dimanche 14 juillet 2019

Alexandre Jardin Le roman vrai d'Alexandre

Alexandre Jardin tombe le masque

Référence : Alexandre Jardin, « Le roman vrai d'Alexandre », éditions de l'Observatoire, 313 pages, 2019

               

Tout écrivain est un menteur disait Bernard Clavel. Alexandre Jardin semble pousser cette fois-ci le bouchon jusqu’à la mythomanie… à moins que ce ne soit une histoire de marketing comme le susurre certains critiques. 



Alexandre Jardin nous avait déjà dans , brossé un portrait de sa famille pas triste qu'il a retranscrit dans une trilogie, La saga des Jardin constituée de Le Zubial, Le roman des Jardin et Chaque femme est un roman (voir ci-dessous), auxquels il faut ajouter Des gens très bien paru en 2011, portrait et itinéraire  de son grand-père Jean Jardin.
« Avec la famille Jardin, écrivait-il alors, j'ai un compte d'admiration à solder, mais aussi un compte de colère à régler. »

 
               
Le roman des Jardin               Le Zubial  


D'abord le père, surnommé Le Zubial, auréolé de sa gloire littéraire, mort jeune dont on lui cache la maladie. [1] Souvenir douloureux : ajoute « J'ai caché à tout le monde, pendant un été, la mort de mon père. J'étais seul en Irlande, j'ai tenté de me tuer, Dieu merci on m'a récupéré et à ce moment-là j'ai commencé à m'inventer un père, un père imaginaire, pour arriver à supporter la réalité »

      
                                   Ses parents

 

Puis la mère, héroïne de son livre Ma mère avait raison, où le romancier dresse le portrait d'une mère aussi fantasque que flamboyante. Une croqueuse d’hommes qui a été avec ses enfants d’une folle exigence… et d’une incroyable inconséquence. 

Enfin un grand-père vraiment peu recommandable, surnommé Le nain jaune, chef de cabinet de Pierre Laval pendant la guerre, accusé d’avoir joué un rôle majeur dans la rafle du Vel’div. Il écrira sa biographie dans un livre sans concession intitulé Des gens très bien. Ce livre représente, écrit-il, « le carnet de bord de ma lente lucidité. » Il se demande ce qui pouvait bien se passer dans la tête de ce grand-père pour qu’il puisse vivre avec les images des milliers d’enfants sacrifiés à la rafle du Vél d’Hiv, quelle devait être la réalité accessible à l’esprit.

    

Alors, sa famille il va l’inventer, loin de cette vérité qui lui échappe, faite de secrets et de silences, il dit sans ambages que ses livres « sont des mensonges absolus sur ma famille. » Et il ajoute : « C'est pour cela que j'écris Le roman vrai d'Alexandre, pour montrer que l'on peut devenir quelqu'un de réel »

Il donnait le change, au nom du paraître, toujours rieur car dit-il, « Je jouais la comédie du bonheur, alors que j’étais dépressif. Je laissais croire que j’étais un grand amoureux, un compagnon fantasque, alors que j’avais une vie conjugale sans éclat. Les menteurs ont d’ailleurs toujours une libido en carafe ; sinon, c’est qu’ils font de la sexualité un antidépresseur ! »

Sa thérapie, c’est ce roman où il se met à nu après trente années de mensonges. Et malgré tout, ses lecteurs ne lui en veulent pas, « qu’ils continueront de me suivre » même s’il a été obligé de changer d’éditeur, le précédent refusant de le suivre dans ce reniement ou cet aveu libérateur, comme on veut…



Double-coeur                        Fanfan                      Le Zèbre


Notes et références
[1]
Pascal Jardin, écrivain et scénariste, auteur de "Le nain jaune" et "La guerre à neuf ans", est décédé en 1980 à 46 ans d'un cancer.


Voir mes articles sur l'auteur :
Alexandre Jardin et son oeuvre -- Le roman vrai d'Alexandre --
* Quinze ans après -- Des gens très bien  -- Juste une fois --
* Ma mère avait raison --


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