La poétesse Anna Élisabeth de Brancovan, comtesse de Noailles (1876-1933) fut beaucoup inspirée par le lac Léman, passant souvent ses étés à Amphion, petit village au bord du lac entre Évian-les-bains et Thonon-les-bains en Haute-Savoie. On trouve dans son œuvre maintes références aux paysages lémaniques, dont elle écrit : « Le lac Léman m'apportait tout, depuis ce nom d'Amphion, donné par un lointain hasard de terroir à notre rive et à notre demeure ».« Elle était plus intelligente, plus malicieuse que personne. Ce poète avait la sagacité psychologique d'un Marcel Proust, l'âpreté d'un Mirbeau, la cruelle netteté d'un Jules Renard. »
— Jean Rostand, préface à Choix de poésies d'Anna de Noailles, 1960
Actuellement, s’élève dans le jardin de la villa Bassaraba où elle résidait à Amphion, un temple votif d’Émilio Terry, son cœur ayant été enterré au cimetière de Publier à côté d’Amphion.
L’écrivain savoyard Henry Bordeaux évoque sa présence à Amphion dans son ouvrage "Portrait de la Savoie par ses écrivains" SIPE Thonon. 1960 :
« Je me souviens, dans mon adolescence, d'avoir remarqué, dans une rue de Thonon, ma ville natale, deux petites filles en robe claire que leur démarche sautillante de gazelle et leurs grands yeux étranges me firent prendre pour des étrangères, et peut-être, sans le luxe de leurs toilettes, pour ces Égyptiennes dorées qui sortent des roulottes et disent la bonne aventure. Comme je m'informai, on me répondit : "Ce sont les petites princesses Brancovan".
Elles passaient leurs étés, et parfois leurs automnes, dans une villa que leur père, un prince roumain, avait fait construire à Amphion, entre Évian et Thonon, et qui reflétait dans les eaux du lac ses couleurs roses. L'une d'elles, plus tard, devait être Anna de Noailles. Et déjà ses grands yeux absorbaient les paysages qui la devaient, si jeune, inspirer.
Car elle a chanté le pays de son enfance dans Les Eblouissements et Les Forces Eternelles. Le lac Léman, devant le rivage où se baigne la villa d'Amphion où elle est née, ne reflète pas que des murailles roses dans la verdure. Une petite fille s'est penchée sur lui et l'eau, pieusement, a gardé son image. »
Le monument d'Amphion
Ces vers d’Anna de Noailles sont gravés sur la colonne centrale du monument votif érigé au bord du lac Léman à Amphion :
« Étranger qui viendra,
Lorsque je serai morte,
Contempler mon lac genevois,
Laisse, que ma ferveur
Dès à présent t'exhorte,
A bien aimer ce que je vois. »
« Qu'elle était heureuse, cette désespérée ! Son génie jouissait de lui-même, à chaque instant de sa vie ; et non pas seulement lorsque, poète, elle cédait, dans le secret, à ses sublimes inspirations; car elle régnait aussi par la parole ».
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<<< Christian Broussas – Feyzin, 11 mai 2014 - <<<< © • cjb • © >>>
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