Référence : Philippe Delerm , "Journal d’un homme heureux", éditions du Seuil, 272 pages, octobre 2016

  
                                                                                 Journal d’un homme heureux
« Ce journal est celui d’un âge d’or. »

Journal autobiographique et intime par définition, voilà qui sied bien à celui qui se délecte des minuscules plaisirs du quotidien et qui se définit lui-même comme « un coureur du 400 mètres raté,bien meilleur au relais qu'en épreuve individuelle. » Quelqu'un qui aime beaucoup ce qui est sucré et ce qui salé.
Quelqu'un qui ne sait pas dire non. Ni oui d’ailleurs…

Après la publication l’année précédente de « Les eaux troubles du mojito et autres belles raisons d’habiter sur terre » il revient avec cette belle profession de foi, avec ce constat que c’est une chance que d’habiter sur cette terre. Cette chance se conjugue ici avec sa certitude d’être un homme heureux, en tout cas de l’avoir particulièrement été pendant le temps qu’il tint ce journal entre septembre 1988 et décembre 1989. Il s’en souvient comme d’un temps béni, quand « choisir de vivre à la campagne loin des milieux littéraires et parisiens » lui avait permis de pouvoir « regarder par la fenêtre pousser les fleurs de son jardin, au rythme des saisons, prendre le temps de vivre sa vie, d'admirer sa compagne, d'aimer son enfant, écrire en pensant qu'on sera, un jour peut-être, reconnu. » [1]

  
Avec sa femme Martine                         « Je vais passer pour un vieux con »

Une période privilégiée, ponctuée de notes récentes qu’il présente, de façon distanciée, portant un autre regard sur cette année-tournant qu’il avait vécue à l’époque, sur " l’homme heureux" qu’il fut alors, considéré à l'aune de son journal et du recul qu'il peut prendre maintenant sur cette période de sa vie.

À cette époque, Philippe Delerm et sa femme, Martine, professeurs de lettres en Normandie, décident de travailler à temps partiel pour se consacrer à l’écriture et l’illustration, de profiter de leur vie, avec leur fils Vincent, leurs amis et leurs proches. On entre ainsi dans leur intimité, accueillis dans leur maison, en balade dans les rues de Rouen ou d’un Paris vu par le regard renouvelé d’un promeneur-écrivain.

                

Être heureux, c’est être éminemment optimiste, en commençant par le réveil : « Je me suis levé ce matin en pensant que la journée allait être bonne. Je crois que je me coucherai ce soir en me disant que je suis le plus heureux des hommes. Comment ne pas frissonner un peu à cette idée. » Il se rassure quand même en se disant : « Je suis riche, incommensurablement riche de ce qui manque à presque tout le monde : le temps. »


Philippe Delerm sur « ses terres »

« Je vais passer pour un vieux con » titrait-il dans un précédent ouvrage. [2] De fait, son bonheur est un ensemble fait d’un univers champêtre, l’ambiance de l’automne et de l’hiver, de son rôle de pédago, de sa vie familiale, c’est  lire, écrire, voir les copains, faire du feu dans la cheminée…
On y retrouve cette petite musique propre à Delerm fait de petits riens, de plaisirs simples qu’il considère comme le sel de la vie.
Il avait alors 37 ans, il était heureux, longtemps avant qu’il connaisse le succès, avant la parution de "La Première Gorgée de bière".

              

Notes et références
[1] Période pendant laquelle il écrit son roman Autumn

[2]Je vais passer pour un vieux con (et autres petites phrases qui en disent long)"



Voir aussi
* Philippe Delerm, Vidéo --
* Philippe Delerm et son
œuvre, 1ère partie --
  (La tranchée d'Arenberg - Automn - Sunborn)
* Philippe Delerm et son œuvre, 2ème partie --
   (Ma grand-mère avait les mêmes - Quelque chose en lui de Bartleby - Ecrire est une enfance)

* Philippe Delerm, Les eaux troubles du mojito - Journal d'un homme heureux -

Christian Broussas – Delerm, Heureux 22/01/2017 < • © cjb © • >