Présentation
Grégoire de Tours, C'est notre plus ancien historien, né à Riom vers Clermont-Ferrand en 538 et décédé à Tours en 594, évêque de Tours à l'époque très ancienne du début du Haut Moyen Âge, surtout connu pour son Histoire des Francs.
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Grégoire de Tours Clovis et le vase de Soissons
Il est issu d'un milieu aristocratique -sa famille compte quatre sénateurs- et descendant de Grégoire de Langres. Il grimpe rapidement dans la hiérarchie épiscopale, de diacre à Brioude jusqu'à son élection à l'évêché en 573, probablement protégé par le roi d'Austrasie, Sigebert Ier et sa femme Brunehaut.
Il n'est pas seulement un homme de pouvoir et le montre bien quand il prend la défense de l'évêque Prétextat, accusé de complot contre le roi Chilpéric Ier et la reine Frédégonde malgré les pressions qu'on exerça sur lui.
Anastase début VIe s. Assemblée des dieux Ve s.
L'historien de l'Histoire des francs
Rien ne le prédisposait à devenir historien; Voilà ce qu'il en dit lui-même dans son Histoire des francs : « Aussi beaucoup d'hommes gémissaient disant : « Malheur
à nos jours ! L’étude des lettres périt parmi nous, et on ne trouve
personne qui puisse raconter dans ses écrits les faits d'à présent. »
Voyant cela, j'ai jugé à propos de conserver, bien qu'en un langage
inculte, la mémoire des choses passées, afin qu'elles arrivent à la
connaissance des hommes à venir. Je n'ai pu taire ni les querelles des
méchants ni la vie des gens de bien. »
Grégoire est d'abord évêque et son œuvre s'inscrit dans la tradition d'une culture populaire des miracles, des pèlerinages, des saints et mélange faits historiques et données religieuses.
Il mêle par exemple les actions saintes et la dynastie mérovingienne en une espèce de synthèse, la permixa.
Cet ouvrage considérable, dans tous les sens du terme, se présente ainsi : L'histoire sainte jusqu'à la mort de Saint-Martin, De Saint-Martin (316-397) à Clovis (466-511), jusqu'à Thibert puis jusqu'à Sigebert Ier, roi d’Austrasie (547-575). Les livres suivants englobent les règnes de Childebert II et Gontran, la rivalité des rois Chilpéric (le "mauvais roi") et Gontran (le "bon roi").
Grégoire de Tours : Le vase de Soissons dans L’Histoire des Francs, Vè siècle.
La victoire de Clovis à bataille de Soissons en 486 sur le général romain Syagrius implique la répartition des "prises de guerre" d'où la confiscation du fameux vase chrétien. « En ce temps-là, dit Grégoire, beaucoup d’églises furent pillées par l’armée de Clovis parce qu’il était encore enfoncé dans les erreurs du fanatisme. » [Clovis était alors un païen]
Le contexte historique
L’empire romain a disparu en 476, vaincu par le germain Odoacre et trois royaumes germains, le royaume wisigoth (Toulouse), le royaume Burgonde (entre Lyon et Genève) et le royaume des Francs saliens (Tournai) se partageaient alors une grande partie du territoire gaulois. Mais le franc salien Clovis réussit à être reconnu comme roi des Francs en 481. Entre ses possessions, il reste encore un territoire romain dirigé par Syagrius, avec Reims comme capitale, d'où la guerre et la victoire de Soissons.
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L’anecdote historique selon Grégoire de Tours
À l’époque, il est de tradition que les vainqueurs se répartissent les pillages. Ce qui fut fait, mais Clovis, sur requête de Saint Remi, évêque de Reims, pria Clovis de lui restituer le vase de Soissons
(grand vase liturgique à offrandes richement décoré). Ce qui fut fait
mais un soldat irascible contesta la décision du roi et fendit le vase
de son épée en lui disant : « Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera vraiment ! » .
Un an plus tard, Clovis retrouva le soldat lors d’une
inspection, et l’occit d’un coup de francisque ’épée comme celui qui
avait endommagé le vase, en lui disant : « Ainsi as-tu fait au vase à Soissons ! »
Historiographie de Grégoire de Tours [1]
On n’en
connaît pas plus du contexte, ni le nom de l’église ni celui de l’évêque
ni le lieu, mais l’événement s’est sûrement déroulé du côté de Reims. C’est au siècle suivant que Frédégaire reprend l'anecdote dans sa chronique, ajoutant qu’il s’agit de l’évêque Rémi qui vient lui-même supplier Clovis de lui restituer le vase. Ce même Rémi qui a salué Clovis devenu roi et qui le baptisera ensuite dans sa cathédrale.
La tradition a ensuite largement entériné ce récit. [2]
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Le testament de saint Rémi et l'historiographie contemporaine
D’après son testament [3], Saint-Rémi évoque le fameux vase en ces termes : « Quant
à l’autre vase d’argent qu’a daigné me donner le seigneur roi Clovis
d’illustre mémoire que j’ai reçu dans la fontaine sacrée du baptême pour
que j’en fasse ce que je voulais, toi, mon héritière l’église susdite,
j’ordonne qu’on en fabrique un encensoir et un calice gravé de
représentations… » L’évêque Loup son neveu fut chargé d’exécuter cette clause.
Teneur du récit
Grégoire de Tours a dû retranscrire cette anecdote mais en en faisant une histoire édifiante, sans nous éclairer sur la nature du pouvoir de Clovis, mettre en cause son historicité, sa véracité. On ne peut que constater l'image qu'il veut donner de Clovis : le méchant roi païen qui devint le bon roi converti, un méchant roi qui respecte quand même les clercs.
Notes et références
[1] Le Liber Historiae Francorum précise Grégoire en ne nommant pas l'évêque.
[2] La tradition du récit a repris le nom de Remi comme étant l'évêque.
[3] Voir Michel Rouche, "Clovis", Éditions Fayard, 1996, pp. 478-511
Voir aussi
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<< Christian Broussas, Grégoire Tours 22/07/2024 © • cjb • © >>
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