Référence : Patrick Modiano, Remise de peine, éditions du Seuil, 166 pages, 1988
Comme le présente François Nourissier dans Le Point : « Une phrase entendue, un bracelet-montre mirobolant, un vendeur de bagnoles d’occasion, une femme qui pleure : toute une société surgit, faisandée, émouvante, aux ressorts mystérieux, aux héros fantomatiques. Avec une économie exemplaire, Modiano une fois de plus gagne la drôle de partie dont il a inventé, dans le secret de sa mémoire, la règle et l’enjeu, » ce roman est bien dans l’univers fait de brides de souvenirs qui en réveillent d’autres pour recomposer des morceaux de vie enfouis au plus profond de la mémoire.
Mais Patrick Modiano a préféré mettre en exergue ce texte de RL Stevenson tiré de Un chapitre sur les rêves : « Il n’est guère de famille pour peu qu’elle puisse remonter à quatre générations, qui ne prétende avoir des droits sur quelque titre en sommeil ou bien sur quelque château ou domaine, des droits qui ne sauraient être soutenus devant un tribunal mais qui flattent l’imagination et qui écourtent les heures d’oisiveté. Les droits qu’un homme a sur son propre passé sont plus précaires encore. »
On retrouve sans peine dans ce roman l’univers particulier de l’auteur, fait de notations qui, mises bout à bout, prennent alors tout leur sens, ce climat qui se dégage de son parcours, de ces allers-retours, de ces va-et-vient qui sont autant de clés pour le suivre dans les chemins tortueux de la mémoire.
Patoche a grandi ici avec son jeune frère, dans cette maison sans grand caractère, plutôt sympa avec sa façade mangée par le lierre. Dans cette "maison de femmes", on attendait le mythique Eliot Salter, marquis de Caussade, qui reviendrait peut-être un jour dans son château. Leur univers instable est fait de beaucoup plus de questions que de réponses. Dans les souvenirs de Patoche, à côté de la maison e des femmes, il y a aussi ces quelques objets épars, l’étui à cigarettes d’Annie, le sourire de Jean D., la grosse bagnole de Roger Vincent…
Patrick dit Patoche et son frère sont quelque peu livrés à eux-mêmes, leurs parents sont loin, leur mère en tournée, leur père vient les voir de temps en temps. Seules Hélène Toch dite la petite Hélène et Annie s’occupent d’eux, vivant dans cette maison du côté de Villacoublay. Mais elles ont de mauvaises fréquentations à cette époque où la France est occupée, de très mauvaises fréquentations comme Andrée K. qui vient souvent et connaît bien « la bande de la rue Lauriston, » qui les conduiront en prison, laissant les deux enfants livrés à eux-mêmes.
Ainsi, la mémoire flirte avec le mythe et la légendes familiale. Les faits sont vivants, ils évoluent avec les générations, avec le bouche à oreilles qui recrée les événements à l’aune du temps qui passe.
La réalité finalement n’est qu’un prétexte pour se réapproprier l’histoire, sa propre histoire, celle de ses proches, celle de sa famille.
Repères bibliographiques
* La place de l’étoile, prix Roger-Nimier et Fénéon, 1968
* Les boulevards de ceinture, grand prix du roman de l’Académie française, 1972
* Villa triste, prix des libraires, 1975
* Rue des boutiques obscures, prix Goncourt, éditions Gallimard, 189 pages, 1978
* Quartier perdu, éditions Gallimard, 182 pages, 1984
* Dimanches d’août, éditions Gallimard, 161 pages, 1986
* Un cirque passe, éditions Gallimard, 153 pages, 1992
* L'Horizon, éditions Gallimard, 174 pages, 2010
< • Christian Broussas –Modiano Peine - 31/08/2017 • © cjb © • >
Comme le présente François Nourissier dans Le Point : « Une phrase entendue, un bracelet-montre mirobolant, un vendeur de bagnoles d’occasion, une femme qui pleure : toute une société surgit, faisandée, émouvante, aux ressorts mystérieux, aux héros fantomatiques. Avec une économie exemplaire, Modiano une fois de plus gagne la drôle de partie dont il a inventé, dans le secret de sa mémoire, la règle et l’enjeu, » ce roman est bien dans l’univers fait de brides de souvenirs qui en réveillent d’autres pour recomposer des morceaux de vie enfouis au plus profond de la mémoire.
Mais Patrick Modiano a préféré mettre en exergue ce texte de RL Stevenson tiré de Un chapitre sur les rêves : « Il n’est guère de famille pour peu qu’elle puisse remonter à quatre générations, qui ne prétende avoir des droits sur quelque titre en sommeil ou bien sur quelque château ou domaine, des droits qui ne sauraient être soutenus devant un tribunal mais qui flattent l’imagination et qui écourtent les heures d’oisiveté. Les droits qu’un homme a sur son propre passé sont plus précaires encore. »
On retrouve sans peine dans ce roman l’univers particulier de l’auteur, fait de notations qui, mises bout à bout, prennent alors tout leur sens, ce climat qui se dégage de son parcours, de ces allers-retours, de ces va-et-vient qui sont autant de clés pour le suivre dans les chemins tortueux de la mémoire.
Patoche a grandi ici avec son jeune frère, dans cette maison sans grand caractère, plutôt sympa avec sa façade mangée par le lierre. Dans cette "maison de femmes", on attendait le mythique Eliot Salter, marquis de Caussade, qui reviendrait peut-être un jour dans son château. Leur univers instable est fait de beaucoup plus de questions que de réponses. Dans les souvenirs de Patoche, à côté de la maison e des femmes, il y a aussi ces quelques objets épars, l’étui à cigarettes d’Annie, le sourire de Jean D., la grosse bagnole de Roger Vincent…
Patrick dit Patoche et son frère sont quelque peu livrés à eux-mêmes, leurs parents sont loin, leur mère en tournée, leur père vient les voir de temps en temps. Seules Hélène Toch dite la petite Hélène et Annie s’occupent d’eux, vivant dans cette maison du côté de Villacoublay. Mais elles ont de mauvaises fréquentations à cette époque où la France est occupée, de très mauvaises fréquentations comme Andrée K. qui vient souvent et connaît bien « la bande de la rue Lauriston, » qui les conduiront en prison, laissant les deux enfants livrés à eux-mêmes.
Ainsi, la mémoire flirte avec le mythe et la légendes familiale. Les faits sont vivants, ils évoluent avec les générations, avec le bouche à oreilles qui recrée les événements à l’aune du temps qui passe.
La réalité finalement n’est qu’un prétexte pour se réapproprier l’histoire, sa propre histoire, celle de ses proches, celle de sa famille.
Repères bibliographiques
* La place de l’étoile, prix Roger-Nimier et Fénéon, 1968
* Les boulevards de ceinture, grand prix du roman de l’Académie française, 1972
* Villa triste, prix des libraires, 1975
* Rue des boutiques obscures, prix Goncourt, éditions Gallimard, 189 pages, 1978
* Quartier perdu, éditions Gallimard, 182 pages, 1984
* Dimanches d’août, éditions Gallimard, 161 pages, 1986
* Un cirque passe, éditions Gallimard, 153 pages, 1992
* L'Horizon, éditions Gallimard, 174 pages, 2010
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