mardi 10 novembre 2020

Itinéraire de George Orwell

George Orwell, l’homme d’un seul livre 1984, allez, de deux si vous voulez avec La ferme des animaux. Mais non, l’homme est très complexe et son œuvre protéiforme. Il aurait pu rester ce qu’il était dans sa jeunesse mais il a réussi à s'extraire de la condition où on aurait volontiers voulu le cantonner.


                                               Sa statue à Londres        Sa carte de journaliste

Au-delà de son style et d’un esprit parfois assez visionnaire, ce qui surprend chez lui est une honnêteté intellectuelle qui donne toute la force à sa pensée et à ses textes, même parmi les moins connus. Il apparaît tout à la fois lucide, sans concession et a contrario pourrait-on dire, comme un homme engagé qui vibre aux problèmes de son époque et qui choisit franchement sa voie.

Il a sans restrictions dénoncé l'impérialisme et le colonialisme, la pauvreté et le rôle du capitalisme dans ce mécanisme qu’il connaît très bien pour l’avoir vécu de l’intérieur. Il s’appuie ainsi sur la réalité, en témoin de son époque, de ces mouvements pour développer sa pensée. Il s'engage dans la guerre civile espagnole en 1936 sans se poser de questions, il sait d’emblée où est sa place et il l’écrira sans ambiguïté. Les événements qu’il a vécus l’ont profondément marqué et ont aussi largement influencé son œuvre.

   

Il a débuté au collège d'Eton, comme boursier parmi l'élite britannique, puis part en Birmanie où finalement il se sentira comme un simple rouage au service de l’impérialisme anglais, ira s’immerger dans les milieux ouvriers de Manchester et de Paris et y côtoiera les taudis et la misère.

            
Sa maison-musée à Katha en Birmanie

Il assistera également en Espagne, à Barcelone en particulier aux luttes intestines  entre les courants constituant la République espagnole, une véritable guerre entre les communistes et les anarchistes. On le retrouvera enfin sur l'île écossaise de Jura où, malgré ses problèmes personnels,  il parviendra à mettre un point final à 1984.

   

Après ses incursions dans les bas-fonds de plusieurs métropoles, sans argent, il est contraint d’accepter un poste d'enseignant dans une école privée, à Hayes dans le Middlesex où il achève d’écrire Dans la Dèche à Paris et à Londres, qui paraît en 1933. Pour éviter de lier son nom à un échec éventuel, il prend le pseudonyme de George Orwell. Après ce succès d’estime, il publie Une histoire birmane dont son éditeur craint d’être confronté à un procès en diffamation. À cette période, Orwell s'enthousiasme pour l'Ulysse de James Joyce qui va largement l’influencer.

Orwell est assez critique avec son deuxième roman, Une fille de pasteur, dont il dira que : « c'était une bonne idée mais je crains de l'avoir complètement gâchée. » C’est pour satisfaire à une commande de son éditeur qu’il se rend dans le Nord de l'Angleterre et étudie les conditions de vie des mineurs dont il tirera l’un de ses meilleurs romans, Le Quai de Wigan. Ce roman va susciter de nombreuses réactions au fait qu’Orwell essaie de savoir pourquoi la gauche ne parvient pas à rallier  à sa cause la classe ouvrière.  



Mais cette expérience va aussi ancrer Orwell dans la cause socialiste depuis qu’il a été confronté au  spectacle de l'injustice sociale et de la misère du prolétariat anglais.

Ce roman, avec Dans la dèche à Paris et à Londres, constitue une véritable expérience, basée sur son désir de se fondre dans le milieu ouvrier dont il défend le mode de vie, vivant par là-même dans une grande indigence et connaîtra l’humilité et la privation. [1]

C'est pendant la Seconde guerre mondiale dans Les Lettres de Londres qu'il défend l'idée qu'une victoire devait passer par une Révolution sociale, la guerre touchant surtout les moins riches. Il prolonge sa réflexion dans on essai intitulé Le Lion et la Licorne, qui paraît en 1941, où il préconise de nationaliser les grands moyens de production, instaurer une échelle des revenus allant de un à dix, d'instaurer une démocratie socialiste et révolutionnaire. Fin 1943, il écrit dans un article que le socialisme doit contribuer à améliorer le monde, et qu'il est nécessaire de « dissocier le socialisme de l’utopie. »

    
Orwell avec son fils Richard en 1946      Orwell à la BBC

La Ferme des animaux qui paraît en août 1945 est plutôt mal accueilli pour sa critique du communisme. Il part en Allemagne comme envoyé spécial mais revenu en Angleterre pour le décès de sa femme, il débute la rédaction de 1984. Il milite pour défendre les libertés aussi bien individuelles que collectives et met en garde contre les atteintes écologiques à la planète après des années d’érosion du sol et de gaspillage des ressources.

Lui-même est maintenant malade, miné par la tuberculose, il s'éteint à Londres le 21 janvier 1950 alors qu'il prenait des notes en vue d'un futur ouvrage.

Notes et références
[1] Voir la biographie de son ami George Woodcock intitulée "Orwell à sa guise", La vie et l'oeuvre d'un esprit libre, éditions Lux, traduction Nicolas Calvé, 418 pages, octobre 2020 pour la version française

Voir aussi Catérorie UK 2020
* Salman Rushdie, Quichotte -- Julian Barnes L'homme en rouge --
* Katakis, Ernest Hemingway, Archives d'une vie --
* Onfray Théorie de la dictature, Orwell et l’Empire maastrichien --

----------------------------------------------------------------------
<< Ch. Broussas, George Orwell 23/10/2020 © • cjb • © >>
----------------------------------------------------------------------

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire