Référence : Henri de Montvillier, Michel Onfray, le tribun de la plèbe, Introduction à sa pensée politique, Les éditions de l’Observatoire, hors collection, 144 pages, 2019

« Ce pouvoir que Paris inflige à la province, on doit en finir avec ça, on doit pouvoir laisser la parole au peuple» Interview, 11 avril 2017

    

L’objectif d’Henri de Montvillier est de démontrer que la pensée de Michel Onfray n’a jamais varié, qu’il n’est pas passé, contrairement aux allégations de certains journalistes, de la gauche au camp de la réaction ou même à la droite la plus dure. Au contraire, dans son essence elle est toujours la même, inspirée par deux écrivains dont il se sent très proche, Nietzsche et de Camus. [1] 


À partir de leur pensée/parcours, il a élaboré une pensée de gauche libertaire qui se veut pourtant réaliste. Il rejette ainsi aussi bien une gauche qui ne renie pas le libéralisme qu’une gauche autoritaire tentée par le marxisme.

      

Michel Onfray part des aspirations du peuple –sans doute les connaît-il mieux que la plupart de ses confrères- intervenant dans le débat public avec ses formules tranchantes et son bagout qui ne plaît pas à tout le monde. Éric Fottorino dit de lui : « C'est toujours la même voix qui parle, tissée de savoirs et de révoltes, à fleur de peau et de conscience. Une voix engagée dont la spontanéité ne va jamais sans l'étude approfondie des textes, des idées, sans concession ni facilité. »
 
Il a en particulier exprimé sa pensée dans cette formule « Défendre son peuple, sa nation, son existence, son identité, ça n’est pas être xénophobe, » et dans son livre intitulé "La parole au peuple".

          

Être tribun du peuple, signifie d’abord affirmer sa fidélité au peuple d’où il vient, et dans la réalité être un exemple, initier des actions qui l’ancreront vraiment à gauche sans qu’on puisse lui contester ce qu’il est et ce qu’il fait. L’Université populaire ou celle du goût en sont les deux exemples les plus symboliques.

Il veut proposer un projet politique rompant avec les politiques traditionnelles de la gauche pour redonner le pouvoir au peuple, pouvoir confisqué par la bourgeoisie dominante depuis la Révolution française. Pendant la campagne présidentielle de 2017, il disait dans une interview qu'il fallait « Redonner un vrai pouvoir aux mairies, un vrai pouvoir aux départements, repenser la question des régions en terme de Parlement, penser l'État aussi de manière libertaire... »

    
De plus, par définition, le tribun s’érige en porte parole de ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix, il est « la voix des sans-voix », celui en qui ils se reconnaissent. Et les gens ont tendance à le remercier pour son implication, à s’identifier à la personne et au discours du philosophe.

Ce besoin d’être compris et représenté montre bien les manques de la démocratie française, les limites du scrutin majoritaire, le pessimisme vis-à-vis de la classe politique, l’éloignement de la bureaucratie européenne.

         

Le résultat de cette situation est assez simple : de plus en plus d’électeurs refusent de voter ou préfèrent voter blanc. Exemple parmi d’autres : plus de 56 % d’abstention au second tour de la présidentielle de 2017, soit quelque 25 millions d’électeurs. Sans compter tous ceux, comme Michel Onfray, qui ne sont même plus inscrits sur les listes électorales.

      

En contrepartie, le tribun se doit d’être sans taches, d’une droiture absolue tout en montrant du doigt les compromissions, les promesses faciles ou la béance entre discours et réalité, les scandales qui entachent tout le personnel politique. Michel Onfray adore pratiquer "la chronique d’actualité" à l’occasion d’interventions à la radio et la télé ou d’interviews dans la presse écrite ou également de façon plus structurée dans des chroniques qui lui permettent de s’exprimer sur des faits d’actualité.

       

Notes et références
[1] * Voir en particulier ma fiche intitulées Onfray et Nietzsche -- Michel Onfray et Albert Camus -


Voir aussi
* Accès à mon site Catégorie Michel Onfray --
* Voir en particulier ma fiche Michel Onfray, Camus et l'ordre libertaire -

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