Alain Juppé : L'homme, l’économie, l'emploi et le rock'n'roll
Avec sa femme Isabelle à Bordeaux
Pour sa femme Isabelle« Il a l’allure d’un pin des Landes, pas d’un buisson-ardent. » [1]
Comment se démarquer de ses concurrents de droite quand, et surtout en économie, on a quasiment rien de différent et d’original à proposer ? Quadrature du cercle pour Alain Juppé qui n’a dans sa besace économique vraiment pas de quoi réjouir « les classes laborieuses ».
Pour un homme censé être d’abord un économiste, [2] on ne peut pas dire qu’il fasse preuve de beaucoup d’imagination, qu’il tente de présenter des solutions innovantes, se cantonnant dans la litanie des mesures de droite propres à la plupart de ses concurrents : suppression de l'ISF, sortie (autrement dit suppression) des 35 heures avec retour aux 39 heures, retour de l’âge légal de la retraite à 65 ans, suppression de toute charge sur le Smic…
Il en ajoute deux qui restent assez vagues pour l’instant : la réforme du droit du travail et la diminution drastique des dépenses publiques, jusqu’à 100 milliards d’euros sur cinq ans annonce-t-il sans sourciller. Il prévoit aussi la baisse ou au mieux le gel des prestations sociales avec dégressivité des allocations chômage et de tailler 7 milliards d'économies dans l'Assurance maladie.
Par contre, la fiscalité touchant les entreprises devrait diminuer.
Gaël Tchakaloff
Il a présenté au Palais des Congrès ce qu’il a baptisé son programme économique avec cette réplique comme mise en garde : « Cela ne va pas être rock’n’roll, on va parler de choses sérieuses. » Il voudrait selon ses propos « remettre l’entreprise au cœur de l’emploi ». Formule directe, formule politique pour la galerie sans doute, mais plutôt nébuleuse car on ne voit pas bien quelle autre structure pourrait être "au cœur de l’emploi".
Le voilà qui chausse ses lunettes, prend un air de professeur, de donneur de leçons et exhibe tout un tas de graphiques devant un auditoire plutôt clairsemé composé de sympathisants et de patrons. Pas vraiment le style rock’n’roll : pas de veste à franges, pas de santiags… on ne recrute pas dans la "zone". « On va parler de choses sérieuses… pas question de se fendre la poire » précise-t-il. On croyait pourtant qu’on pouvait rire de tout… mais de l'avis de ses proches, [1] il n'est pas "vraiment rock'n'roll" dans la vie quotidienne.
Juppé serait plutôt un as du tournevis : tour de vis sécuritaire dans sa bonne ville de Bordeaux, tour de vis drastique des dépenses publiques, de l’ordre de 85 et 100 milliards d’euros pendant la législature.
L'air plutôt sceptique !
Il en profite pour débiner ses concurrents, François Fillon qui voudrait « casser la baraque » ou Bruno Lemaire qu’il considère comme anti européen. Il se gausse bien sûr de François Hollande et de son fameux « La France va mieux. » Mais rien sur Nicolas Sarkozy… comme s’il fallait pour un temps encore le ménager. Pourtant, son adjointe à Bordeaux Virginie Calmels, confie à la journaliste [1] que « sa stratégie est fondée sur sa différence avec Nicolas Sarkozy. »
Conclusion de Jean-Pierre Raffarin : « On vous avait promis du sérieux, de la crédibilité… », sous-entendu, voilà, vous êtes servis !
Rafarin qui précise dans une interview à Paris-Match que « Alain Juppé n’est ni agité ni flottant. » (Il nous rassure en ajoutant qu'il ne vise personne !)
Tour de vis aussi en ce qui concerne le droit de la nationalité.
Dans la surenchère qui commence à sévir, Alain Juppé vient de proposer une réforme (« une révision » précise-t-il) du droit du sol : Quand un enfant naît « sur le territoire français » (et pas seulement dans un territoire d’outre-mer), il faut, pour être Français, que l’un de ses parents soit, au moment de la naissance, « en situation régulière, c’est à dire par exemple (pourquoi "par exemple" ?) détenteur d’un titre de séjour. »
Revenant sur le livre d’Alain Juppé, Europe 1 titre « Les classes populaires grandes oubliées du programme économique de Juppé » mais les classes moyennes populaires ne sont pas mieux loties car reconnaît l’un des artisans de ce texte, « avec notre potion, les classes moyennes prennent cher. »
Sur un autre plan, son fils Laurent ne le ménage pas [1], c’est le moins qu’on puisse dire : « C’est un handicapé des rapports humains » lâche-t-il d’emblée. Il continue sue le même ton, affirmant que « c’est un être solitaire. Les amis, ce n’est pas important pour lui. La famille, si. Je lui ai présenté certains de mes amis mais il ne s’en souvient pas, il ne se souvient déjà pas des siens. » Il précise ensuite qu’il « a un complexe de supériorité. L’autre est un étranger. Il sait qu’il a une intelligence supérieure, différente. » Portrait qui recoupe fort bien l'image qu'en donnent les médias.
Sa fille Marion se confie aussi [1] sur sa relation avec son père : « Mon père, il ne laisse pas de place aux autres, il n’écoute pas, même en famille. […] L’amour et les sentiments, on n’en parle jamais. J’ai l’impression de n’avoir reçu aucune affection de sa part, dans l’enfance. L’impression d’avoir eu un père trop froid, trop absent, super rigide… »
Lui-même n'a guère d'illusions sur ses aptitudes à la communication et sur ses capacités d'empathie : « Mon grand défaut, c’est l’orgueil. J’ai une assez haute idée de ma personne... »
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[1] Gaël Tchakaloff, "Lapins et merveilles", enquête sur Alain Juppé, éditions Flammarion, 2016
[2] Compétence dites-vous... François Hollande est pourtant issu de l'ENA, de HEC et de la cour des comptes !
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Frères ennemis ?
<<< • • Ch. Broussas, Juppé, Feyzin, 06 juin 2016 - © • cjb • © •• >>>
Avec sa femme Isabelle à Bordeaux
Pour sa femme Isabelle« Il a l’allure d’un pin des Landes, pas d’un buisson-ardent. » [1]
Comment se démarquer de ses concurrents de droite quand, et surtout en économie, on a quasiment rien de différent et d’original à proposer ? Quadrature du cercle pour Alain Juppé qui n’a dans sa besace économique vraiment pas de quoi réjouir « les classes laborieuses ».
Pour un homme censé être d’abord un économiste, [2] on ne peut pas dire qu’il fasse preuve de beaucoup d’imagination, qu’il tente de présenter des solutions innovantes, se cantonnant dans la litanie des mesures de droite propres à la plupart de ses concurrents : suppression de l'ISF, sortie (autrement dit suppression) des 35 heures avec retour aux 39 heures, retour de l’âge légal de la retraite à 65 ans, suppression de toute charge sur le Smic…
Il en ajoute deux qui restent assez vagues pour l’instant : la réforme du droit du travail et la diminution drastique des dépenses publiques, jusqu’à 100 milliards d’euros sur cinq ans annonce-t-il sans sourciller. Il prévoit aussi la baisse ou au mieux le gel des prestations sociales avec dégressivité des allocations chômage et de tailler 7 milliards d'économies dans l'Assurance maladie.
Par contre, la fiscalité touchant les entreprises devrait diminuer.
Gaël Tchakaloff
Il a présenté au Palais des Congrès ce qu’il a baptisé son programme économique avec cette réplique comme mise en garde : « Cela ne va pas être rock’n’roll, on va parler de choses sérieuses. » Il voudrait selon ses propos « remettre l’entreprise au cœur de l’emploi ». Formule directe, formule politique pour la galerie sans doute, mais plutôt nébuleuse car on ne voit pas bien quelle autre structure pourrait être "au cœur de l’emploi".
Le voilà qui chausse ses lunettes, prend un air de professeur, de donneur de leçons et exhibe tout un tas de graphiques devant un auditoire plutôt clairsemé composé de sympathisants et de patrons. Pas vraiment le style rock’n’roll : pas de veste à franges, pas de santiags… on ne recrute pas dans la "zone". « On va parler de choses sérieuses… pas question de se fendre la poire » précise-t-il. On croyait pourtant qu’on pouvait rire de tout… mais de l'avis de ses proches, [1] il n'est pas "vraiment rock'n'roll" dans la vie quotidienne.
Juppé serait plutôt un as du tournevis : tour de vis sécuritaire dans sa bonne ville de Bordeaux, tour de vis drastique des dépenses publiques, de l’ordre de 85 et 100 milliards d’euros pendant la législature.
L'air plutôt sceptique !
Il en profite pour débiner ses concurrents, François Fillon qui voudrait « casser la baraque » ou Bruno Lemaire qu’il considère comme anti européen. Il se gausse bien sûr de François Hollande et de son fameux « La France va mieux. » Mais rien sur Nicolas Sarkozy… comme s’il fallait pour un temps encore le ménager. Pourtant, son adjointe à Bordeaux Virginie Calmels, confie à la journaliste [1] que « sa stratégie est fondée sur sa différence avec Nicolas Sarkozy. »
Conclusion de Jean-Pierre Raffarin : « On vous avait promis du sérieux, de la crédibilité… », sous-entendu, voilà, vous êtes servis !
Rafarin qui précise dans une interview à Paris-Match que « Alain Juppé n’est ni agité ni flottant. » (Il nous rassure en ajoutant qu'il ne vise personne !)
Tour de vis aussi en ce qui concerne le droit de la nationalité.
Dans la surenchère qui commence à sévir, Alain Juppé vient de proposer une réforme (« une révision » précise-t-il) du droit du sol : Quand un enfant naît « sur le territoire français » (et pas seulement dans un territoire d’outre-mer), il faut, pour être Français, que l’un de ses parents soit, au moment de la naissance, « en situation régulière, c’est à dire par exemple (pourquoi "par exemple" ?) détenteur d’un titre de séjour. »
Revenant sur le livre d’Alain Juppé, Europe 1 titre « Les classes populaires grandes oubliées du programme économique de Juppé » mais les classes moyennes populaires ne sont pas mieux loties car reconnaît l’un des artisans de ce texte, « avec notre potion, les classes moyennes prennent cher. »
Sur un autre plan, son fils Laurent ne le ménage pas [1], c’est le moins qu’on puisse dire : « C’est un handicapé des rapports humains » lâche-t-il d’emblée. Il continue sue le même ton, affirmant que « c’est un être solitaire. Les amis, ce n’est pas important pour lui. La famille, si. Je lui ai présenté certains de mes amis mais il ne s’en souvient pas, il ne se souvient déjà pas des siens. » Il précise ensuite qu’il « a un complexe de supériorité. L’autre est un étranger. Il sait qu’il a une intelligence supérieure, différente. » Portrait qui recoupe fort bien l'image qu'en donnent les médias.
Sa fille Marion se confie aussi [1] sur sa relation avec son père : « Mon père, il ne laisse pas de place aux autres, il n’écoute pas, même en famille. […] L’amour et les sentiments, on n’en parle jamais. J’ai l’impression de n’avoir reçu aucune affection de sa part, dans l’enfance. L’impression d’avoir eu un père trop froid, trop absent, super rigide… »
Lui-même n'a guère d'illusions sur ses aptitudes à la communication et sur ses capacités d'empathie : « Mon grand défaut, c’est l’orgueil. J’ai une assez haute idée de ma personne... »
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[1] Gaël Tchakaloff, "Lapins et merveilles", enquête sur Alain Juppé, éditions Flammarion, 2016
[2] Compétence dites-vous... François Hollande est pourtant issu de l'ENA, de HEC et de la cour des comptes !
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Frères ennemis ?
<<< • • Ch. Broussas, Juppé, Feyzin, 06 juin 2016 - © • cjb • © •• >>>
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