****** Grazia Deledda et Nuoro (1871-1936) ******
« Nous sommes juste comme les roseaux au vent » (Grazia Deledda, Les roseaux au vent)
Cette autodidacte qui a très tôt arrêté ses études, a réussi à bâtir une œuvre littéraire qui lui a valu de recevoir le prix Nobel de littérature en 1926. Et il est vrai que rien ne la prédisposait à se diriger vers cette vocation qui fut lente à se dessiner puisqu’elle publia d’abord des nouvelles dans de petites revues puis quelques romans sentimentaux.
Finalement,
c’est son départ à Rome avec son mari
en 1900 qui crée en elle ce sentiment nostalgique de son île sarde, [1] de son village de Nuoro, d’autant plus qu’elle y retournera rarement, conservant en
elle les images de sa jeunesse d’un pays à l’écart des courants d’évolution en cette fin de XIXe siècle. Dans son appartement
de Rome, au sein de sa famille, près
de ses sœurs et loin des mondanités, elle écrit ses romans les plus connus [2] et
construit une œuvre constituée de trente romans et de quinze recueils de
nouvelles.
Sa maison natale devenue musée à Nuoro
Sa maison natale devenue musée à Nuoro
A la fin de l'époque naturaliste
vers 1895, dont on peut dire que le vérisme
italien est une variante, Grazia Deledda débute par des
nouvelles et des romans qu'on pourrait qualifier de romantiques, loin des paysages sardes. La littérature italienne se tourne alors vers des auteurs comme Gabriele d'Annunzio qui récusent tout retour au réalisme. Mais Grazia Deledda n'en a cure, se tourne vers la Sardaigne, sa terre natale, qui va continuer de colorer ses romans. Un vériste comme Luigi Capuana qui apprécie sa description du monde sarde, reprochera quand même à Deledda de manquer
d'objectivité.
Grazia Deledda avec ses enfants
Si elle rejoint le vérisme par l'étude des relations sociales et de ses tabous sur son île, la pauvreté endémique et son grand isolement, la part autobiographique qu'elle y inclut l'en écarte, mettant dans ses descriptions plus de souvenirs que de réalisme, les lieux décrits étant surtout le fruit de lointains évocations passées au crible de son imagination.
Comme le souligne Fabienne-Andréa Costa dans la notice biographique de Dans l'ombre, la mère, Grazia Deledda s'attache aux aspects historique et social, à décrire le folklore et les mœurs des sardes mais ceci ne l'empêche nullement de se consacrer à l'étude psychologique de ses personnages.
Grazia Deledda avec ses enfants
Si elle rejoint le vérisme par l'étude des relations sociales et de ses tabous sur son île, la pauvreté endémique et son grand isolement, la part autobiographique qu'elle y inclut l'en écarte, mettant dans ses descriptions plus de souvenirs que de réalisme, les lieux décrits étant surtout le fruit de lointains évocations passées au crible de son imagination.
Comme le souligne Fabienne-Andréa Costa dans la notice biographique de Dans l'ombre, la mère, Grazia Deledda s'attache aux aspects historique et social, à décrire le folklore et les mœurs des sardes mais ceci ne l'empêche nullement de se consacrer à l'étude psychologique de ses personnages.
Ses romans des débuts étaient plutôt "exubérants", beaucoup de personnages, trame narrative complexe, style parfois trop fleuri mais peu à peu elle élague, elle épure, elle affine son analyse psychologique pour brosser des personnages plus "vrais", son style se fait plus direct, plus net. [3] La portée de sa démarche est au-delà de sa peinture minutieuse du milieu sarde et nous offre à chaque étape une tranche de vie, « ce qu’il y a d’humain en elle s’élargit jusqu’à atteindre ce qui est commun à tous et universel. »
Notes et références
[1] Situation comparable dit-on à celle de Verga qui raconte « sa » Sicile depuis Milans an
[2] On peut citer parmi ses principaux romans : Elias Portolu 1903, Cenere (Cendres) l’année suivante, L'Edera (Le Lierre) en 1908, Canne al vento ( Roseaux au vent) en 1913, Marianna Sirca en 1915, L'Incendio nell'oliveto ( L'Incendie dans l'oliveraie) en 1917 ou La Madre ( La Mère) en 1920
[3] « Aujourd’hui, a écrit Ravegnani, Grazia Deledda se refuse l’émotion, et, en se la refusant, elle atteint mieux la plénitude de l’expression artistique. Le drame de son cœur est devenu celui des êtres qu’elle a créés. »
Avec son mari et son fils, Rome, 1905
Bibliographie
Amour royal, 1892 ; Fleur de Sardaigne, 1892 ; Âmes
honnêtes, 1894 ; Contes sardes, 1894 ; Le Chemin du Mal,
1894 ; L’Hôte, 1898 ; Les Tentations, 1899 ; La
Justice, 1899 ; Le Vieux de la Montagne, 1900 ; La
Reine des Ténèbres, 1901 ; Après le Divorce, 1902 ; Elias
Portolù, 1903 ; Cendre, 1904 ; Nostalgies,
1905 ; Les Jeux de la Vie, 1905 ; Notre Patron,
1910 ; Jusqu’à la Frontière, 1910 ; Dans le désert,
1911 ; Clair-obscur, 1912 ; Colombes et Éperviers,
1912 ; La Robe du Veuf, 1913 ; Les Fautes des autres,
1914 ; Marianna Sirca, 1915 ; L’Enfant caché,
1916 ; Roseaux au Vent, 1917 ; L’incendie dans l’Olivette,
1918 ; Le Retour du Fils, 1919 ; La Mère,
1920 ; Le Secret de l’Homme solitaire, 1921 ; Mauvaises
Compagnies, 1921 ; Le Dieu des Vivants, 1922 ; La Flûte
dans le Bois, 1923 ; La Danse du Collier, 1924 ; La
Fuite en Égypte, 1925 ; Le Sceau de l’Amour, 1926 ; Annalena
Bislini, 1927 ; Le Vieux et les Enfants, 1928 ; Le
Trésor, 1928
<<< Christian Broussas – Deledda - Feyzin, 19 /06 /2014 << © • cjb • © >>>
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