Profession (de foi) : metteur de pieds dans le plat, [1] Philippe Pascot pose la question (taboue) de savoir pourquoi nos élus en sont arrivés à se prendre pour des surhommes… et s’en mettent plein les poches ?
Adjoint au maire d’Évry au temps de Manuel Valls, ancien conseiller régional, chevalier des Arts et des Lettres, Philippe Pascot milite pour une véritable transparence de la pratique politique.
Pendant près de 25 ans, il a côtoyé beaucoup d’élus de tous bords politiques et présente dans cet ouvrage un panorama des abus (pas toujours légaux) de la classe politique française : salaires exorbitants, exonérations d’impôts, retraites sans commune mesure et cumuls, recours aux emplois fictifs, « déclarations d’intérêts et d’activités bidons et tant d’autres petits arrangements entre amis... »
« Des surhommes » dit-il, partant d’un texte de l’ancienne ministre Michèle Delaunay, députée de Gironde. [2] La
plupart des élus connaissent peu de choses de la vie réelle, restant
dans leur bulle de politiques, n’ayant en tête que leur réélection. Le
rêve du départ, l’envie d’agir sur le monde, œuvrer à l’intérêt général,
s’est peu à peu mué en omnipotence, en volonté de puissance qui
remplace celle de faire le bien : c’est ainsi que naît le surhomme et
qu’il perd sa spontanéité, le contact avec la réalité du quotidien de
ses concitoyens.
« Je l’ai moi-même vécu après mon élection en tant que conseiller régional d’Île-de-France, puis de président de la commission de la formation professionnelle et de l’apprentissage de la Région Île-de- France » confesse-t-il. Ce pouvoir, outre la sensation de puissance qu’il procure, offre d’appréciables avantages auxquels on s’habitue assez vite : téléphone, Internet, frais de représentation, invitations diverses et variées… menus et plus gros privilèges mâtinés de quelques passe-droits qui finissent par paraître naturels et allant de soi, simples prolongements de la fonction.
De là à élaborer un plan de carrière, il n’y a qu’un pas. Ça veut dire diversifier les possibilités pour éviter les déboires d’une réélection manquée, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, multiplier les mandats, présider une commission...
Le formatage des élus : un frein à la diversité, la créativité et la prise de risques
De là à élaborer un plan de carrière, il n’y a qu’un pas. Ça veut dire diversifier les possibilités pour éviter les déboires d’une réélection manquée, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, multiplier les mandats, présider une commission...
Comme quoi interdire le cumul des mandats est une belle utopie.
Son constat est sans appel : « Dans
le même moule de fonctionnement, ne vivant que pour et par leur
carrière emportée de haute lutte, entourés d’une foule d’assistants
courtisans qui les conseillent tout en montant autour d’eux un cordon
sanitaire infranchissable pour celui qui n’est pas coopté par le «
sérail », ces élus parlementaires aux mandats multiples ne peuvent plus
comprendre et sentir les besoins d’une population dont ils ne font plus
partie car ils n’en partagent plus rien avec elle. »
"Délits d'élus", tomes 1 et 2
Quand le élus s'en mettent plein les poches en exigeant des autres l'exemplarité
Les exemples sont malheureusement nombreux d'élus qui bénéficient d'avantages exorbitants et hors du droit commun ou qui sont plus simplement des tricheurs. Témoins, ces quelques cas pris parmi tant d'autres : Une députée condamnée à 4 ans de prison pour détournement de fonds publics qui siège à l’Assemblée avec son bracelet électronique… un élu ayant détourné 20 millions d’euros qui n’est condamné qu’à 20.000 euros d’amende avec sursis… des dizaines de parlementaires qui s’achètent un appartement avec l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), laquelle n’est ni déclarable ni justifiable… la liste s'allonge de jour en jour mais les sanctions sont rares et pour quelques comme Thomas Thévenoud ou Jérôme Cahuzac, combien ne seront jamais sanctionnés ?
Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, les députés se sont votés une augmentation de 10% ainsi que le le doublement de leur durée d'indemnisation en cas de défaite électorale ! [3]
Notes et références
[1] Il est l’auteur avec Graziella Riou Harchaoui de "Délits D’élus", tome 1, 400 politiques aux prises avec la justice, éditions Max Milo, 2014
[2] L’ancienne ministre Michèle Delaunay, députée de Gironde, a très bien décrit le phénomène sur son blog en septembre 2014
[3] Voir par exemple les articles L'Europe enrichit au moins les eurodéputés ou Montrer l'exemple, vous n'y pensez pas ! --
Voir aussi
* Vidéo : interview de Jean-Jacques Bourdin --
<< • Christian Broussas – Pilleurs d'État - 14 avril 2016 -© • cjb • © >
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