdieu, ce qui participe grandement à en faire l’originalité : l’attitude d’insoumission
Edouard Louis Annie Ernaux
Cette « insoumission », selon le mot d’Édouard Louis, vise la violence symbolique que produit le « monde social » ainsi que « la participation des dominés à leur domination », comme l’écrit le philosophe Didier Éribon.
De son vivant, Pierre Bourdieu a été assez vilipendé pour sa façon d’appréhender la réalité et on assiste en quelque sorte à sa revanche posthume. Le sociologue Geoffroy de Lagasnerie rappelle cette formule de Bourdieu, « le réel ne préexiste pas à la construction qui le fait advenir comme tel. » La violence dans les relations sociales est consubstantielle à cette société car, selon Bourdieu, « la société, c’est la guerre… la guerre partout. »
Ainsi, du collectif on revient à l’individuel. Pour "exister" d’un point de vue social, s’affranchir de la violence symbolique, il faut prendre conscience de sa propre valeur en réinventant son rapport à autrui. L’important est d’abord de remettre en cause les rapports de domination pour trouver sa propre voie. Bourdieu parle de « protestation contre les modes d’assujettissement… d’une odyssée de la réappropriation. »
Annie Ernaux voit plutôt en Bourdieu un homme qui nous conduit progressivement vers la lucidité et offre à tous des moyens de se libérer de la violence symbolique. Tous les comportements négatifs qui annihilent les possibilités de réaction, de la simple gêne à la honte, le mal-être devant les autres, tout le côté auto accusateur, masochiste, tout le vécu négatif s’éloigne alors au profit d’une volonté de lutte et de confrontation.
[1] Sommaire de l'ouvrage
Introduction, par Édouard Louis
La Distinction, œuvre totale et révolutionnaire, par Annie Ernaux
Indisciplines : La domination masculine, par Arlette Farge
Exister socialement. Sur la sociologie et les théories de la reconnaissance, par Geoffroy de Lagasnerie
Lutte de classes, par Frédéric Lebaron
La servitude volontaire. Consentement et domination, entre Spinoza et Bourdieu, par Frédéric Lordon
La voix absente. Philosophie des états généraux, par Didier Éribon
[2] Présentation des auteurs
Édouard Louis, sociologue et écivain, il s'est fait connaître avec deux livres autobiographiques retentissants, En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence. Il a aussi contribué à un ouvrage collectif sur Michel Foucault.
Didier Éribon, né à Reims en 1953, est sociologue et philosophe. Professeur à la faculté de philosophie, sciences humaines et sociales de l’université d’Amiens,il intervient aussi à l’université de Cambridge et à Valence en Espagne et à publié plusieurs ouvrages sur Michel Foucault.
Didier Éribon
Geoffroy de Lagasnerie, né en 1981, est sociologue et philosophe, plus particulièrement en matière de philosophie sociale et politique, l'épistémologie ou la théorie critique, et a publié plusieurs articles et ouvrages sur les philosophes Pierre Bourdieu et Michel Foucault.
Outre son abondante œuvre romanesque, Annie Ernaux s’est aussi beaucoup intéressée à Pierre Bourdieu en particulier à Rencontres avec Pierre Bourdieu, sous la direction de Gérard Mauger et « Bourdieu : le chagrin » en 2002.
Geoffroy de Lagasnerie
Frédéric Lordon, économiste et sociologue né en 1962, est directeur au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne. Il a pris des positions controversées par exemple sur la Bourse et l’actionnariat.
Frédéric Lebaron est docteur en sociologie et agrégé en sciences sociales et enseigne la sociologie à l’université de Versailles. Il s’intéresse plus particulièrement à la dynamique sociale et a écrit avec Gérard Mauger un ouvrage intitulé Lectures de Pierre Bourdieu paru aux éditions Ellipses en 2012.
Arlette Farge est une historienne, spécialiste du XVIIIe siècle et de son histoire sociale et directrice de recherche au CNRS. Elle intervient sur France Culture dans Les Lundis de l’Histoire et La Fabrique de l’histoire.
Voir aussi mes fiches sur Pierre Bourdieu
* Pierre bourdieu, Le retour -- Bourdieu, L'insoumission en héritage --
* Pierre Bourdieu : Sur l'État -- Bourdieu et la sociologie --
Des vidéos sur les auteurs
* Geoffroy de Lagasnerie, L’Anonymat régénère l’idée démocratique --
* Didier Éribon : Michel Foucault -- Édouard Louis et Eddy Bellegueule --
* Annie Ernaux et L'espérance -- Arlette Farge, Faire jaillir l'histoire --
* Frédéric Lebaron, Sociologie -- Frédéric Lordon, Ma mondialisation --
* Pierre Bourdieu et La sociologie --
< Christian Broussas – Bourdieu 2015, 10 février 2016 -© • cjb • © >
Pour réaliser cet ouvrage collectif sur Pierre Bourdieu, [1] Édouard Louis a fait appel à ses amis, les sociologues Didier Éribon et Geoffroy de Lagasnerie, à l’écrivain Annie Ernaux, à l'historienne Arlette Farge, ainsi qu'à Frédéric Lebaron et Frédéric Lordon. [2]
La question centrale qui guide les auteurs est de savoir quel héritage a laissé Pierre Bourdieu à la génération actuelle, autrement dit ce qu’il y a d’essentiel dans ses idées, qui perdure comme problématique permanente ou récurrente.
Ils se demandent et tentent de déterminer ce que son œuvre contient qui pourrait contribuer à la conception de nouvelles théories et de nouvelles politiques. Pierre Bourdieu sert encore ainsi volontiers de référence pour qui veut définir (ou redéfinir) des instruments de réflexion et d’analyse de la réalité.
Chacun des auteurs à leur façon sont persuadés que Bourdieu représente une source toujours renouvelée pour traiter de questions d’actualité comme la domination et la reproduction sociale, les rapports de classe, les théories de la reconnaissance et de la justice, l’amour et l’amitié, les luttes et les mouvements sociaux, la politique et la démocratie… Travail collectif qui va bien au-delà de l’aspect purement sociologique, dans des domaines aussi variés que l’art, la littérature, l’histoire ou la philosophie.
A travers cette démarche, ils recherchent comment traduire « ici et maintenant » ce thème essentiel chez Bourdieu, ce qui participe grandement à en faire l’originalité : l’attitude d’insoumission
Edouard Louis Annie Ernaux
Cette « insoumission », selon le mot d’Édouard Louis, vise la violence symbolique que produit le « monde social » ainsi que « la participation des dominés à leur domination », comme l’écrit le philosophe Didier Éribon.
De son vivant, Pierre Bourdieu a été assez vilipendé pour sa façon d’appréhender la réalité et on assiste en quelque sorte à sa revanche posthume. Le sociologue Geoffroy de Lagasnerie rappelle cette formule de Bourdieu, « le réel ne préexiste pas à la construction qui le fait advenir comme tel. » La violence dans les relations sociales est consubstantielle à cette société car, selon Bourdieu, « la société, c’est la guerre… la guerre partout. »
Ainsi, du collectif on revient à l’individuel. Pour "exister" d’un point de vue social, s’affranchir de la violence symbolique, il faut prendre conscience de sa propre valeur en réinventant son rapport à autrui. L’important est d’abord de remettre en cause les rapports de domination pour trouver sa propre voie. Bourdieu parle de « protestation contre les modes d’assujettissement… d’une odyssée de la réappropriation. »
Annie Ernaux voit plutôt en Bourdieu un homme qui nous conduit progressivement vers la lucidité et offre à tous des moyens de se libérer de la violence symbolique. Tous les comportements négatifs qui annihilent les possibilités de réaction, de la simple gêne à la honte, le mal-être devant les autres, tout le côté auto accusateur, masochiste, tout le vécu négatif s’éloigne alors au profit d’une volonté de lutte et de confrontation.
[1] Sommaire de l'ouvrage
Introduction, par Édouard Louis
La Distinction, œuvre totale et révolutionnaire, par Annie Ernaux
Indisciplines : La domination masculine, par Arlette Farge
Exister socialement. Sur la sociologie et les théories de la reconnaissance, par Geoffroy de Lagasnerie
Lutte de classes, par Frédéric Lebaron
La servitude volontaire. Consentement et domination, entre Spinoza et Bourdieu, par Frédéric Lordon
La voix absente. Philosophie des états généraux, par Didier Éribon
[2] Présentation des auteurs
Édouard Louis, sociologue et écivain, il s'est fait connaître avec deux livres autobiographiques retentissants, En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence. Il a aussi contribué à un ouvrage collectif sur Michel Foucault.
Didier Éribon, né à Reims en 1953, est sociologue et philosophe. Professeur à la faculté de philosophie, sciences humaines et sociales de l’université d’Amiens,il intervient aussi à l’université de Cambridge et à Valence en Espagne et à publié plusieurs ouvrages sur Michel Foucault.
Didier Éribon
Geoffroy de Lagasnerie, né en 1981, est sociologue et philosophe, plus particulièrement en matière de philosophie sociale et politique, l'épistémologie ou la théorie critique, et a publié plusieurs articles et ouvrages sur les philosophes Pierre Bourdieu et Michel Foucault.
Outre son abondante œuvre romanesque, Annie Ernaux s’est aussi beaucoup intéressée à Pierre Bourdieu en particulier à Rencontres avec Pierre Bourdieu, sous la direction de Gérard Mauger et « Bourdieu : le chagrin » en 2002.
Geoffroy de Lagasnerie
Frédéric Lordon, économiste et sociologue né en 1962, est directeur au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne. Il a pris des positions controversées par exemple sur la Bourse et l’actionnariat.
Frédéric Lebaron est docteur en sociologie et agrégé en sciences sociales et enseigne la sociologie à l’université de Versailles. Il s’intéresse plus particulièrement à la dynamique sociale et a écrit avec Gérard Mauger un ouvrage intitulé Lectures de Pierre Bourdieu paru aux éditions Ellipses en 2012.
Arlette Farge est une historienne, spécialiste du XVIIIe siècle et de son histoire sociale et directrice de recherche au CNRS. Elle intervient sur France Culture dans Les Lundis de l’Histoire et La Fabrique de l’histoire.
Voir aussi mes fiches sur Pierre Bourdieu
* Pierre bourdieu, Le retour -- Bourdieu, L'insoumission en héritage --
* Pierre Bourdieu : Sur l'État -- Bourdieu et la sociologie --
Des vidéos sur les auteurs
* Geoffroy de Lagasnerie, L’Anonymat régénère l’idée démocratique --
* Didier Éribon : Michel Foucault -- Édouard Louis et Eddy Bellegueule --
* Annie Ernaux et L'espérance -- Arlette Farge, Faire jaillir l'histoire --
* Frédéric Lebaron, Sociologie -- Frédéric Lordon, Ma mondialisation --
* Pierre Bourdieu et La sociologie --
< Christian Broussas – Bourdieu 2015, 10 février 2016 -© • cjb • © >
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