mardi 17 novembre 2020

Philippe d'Orléans et la Régence

 L’époque de la Régence

        
Philippe d'Orléans  d'après Santerre    Philippe d'Orléans enfant  
Philippe d'Orléans en 1717

À la mort de Louis XIV en 1715, la France qui sort de la guerre de succession d’Espagne, est exsangue. Philippe d’Orléans, le neveu de Louis  XIV qui exerce la Régence pendant la minorité de futur Louis XV, devait relever un considérable défi : Sauvegarder la puissance du royaume tout en relevant une économie détruite par les guerres à répétition.

Ce qu’on a en général retenu du Régent n’a rien de très reluisant : un libertin régnant sur les plaisirs d’une cour aussi raffinée que corrompue, organisant de « petits soupers » et ainsi incarnant dans sa personne l’époque festive et insouciante que fut la Régence. Son profil complexe est difficile à définir. Montesquieu par exemple a écrit de lui qu’il était « indéfinissable ».

       
Mémoires de Mme de Staal au temps de la Régence
Le Régent, biographies de Jean-Christian Petitfils et Alexandre Dupilet

Le Régent a compris que la France avait alors un besoin urgent de paix, ne serait-ce que pour reconstituer ses capacités socio-économiques et consolider les conquêtes du règne précédent.
On le voit très bien dans la dernière biographie que lui a consacrée l’historien Alexandre Dupilet. [1]

Le futur Régent n’était au départ promis à aucun avenir particulier. Dans sa jeunesse, sous Louis XIV, Il se contentait de montrer sa bravoure à la guerre, de constituer de belles collections, d'être mélomane [6] et de promener son ennui  à hanter les splendeurs de Saint-Cloud et du Palais-Royal.

     
Françoise Marie de Bourbon, femme du Régent par  Gobert
La princesse Palatine, mère du Régent par Rigaud
Marie-Madelaine de la Vieiville de Parabère, maîtresse du Régent par Rigaud

Mais le destin en décida autrement, décimant l’entoure du roi à qui il ne restait à sa mort pour héritier qu’un enfant de cinq ans. C’est ainsi qu’il devint Régent et gouverna la France durant huit ans, de 1715 à 1723. Et c’est ainsi qu’il donna toute sa mesure et promut de nombreuses réformes assez novatrices, comme la polysynodie [2] et le système financière de Law

    Pièce à l'effigie du Régent 

Pour prolonger la paix, il s’allie avec l’Angleterre, l’ennemie de Louis XIV pour conforter un pouvoir royal qu’il transmettra à Louis XV.  Ce qui fait dire à Alexandre Dupilet [1] que Philippe d’Orléans , loin d’annoncer le Siècle des Lumières, fut bien l’héritier du Roi-Soleil.

          
Philippe d’Orléans en 1673           Le Régent et Mme de Pérabère

L'imposante biographie plus ancienne (2013) de Jean-Christian Petitfils [3] brosse un panorama assez comparable de la Régence. Il met d'abord l'accent sur l'attitude négative de Louis XIV à l'égard de son neveu, lui préférant des proches ou même ses enfants bâtards pour conduire les armées, ce qui eu des effets déplorables. Les difficultés de sa prise de pouvoir en 1715 expliquent sans doute largement l'instauration du système de la polysynodie. [4]

  
Baptiste Capefigue         Alexandre Dupilet  Le Régent, mécène-musicien

Jean-Christian Petitfils insiste aussi sur l’importance de l’abbé Dubois, mentor puis principal ministre du Régent, qui fut élevé au rang de cardinal. Il fut un homme de grande ambition et de grande intelligence, lui qui était de naissance très modeste et s’éleva jusqu’à devenir indispensable au Régent[5]

Il insiste également sur la politique financière de la Régence, particulièrement crucial quand on sait le poids que joua la finance dans le processus révolutionnaire, les espoirs que suscita le système de l’écossais Law et les déconvenues finales.

L’historien Jean Meyer le surnommait « Le Sphinx » [7] et effectivement, Philippe d’Orléans apparaît comme un homme assez mystérieux, difficile à saisir dont on possède très peu de portraits, preuve ce portrait de Van Loo dont on n’est pas sûr qu’il soit de lui ni que ce soit bien le Régent qui y soit représenté ou son fils le duc de Chartres…  

      
Philippe d'Orléans par Van Loo    John Law     Le cardinal Dubois, Rigaud

Notes et références
[1]
Alexandre Dupilet, Le Régent. Philippe d'Orélans, l'héritier du Roi-Soleil, éditions  Tallandier, 496 pages, 2020

[2] La polysynodie est un système de gouvernement par conseils (remplaçant les secrétaires d’état),  instauré par Philippe d’Orléans au début de sa Régence de 1715 à 1718.
[3] Jean-Christian Petitfils, Le Régent, éditions  Fayard, 992 pages, 10/2013
[4]
Sur cette question, voir un autre ouvrage d'Alexandre Dupilet "La Régence absolue : Philippe d'Orléans et la polysynodie" suivi du "Dictionnaire de la polysynodie", Champ Vallon, 436 pages, 2011
[5] Alexandre Dupi­let, Le car­di­nal Dubois. Le génie poli­tique de la Régence, éditions Tal­lan­dier, 410 pages, février 2015
[6] Voir Jean-Paul Montagnier, Un mécène-musicien, Philippe d'Orléans, régent (1674-1723), Auguste Zurfluh, coll. « Le Temps musical », 152 pages, 1996
[7] Jean Meyer, Le Régent, Paris, éditions Ramsay, 1985, voir aussi du même auteur, La vie quotidienne en France au temps de la Régence, Hachette, 1979

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<< Ch. Broussas, La Régence 12/11/2020 © • cjb • © >>
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