Pierrot et le colvert – comptine –
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Pierrot était un garçon désobéissant
Ne tenant pas en place, un vrai garnement
Qui courait la campagne, débusquant les nids,
Traquant sans relâche corbeaux, merles et pies.
Toujours après faire enrager le voisinage,
Très en avance pour un enfant de son âge.
Toujours aux aguets pour ourdir un nouveau coup,
Respirant la santé avec ses bonnes joues,
Il chantait quand ça le prenait, faisait le fou
Appelant sa voisine Lily « viens, on joue. »
"Un jour, il va bien cesser de faire enrager
Le monde, pensait-on, et finir par changer".
« Ô, c’est bien de son âge », rétorquaient les autres,
Plus magnanimes, prêts à pardonner ses fautes.
Mais sa mère bien sûr n’était point de cet avis,
Même si de son fils, elle n'était pas ravie.
« Que vais-je pouvoir en faire de mon Pierrot ?
Mon dieu, soupirait-elle parfois, c’en est trop ! »
Il entraînait parfois Lily dans ses bêtises
Qui entraînait à son tour la petite Lise.
Un jour qu’à son habitude, il se promenait
Dans la campagne alentour longeant des genêts,
Il avisa, à l’écart d’un bois, une mare
Où trônait serein un magnifique canard,
Un de ces colverts altiers, du plus bel effet
Se mirant sans façon dans l’eau et ses reflets.
À demi caché derrière un acacia
Il ramassa des petits cailloux qu’il lança
avec grande précision sur le bel oiseau
Qui s’enfuit comme il put dans les roseaux.
Touché à une aile, apeuré, le volatile
Se tenait les ailes repliées, immobile,
Se faisant tout petit pour se faire oublier,
En ne sachant vraiment plus à quoi se fier
Tressaillant et redoutant le moindre son,
Le moindre crissement lui donnait des frissons.
Mais Jean-Yves le petit copain de Lily,
Malin et agile, un enfant du pays
Connu pour être un amoureux de la Nature
Vraiment soucieux de préserver le futur,
Le surveillait à couvert dans de hauts ajoncs
Pour pouvoir lui donner une bonne leçon.
Avançant à pas de loup le long du plan d’eau,
Évitant les moindres clapotements des flots
Il se glissa sans bruit sous un petit pont.
Accroupi pour ne pas éveiller les soupçons,
Il s’arrêtait parfois, tous ses sens en alerte
Puis repartait en rampant dans des plantes vertes.
Il se glissa derrière le jeune Pierrot,
Content de lui, de son bel exploit, tout fiérot,
Attendant patiemment le moment favorable
Pour réitérer sa prouesse blâmable
Et à l'instant où il voulut recommencer,
D’un coup, il parvint à le déséquilibrer
Brusquement, d’un geste vif, fort bien calculé,
Et à le faire basculer dans l’eau glacée.
Pierrot se débattit, se mettant à hurler
« Venez à mon secours, je ne sais pas nager ! »
Et Jean-Yves avec son âme compatissante,
Jugeant que la leçon était bien suffisante,
le tira hors de l’eau à l’aide d’une gaffe
Et Pierrot détala sans demander son reste,
Bien conscient d’être une petite peste,
Aussi honteux que s’il avait pris une baffe.
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<< Ch.Broussas • Le colvert • 21/11/2023 • >>
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