Référence : Éric Vuillard, "La guerre des pauvres", éditions Actes sud, collection Un endroit où aller, 80 pages, janvier 2019
« Si on considère que l’histoire n’est pas terminée, on la raconte autrement. » Éric Vuillard
Les pauvres s'en tiennent généralement aux jacqueries, espèces d’éruptions boutonneuses qui passent comme elles sont venues, laissant quand même au passage quelques dégâts. Mais là, ce fut plus sérieux. Comme l’écrit Éric Vuillard à propos de la religion, « on avait du mal à comprendre pourquoi Dieu, le dieu des mendiants, crucifié entre deux voleurs, avait besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tellement de luxe, on éprouvait parfois une gêne. Pourquoi le dieu des pauvres était-il si bizarrement du côté des riches, avec les riches sans cesse ? Pourquoi parlait-il de tout laisser depuis la bouche de ceux qui avaient tout pris ? »
Question salutaire précédant d’autres questions tout aussi intéressantes. C’était il y a bien longtemps, entre le 14e et le 16e siècle, centrée sur la révolte paysanne allemande de 1525, développée autour de la figure charismatique de Thomas Müntzer.
Cette grande révolte de la paysannerie allemande au début du XVIe siècle, avait particulièrement intéressée Friedrich Engels, qui en avait fait un thème de sa « Guerre des paysans en Allemagne » publié en 1850, peu de temps après la publication du « Manifeste du parti communiste » écrit avec Karl Marx.
Thomas Müntzer Le sermon aux princes
Le prêcheur protestant Thomas Müntzer, l’une des figures majeures de cette révolte, dont on peut considérer son « Sermon aux Princes » de 1524 comme le manifeste, fut aussi le centre d’un ouvrage d’Ernst Bloch, « Thomas Müntzer, théologien de la révolution » publié en 1921.
Le "peuple" a décidé de se soulever contre l'injustice sociale et fiscale qu'on lui imposait. Un "peuple" conduit par des gens pas forcément très connus qui ont pour nom John Wyclif et son disciple John Ball, Jan Hus, Wat Tyler et la révolte des paysans, Jack Cade, les frères Merfold dans le Sussex ou Thomas Müntzer.
John Wyclif, 1330-84 Wat Tyler x-1381 Jan Hus 1369-1415
Rien à voir bien sûr à ce qui se passe dans notre monde contemporain mais avec son style si personnel et si efficace, Éric Vuillard nous montre que les mots peuvent avoir un impact important contre toute forme de tyrannie et de dictature. Pour lui, l’écriture doit participer à la réflexion sur l’évolution des sociétés. Mais rappelle-t-il aussi, « l’écriture n’affranchit pas de la loi du monde. »
La bataille d’Occident Thomas Müntzer et la bataille de Frankenhausen
Voir aussi
* Éric Vuillard L’ordre du jour --
* Accès à la catégorie Prix Goncourt --
** Renaissance et humanisme en Europe aux XVe et XVIe siècles --
<<< •• Christian Broussas – Vuillard - 15/01/2019 -© • cjb •• © >>
« Si on considère que l’histoire n’est pas terminée, on la raconte autrement. » Éric Vuillard
Les pauvres s'en tiennent généralement aux jacqueries, espèces d’éruptions boutonneuses qui passent comme elles sont venues, laissant quand même au passage quelques dégâts. Mais là, ce fut plus sérieux. Comme l’écrit Éric Vuillard à propos de la religion, « on avait du mal à comprendre pourquoi Dieu, le dieu des mendiants, crucifié entre deux voleurs, avait besoin de tant d’éclat, pourquoi ses ministres avaient besoin de tellement de luxe, on éprouvait parfois une gêne. Pourquoi le dieu des pauvres était-il si bizarrement du côté des riches, avec les riches sans cesse ? Pourquoi parlait-il de tout laisser depuis la bouche de ceux qui avaient tout pris ? »
Question salutaire précédant d’autres questions tout aussi intéressantes. C’était il y a bien longtemps, entre le 14e et le 16e siècle, centrée sur la révolte paysanne allemande de 1525, développée autour de la figure charismatique de Thomas Müntzer.
Cette grande révolte de la paysannerie allemande au début du XVIe siècle, avait particulièrement intéressée Friedrich Engels, qui en avait fait un thème de sa « Guerre des paysans en Allemagne » publié en 1850, peu de temps après la publication du « Manifeste du parti communiste » écrit avec Karl Marx.
Thomas Müntzer Le sermon aux princes
Le prêcheur protestant Thomas Müntzer, l’une des figures majeures de cette révolte, dont on peut considérer son « Sermon aux Princes » de 1524 comme le manifeste, fut aussi le centre d’un ouvrage d’Ernst Bloch, « Thomas Müntzer, théologien de la révolution » publié en 1921.
Le "peuple" a décidé de se soulever contre l'injustice sociale et fiscale qu'on lui imposait. Un "peuple" conduit par des gens pas forcément très connus qui ont pour nom John Wyclif et son disciple John Ball, Jan Hus, Wat Tyler et la révolte des paysans, Jack Cade, les frères Merfold dans le Sussex ou Thomas Müntzer.
John Wyclif, 1330-84 Wat Tyler x-1381 Jan Hus 1369-1415
Rien à voir bien sûr à ce qui se passe dans notre monde contemporain mais avec son style si personnel et si efficace, Éric Vuillard nous montre que les mots peuvent avoir un impact important contre toute forme de tyrannie et de dictature. Pour lui, l’écriture doit participer à la réflexion sur l’évolution des sociétés. Mais rappelle-t-il aussi, « l’écriture n’affranchit pas de la loi du monde. »
La bataille d’Occident Thomas Müntzer et la bataille de Frankenhausen
Voir aussi
* Éric Vuillard L’ordre du jour --
* Accès à la catégorie Prix Goncourt --
** Renaissance et humanisme en Europe aux XVe et XVIe siècles --
<<< •• Christian Broussas – Vuillard - 15/01/2019 -© • cjb •• © >>
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