Référence : Mac Lambron, Les menteurs, éditions Grasset, 336 pages, 2004

« Nous ne sommes pas des personnages de roman, mais des personnages de mémoires. »

Trente ans qu’ils ne se sont pas vus mais qui sont-ils vraiment au-delà du mensonge des apparences ?  Ils se retrouvent dans les jardins de l'Observatoire, pleins de nostalgie. Trois amis, Karine, Claire et Pierre, membres en 1975 de la même hypokhâgne au Lycée du Parc à Lyon.

          
                                           Marc Lambron et sa compagne Delphine Marang

Sur la photo de classe, Claire est teinte au henné et porte des jupes gitanes. Karine, qu’on appelle « la reine de glace » pour sa froideur, son côté « Botticelli blafard », rêve à l’ambiance des défilés de mode. Pierre cache sous ses allures de dandy les ambitions d'un homme cultivé.
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Des mensonges certes mais qui valent mieux que la mauvaise foi et la duplicité de certains car, écrit-il, « j'ai trouvé plus de vérité dans ces mensonges que dans les proclamations des chevaliers du bien qui chevauchent notre époque comme une jument corvéable. »
Rétrospectivement, « au fil des années, j'ai compris le dérisoire de nos tourments : nous nous pensions uniques alors que nous étions typiques. »

On les suit à travers leurs témoignages qui ressuscitent la désillusion de jeunes gens débutant leurs études à l’aune d’un structuralisme alors en vogue pour aboutie à la télé-réalité. Quel chemin parcouru ! Tout y passe, l’université, la presse, la mode, la politique, jusqu’à la télévision et au sexe avec le regard appuyé et ironique de l’auteur qui met l’accent sur ce basculement d'Althusser aux miss. Toute une époque qui nous conduit sur le campus de Berkeley, à Madrid au temps de la Movida, à la fac sous les auspices de Michel Foucault et s’affaisse dans les affaires et la morosité. La prédominance de la langue dans les années 60-70 avec la French Theory en philosophie par exemple laisse ensuite place à la primauté de l’argent.

     
                                                                         Marc Lambron chez sa mère à Lyon

Chronique douce amer donc, qui trace à travers le récit de ces trois quinquagénaires l’évolution de la société française de cette « génération sans qualités » selon Michel Houellebecq, dont il écrit que « nos parents avaient le monopole des souffrances de la guerre, nos grands frères avaient le monopole de Mai 68, nos petits frères le monopole de l'esprit d'entreprise et les gens encore plus jeunes le monopole du trash. Moi, je n'ai le monopole de rien.» 

Par rapport à leur rapport au monde, il écrira : « Nous avons fini par opposer à la cruauté du monde le secret de nos vies privées. Si elles sont heureuses, c'est une amulette contre l'amertume : la vérité est plus triste que nous. »


Une chronique un brin désenchantée...  « Il avait existé un temps fragile où... les attitudes libertaires tendaient à prévaloir, accompagnées de codes de comportement qui valorisaient la gentillesse, le voyage initiatique, l’indifférence à l’argent, le principe d’amitié. »  
Toute une jeunesse qui voulait conjurer « les fantômes de la guerre, de l’esprit de possession, des rivalités de classes. Cela avait fait long feu, mais cela avait existé. » 

Selon Le Littéraire.com, Marc Lam­bron offre avec Les Men­teurs « un impeccable por­trait, sous-tendu de for­mules chocs, de ce que nous avons été et donc de ce que nous serons. »

Mes fiches sur Marc Lambron :
Marc Lambron, 1941Une saison sur la terre -- Les menteurs --
* Étrangers dans la nuit L’œil du silence --


                   
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