vendredi 19 juillet 2024

Le comte Amédée IV de Savoie

 Amédée IV de Savoie (1197-1253), Comte de Savoie, d’Aoste et de Maurienne de 1233 à 1253.

https://image.over-blog.com/mWLrtsvuv5thM3i73en3pTb7Xk4=/filters:no_upscale()/image%2F0554531%2F20240718%2Fob_bda3f9_amedee-iv-de-savoie.jpg   Amédée IV de Savoie

Né à Montmélian, fils de Thomas Ier, comte de Savoie, d’Aoste et de Maurienne, et de Marguerite Béatrice de Genève. Partisan de l’empereur Frédéric II dans sa lutte contre la papauté, il reçut de ce dernier les titres de comtes d’Aoste et du Chablais.

Il n'eut de cesse d'agrandir ses domaines, rayonnant aussi bien vers la France, l'Italie que vers l'Empire mais il échoua à s’emparer de Turin. L'historien
  Bernard Demotz le présente comme un homme « moins guerrier que son père, [plutôt] brillant diplomate et bon organisateur. » [1]

Pour éviter toute dispersion de l'héritage, 
Thomas Ier avait organisé une répartition des biens basée sur des cessions d'apanages avec hommage du cadet à son aîné, ce qui renforçait les liens familiaux.

Il épousa en premières noces en 1222 Anne de Bourgogne, fille d’Hugues III, duc de Bourgogne et d’Agnès de Lorraine. Veuf, il se remaria en 1244 avec Cécile de Baux, fille du seigneur des Baux et vicomte de Marseille.

Gestion du comté et stratégies

Stratégie politique et alliances

La politique d'expansion du comté se fit à travers l'action du comté conjuguée à celles menées par ses frères détenteurs de fiefs. En effet, Aymon reçut le Chablais, Thomas le Piémont et Pierre le Bugey. Tous s'évertuèrent à étendre leur territoire comme Pierre qui s'étendit autour du Léman et du Rhône supérieur.
Ses frères s'impliqueront aussi pour rapprocher les
États de Savoie de la Papauté.

Ses frères Guillaume et Boniface entrés dans les Ordres eurent également un rôle important, permettant au comte de se lier au roi d'Angleterre Henri III de Plantagenêt qui épousera en 1236 sa nièce Éléonore de Provence, marquant ainsi l'influence savoyarde en Provence. [2]. De même, il se remariera  avec Cécile des Baux, fille du vicomte de Marseille.
Ainsi, la stratégie familiale mise en place profita largement à chacun de ses contractants.

      Marguerite de Genève

Stratégie juridique
Dès sa prise de pouvoir en 1233, il diffuse
sa
charte des franchises pour mieux s'attacher ses vassaux. Son règne correspond à une époque où le droit romain prendre peu à peu le pas sur le droit coutumier. [3]

Le comté s'appuie de plus en plus sur des juristes et notaires pour la gestion et la rédaction des actes, les testaments désignent souvent un  héritier et les suivants en cas de décès, les chartes des franchises sont désormais rédigées dans cet esprit. Le comte s'entoure de différents juristes pour régler les affaires de ses territoires.

    Frédéric II

Stratégie économique et monétaire
Le comte prend en 1235, deux décisions importantes en matière monétaire, d'abord il renforce la confiance par "des deniers forts", chaque pièce contenant 1,28 grammes d'argent où est gravée sa devise, puis dote son pays d'un réseau d'ateliers monétaires en Savoie, Bresse, Bugey et Val d'Aoste.

A la suite de querelles avec la maison de Genève, il fait condamner en 1237 le comte de Genève à lui verser la coquette somme de 20 000 marcs d'argent puis de gager sa seigneurie d'Arlod dans le Bugey. Il participe largement à la création et au développement des villes de son domaine.

     
 Boniface de Savoie                   Pierre II de Savoie                      Philippe de Savoie

Stratégie diplomatique
L'époque est marquée par une guerre d'influence entre l'empereur et ses partisans qu'on appelle les gibelins et le pape et ses partisans qu'on nomme les guelfes. [4]
Dans la maison de Savoie, le comte est gibelin, pour l'empereur tandis que ses frères Boniface et Philippe sont des guelfes, défenseurs du pape
Innocent IV. Philippe parviendra d'ailleurs par rapprocher la papauté et la Savoie. [5]

La Savoie joue en fait de son influence pour appuyer l'une ou l'autre des deux factions selon son intérêt. Par exemple,  La fille aînée d'Amédée, Béatrice, se remarie avec le fils naturel de l'empereur Manfred Lancia tandis qu'un frère d'Amédée, Thomas II épouse en 1252 Béatrice Fieschi, nièce du pape.


Son fils Boniface lui succède en , sa mère devenant régente. Il décède dix ans plus tard, sans descendance et ce sont ses oncles Pierre II (1263-1268) puis Philippe Ier (1268-1285) qui règneront.

"Deniers forts" de Savoie

Notes et références
[1] Voir Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, 2000, 496 p
[2]
Sa sœur Béatrice de Savoie épousera le comte Raimond-Bérenger IV de Provence.
[3] Pierre Duparc : "La pénétration du droit romain en Savoie (première moitié du XIIIe siècle)", Revue historique de droit français et étranger, Éditions Dalloz, , p. 22-86.
[4] André Palluel-Guillard, "La Maison de Savoie"
[5] Bernard Demotz, "La politique internationale du comté de Savoie durant deux siècles d’expansion (début XIIIe – début XVe siècle", Cahiers d'histoire,

Voir aussi


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<< Christian Broussas, Amédée IV 19/07/2024 © • cjb • © >>
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