Référence : Michel Bernard, Les forêts de Ravel, 2015, Éditions Table Ronde, 176 pages
*** À l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance de Ravel ***
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Les forêts de Ravel Biographie de Maurice Ravel : Lhopiteau-Dorfeuille, 1923
Au gré de ses déplacements, il campe dans les forêts, déniche un piano
dans un château… Il y connaît l’envers du décor, la guerre souterraine
et la vie des tranchées, et à l'opposé la quiétude des sous-bois
parfois, le concert des oiseaux dont il goûte le chant mélodieux ou la
beauté des trilles… [1]
De retour de guerre, poursuivre ses œuvres en cours lui devient compliqué : sa musique intérieure n'est plus la même.
« L’Espagne est ma seconde patrie musicale. » Maurice Ravel
Mais cette existence qu'il aime, d'abord parce qu'il se sent utile, ne
dure pas, il perd sa mère ce qui pour lui représente un énorme
traumatisme [2], il tombe malade, est hospitalisé pour dysenterie puis opéré d’une péritonite.
Maurice Ravel va décéder en 1937 d’une maladie cérébrale de plus en plus grave qui affectait aussi bien son élocution que son écriture. Dans les années 1930, il pensera élaborer de nouvelles œuvres mais ne pourra jamais les écrire.
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Ravel avec Nijinski Ravel ambulancier 1916 Ravel avec Igor Stravinski
Ce solitaire - on ne lui connaît aucun liaison, ni masculine ni
féminine, s’installe dans la campagne pour poursuivre ses promenades en
forêt, retourne parfois au Pays basque du côté de Ciboure où il est né. Cette vie alimente sa grande sensibilité, lui permet d'approfondir la musique de Frédéric Chopin, se sentant proche d’Alain Fournier cueilli au début de la guerre à la fleur de l'âge...
« J'ai tant de musique dans la tête. » Maurice Ravel
En matière musicale, Ravel, sans doute influencé par le
chant des oiseaux qu'il aimait particulièrement, est très sensible à la
sonorité des mots et des phrases, à leur musicalité évoquant des thèmes
qu'il peut ensuite transcrire sur une portée. Cette façon de faire
novatrice ne va pas toujours être bien comprise par ses contemporains.
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Ravel avec son chat Mouni
Ravel, portrait de Henri Manguin, 1902 Ravel en 1928
Ravel s'efforce de transcrire dans ses partitions les sonorités du langage. Il est donc normal que Ravel se soit inspiré de différentes œuvres pour les mettre en musique, comme Gaspard de la nuit du poète Aloysius Bertrand, L’enfant et les sortilèges sur un livret de Colette (fantaisie lyrique), Ma mère l'Oye puisé dans des textes de Charles Perrault et de Madame Leprince de Beaumont ou Daphnis et Chloé, tiré du roman de l’écrivain grec Longus.
Maurice Ravel vers 1900
À cet égard, Le compositeur américain Virgil Thomson a écrit : « Ravel avait une vision anti-romantique de la vie. Tous les autres modernistes étaient des enfants du romantisme. Ravel
considérait que l’art à son meilleur était un artifice et que l’artiste
était un artisan. Malgré toute sa clarté, sa lucidité cristalline dans
chaque phrase, la musique de Ravel exprime probablement moins de
sentiments personnels que toute autre musique importante de notre
siècle. »
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Sa maison-musée à Montfort-Lamaury - Sa maison, intérieur
Les forêts de Maurice Ravel
- Celles de Verdun, au son des canons et aussi au chant des oiseaux ; son camion en panne, le bois de Marre, où il « côtoie le cauchemar de la guerre » ;
- Les bois de hêtres sur les Hauts de Meuse, où Alain-Fournier, que Ravel aurait voulu mettre en musique, meurt au combat ;
- Celle de à Lyons-la-Forêt en Normandie lors de sa démobilisation (03.1917) où il termine Tombeau de Couperin ;
- Celle de Rambouillet près de chez de chez lui à Montfort-l’Amaury, son dernier refuge.
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Paul Klee, Illustration de la couverture
Dernière photo de Ravel, 1937
Ravel : « Un cœur passionné empreint d’une suprême pudeur ! » Vladimir Jankélévitch
Jean Échenoz, biographie de Ravel - Éditions de Minuit 2006 -
Il y a une fabrique qu'en ce moment Ravel aime bien regarder, sur le chemin du Vésinet, juste après le pont de Rueil,
elle lui donne des idées. Voilà : il est en train de composer quelque
chose qui relève du travail à la chaîne. Plus tard, un jour qu'il passe
avec son frère près de la fabrique du Vésinet : « Tu vois, lui dit-il,
c'est là, l'usine du "Boléro".
C’est fait pour être dansé. C’est fait pour Ida Rubinstein.
Une dame dans la salle crie au fou, Ravel hoche la tête : « En voilà une qui a compris », dit-il à son frère.
Notes et références
[1] « On
ne pouvait pas dire ce qu’était cette guerre, qui était beaucoup plus
que les morts, les blessures, les cris, la peur et la souffrance. Elle
était un climat sombre, une contrée sinistre, une force qui de l’homme
absorbait toute joie et lui versait à la place, droit au cœur, le lent
poison du désespoir. »
[2] « La
guerre l’avait distrait de lui-même, avant de le soustraire à la vie.
Elle avait bouché tout l’horizon, dévoré tout l’avenir et l’avait livré
tout entier au présent. »
Voir aussi
* Ravel et la forêt -- Ravel et la maladie - Ravel WP --
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<< Christian Broussas - Forêt Ravel - © CJB 08/09/2025 >>
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