Exposition sur La Porte de l’Enfer

                 

1889. Auguste Rodin est furieux. A juste titre puisqu'il a longtemps travaillé sur cette œuvre pour rien. En tout cas, il le croit. Pendant neuf ans, il a travaillé sur cette œuvre considérable, La Porte de l’Enfer pour le futur Musée des Arts décoratifs dont  la construction a été annulée.

Il se retrouve ainsi avec sa sculpture sur les bras, une œuvre monumentale qui représente les damnés de L’Enfer de Dante !
Cependant, depuis cette commande, Rodin est devenu un sculpteur reconnu. Il n'a aucune peine à occuper son temps pour réaliser d'autres projets. Même s'il l'a oublié pendant dizaine d’années, la porte ne va pas se refermer aussi facilement.

               

Mais plutôt que de retoucher son travail, Rodin préfère la présenter amputée de ces différents éléments. Comme pour être transportées sur le lieu de l'Exposition universelle, toutes ces figures ont été enlevées, il décide donc simplement que sa sculpture restera en l'état, sans ces éléments superfétatoires.
Et le public va découvrir une version "expurgée", avec des figures éparpillées autour de la structure !


          
           Salles de l'exposition                Le Baiser, Le Penseur, Ugolin et ses enfants


1900. Paris va accueillir l’Exposition universelle et Rodin pense que c'est l’occasion de présenter sa Porte de l'Enfer au public. Mais elle a bien changé en onze ans. Rodin la considère comme une œuvre de jeunesse et maintenant qu’il a atteint sa maturité artistique, il n’aime pas vraiment les effets d’ombre et de lumière créés par les figures en relief. Il préfère retirer tous les damnés qui apparaissaient sur le premier modèle.

L’exposition L’Enfer selon Rodin est centrée, comme son nom l’indique, sur la création de cette œuvre symbolique de l’art : La Porte de l’Enfer. Elle représente un effort considérable puisqu’elle a permis de réunir quelque 170 œuvres – dont 60 dessins rarement offerts au public et de nombreuses sculptures restaurées pour l’occasion. On entre ainsi de plein pied dans l’histoire de ce chef-d’œuvre dont l’influence dans l’évolution de la sculpture fut très importante.
Une œuvre vraiment spectaculaire, une vision des Enfers à la mesure de l’âme tourmentée de son créateur.
     
L'Homme au serpent, Je suis Belle, Femme accroupie, L'Homme qui tombe, grand modèle


Nouveauté pédagogique
La véritable nouveauté pour le visiteur est d’utiliser un outil en ligne pour explorer La Porte de l’Enfer, découverte et analyse d’une cinquantaine de figures allant du Penseur à Ugolin. Cette possibilité permet de pénétrer dans les mystères de cette Porte et ses thèmes principaux comme   "désespoir et  lamentation", "séduction et provocation" ou également "enlacement".
Les explications et la loupe pour découvrir les nombreux détails de cette œuvre monumentale, accompagnent avec bonheur la présentation.

    
1- Bas-reliefs. À droite, "Je suis Belle"
2- Femme accroupie, Cariatide à la Pierre, Andromède


Des versions en plâtre et en bronze


1- La Porte de l’Enfer, 1900, plâtre,  © musée Rodin Meudon

Dans ce cadre, l’exposition présente trois versions spécifiques de La Porte de l'Enfer :
- La première, en plâtre et provenant du musée Rodin de Meudon, date de 1900. Elle fut exécutée pour être  exposée au pavillon de l'Alma lors de l'Exposition Universelle dans une version simplifiée.

- La deuxième Porte de l'Enfer, en plâtre comme la précédente et prêtée par le musée d'Orsay, date de 1917, année de la disparition de Rodin. Elle a une histoire particulière puisqu’elle fut complètement remontée à partir des photographies et des moulages réalisés auparavant.

La troisième et dernière version fut réalisée en bronze cette fois-ci, à partir du plâtre de la version précédente –celle de 1917. Cette fonte datant de 1928 est présentée dans le jardin de sculptures du musée Rodin à Paris.

       
                             Détails de l'œuvre © musée Rodin


* Voir aussi  mes fiches sur Les Arts plastiques 

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