lundi 7 septembre 2020

Yasmina Khadra, Le sel de tous les oublis

 Référence : Yasmina Khadra, Le sel de tous les oublis, éditions Julliard, août 2020

     

L’écrivain algérien francophone Yasmina Khadra publie Le sel de tous les oublis qui raconte l’errance d’un homme et les destins brisés au lendemain de la guerre d’Algérie. On y retrouve son obsession de « reconstruire les passerelles naturelles qui existent entre l’Orient et l’Occident » à travers des destins bouleversés par les tribulations de l’histoire.

Adem est instituteur dans la région d’Alger. Comme sa femme l’a quitté, il décide de partir, de prendre la route au fil de ses envies, sans but particulier. Au cours de son voyage, Il vivra de belles rencontres, partageant croyances et rêves pour une Algérie indépendante , verra de près la misère, en fait à la recherche de lui-même, même s’il a du mal à se l’avouer.

      
                                         Yasmina Khadra et Boualem Sansal

Cette Algérie fraîchement indépendante est omniprésente dans le roman et les protagonistes répugnent à remuer un passé douloureux,  à rouvrir des blessures à peines cicatrisées et cachant des fantômes qui peuvent ressurgir sans crier gare.
Adem en fera les frais.

Effectivement, Adem est un homme blessé qui a du mal à communiquer avec les gens qu’il rencontre tout au long de ses pérégrinations. On y côtoie par exemple pêle-mêle  un ancien forçat, un nain ermite, des tenanciers de bar et de hammams, des malades au fond d’un asile, que la vie a laissé ici ou là et que chacun supporte avec ses moyens.

   

On se doute des raisons de leurs difficultés à vivre, une guerre n’est jamais innocente, mais en tout cas, elles représentent un révélateur de la réalité,  dans une situation délicate d’une après guerre où il faut inventer un avenir.
Pour l’auteur, ces vies qu’il brosse sont des exemples, des symboles des individus que chaque société a tendance à laisser sur le côté de la route. 

      

Au-delà de la démarche d’Adem, témoin de son époque, c’est bien de l’avenir de l’Algérie dont il est question. Celui d’un pays qui émerge, gérant difficilement sa complexité.  Adem a représente aussi le côté moderniste et urbain de la société algérienne, plutôt rationnel que religieux, en bute aux traditionnalistes. On se trouve face à une société de rupture prônant l’éducation des jeunes et l’émancipation des femmes.

Khadra pense que seul un amour partagé peut sauver ceux qui parviennent à s'accepter. « La vie est un navire qui ne possède pas de marche arrière. Si on n'a pas fait le plein d’amour, c’est la cale sèche garantie au port des soupirs. Lorsqu’on échoue là où les voiles sont en berne, on s’en veut amèrement de n’avoir pas laissé grand chose pour ses vieux jours. »


Yasmina Khadra, Frédérique Deghelt et Éric Orsenna

Voir mes fichiers sur l'auteur
* Le sel de tous les oublis -- Les hirondelles de Kaboul --
*
L'Olympe des infortunes -- L'outrage fait à Sarah Ikker --

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