Référence : Éric-Emmanuel Schmitt, La traversée des temps, Paradis perdus - tome 1, éditions Albin Michel, 576 pages, février 2021
Éric-Emmanuel Schmitt s’était déjà lancé dans un cycle romanesque comportant 8 tomes, Le Cycle de l’invisible, avec cette différence que l'ensemble de ces 8 opus étaient indépendants les uns des autres, contrairement à cette fois-ci.
Pour Éric-Emmanuel Schmitt, c'est un défi vraiment extraordinaire qu'il s'est lancé : écrire l’histoire de l’humanité à travers le destin d’un être éternel qui traverse les siècles à la recherche de ce qu’est sa propre humanité. Une histoire romancée en huit volumes dont le premier Paradis perdu vient de paraître.
C’est donc la première pierre d'un projet immense auquel l’auteur pense depuis très longtemps et qui va enfin prendre forme. Son héros, Noam né, au néolithique, va peu à peu traverser toutes les époques. Il sera ainsi le témoin privilégié des grandes évolutions et des révolutions qui ont émaillé les siècles.
Au tout début, on est à Beyrouth, à l’époque contemporaine. C’est là qu’il décide de raconter son histoire de l’humanité, sans savoir encore qu’il est immortel. Ce n’est pas l’Histoire d’illustres qu’il nous offre mais celle d’une vie simple auprès des siens, au temps reculé de la Préhistoire.
Son père, chef du village, est aimé et respecté de tous, un père qu’il admire et dont il voudrait avoir reçu les qualités. Nous sommes plongés dans l’existence quotidienne de villageois sédentaires, la façon dont ils s’organisent pour vivre ensemble et surtout leur rapport à la nature, leur volonté d’être en accord avec elle, cette nature nourricière dont ils savent qu’ils ont tout à attendre s’ils la traitent avec bienveillance.
Noam est né il y a 8000 ans dans un village lacustre et une nature encore immaculée. Peu à peu, on suit les us et coutumes de sa communauté avec, outre Noam, Trigor le guérisseur, Panoam son père, Barak l'homme sauvage et Noura, belle et imprévisible. Il devra affronter aussi bien les problèmes inhérents à sa tribu que des calamités naturelles comme le Déluge.
Avec Bernard Montiel
La suite est consacrée à l’époque du Déluge,
une nature qui va montrer sa force dévastatrice et remettre l’homme à
sa place. Ce brutal changement pose la question de la condition humaine.
Cette immortalité dont Noam bénéficie, si elle est
d’abord vécue comme un cadeau du ciel apparaît parfois comme un fardeau.
L’altérité, si elle permet de marquer sa différence, est aussi un défi à
relever pour vivre ensemble avec harmonie.
Avec le 1er ministre québécois François Lagault
Éric-Emmanuel Schmitt
sait à merveille insérer dans l’histoire qui se passe au néolithique
des passages sur la vie dans la société contemporaine. Il réussit fort
bien à mélanger le passé et le présent, liant les deux époques par
l’intermédiaire de Noam, abordant ainsi les problématiques communes à ces deux époques.
Si Éric-Emmanuel Schmitt sait ménager le suspens, il a tendance à systématiser cette technique du cliffhanger [1], ne serait-ce qu’à travers des expressions comme « n'allons pas si vite » ou « nous y reviendrons plus tard. »
Schmitt avec Virginie Despentes
Notes et références
[1] Le « cliffhanger »
est, en matière de fiction, une façon de terminer un chapitre, un
roman, en utilisant une ouverture destinée à créer une forte attente, à
induire une suite.
► Ma vie avec Mozart -- La traversée des temps --
► Éric-Emmanuel Schmitt entre réel et sentiments --
► Un homme trop facile ? -- Les deux messieurs de Bruxelles --
► Le bruit qui pense -- Le cycle de l'invisible --
► EE Schmitt, Biographie -- Georges et Georges --
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