De Braga à Lisbonne La Tour de Belem, symbole du Portugal
Selon un dicton populaire « Braga prie, Coïmbra chante, Lisbonne s'amuse et Porto travaille.»
1) De Guimarães à Barcelos
On commence par le village médiéval de Guimarães.
Ce village est appelé le "berceau du Portugal" et son centre historique est classé site UNESCO.
Guimarães, le château et les remparts
En
1128, la ville est le centre d'événements qui conduiront le pays à
l'indépendance, l'une des tours de l'ancienne muraille porte cette
inscription : "Ici est né le Portugal".
Visite historique du château et gastronomique avec l’Arroz de Pato ou riz de canard.
Guimarães, Largo de Oliveira, Mairie et le porche
La ville de Braga est l’une des villes les plus importantes du pays, capitale de la province de Minho, située au milieu de collines. Elle porte encore les marques de l’Empire Romain (la Rome portugaise) et de la Renaissance italienne. Nous avons pu le constater au cours de la visite panoramique de la cité, son imposante cathédrale, au style hétéroclite allant du Roman au Baroque. Le sanctuaire du Bom Jesus, de style rococo, est constitué d'une grande église, d'un escalier monumental qui représente la Voie Sacrée de Bon Jésus et d'un funiculaire hydraulique centenaire.
Ici, l'eau est reine. À chaque degré de la longue descente de l'escalier monumentale, on fait un vœu en passant la main sous le filet d'eau qui coule en permanence. José Saramago, le grand écrivain portugais, ne disait-il pas dans Menus souvenirs : « Je ne crois pas qu'il existe au monde silence plus profond que celui de l'eau. »
Braga La cathédrale Sanctuaire du Bom Jesus 1772
Départ pour Barcelos, village connu pour son artisanat et son important marché qui met justement en valeur son artisanat dont le célèbre coq est devenu un symbole national.
Vue de Barcelos Le coq, mascotte de la cité, symbole de foi, justice & chance
« J'espérais des bains de soleil, des promenades infinies, des voyages, des aventures... » Arthur Rimbaud
2) Visite de la ville de Porto
Deuxième ville du pays, elle est surtout célèbre sa position à l’embouchure du Douro et ses quais avec ses entrepôts alignés qui contiennent le précieux vin de Porto.
On commence par un petit tour dans le marché typique de Bolhao, bigarré, achalandé, plein d’enseignements sur le mode de vie des habitants puis dans la rue Santa Catarina, toujours très animée.
On en profite pour passer devant le café Le Majestic pour admirer ce superbe exemple d’architecture Art déco. Sa grande façade en marbre ornée de motifs végétaux est bien représentative de ce style. À l'intérieur tout est à l'unisson, les sièges en cuir, les tables, les lustres, les images décorant des colonnes entre chaque miroir ou aussi les peintures du plafond.
Porto La cathédrale Gare de São Bento Azulejos d'Henri le navigateur à Ceuta
La grande salle de la gare de San Bento offre
une magnifique perspective avec ses murs couverts de panneaux
d’azulejos retraçant l’histoire du pays. Quant à la cathédrale, c’est
surtout sa chapelle ciselée d’argent qui est intéressante. Elle fut
recouverte de stuc pour éviter que les soldats de Napoléon s’en emparent, ruse qui réussit parfaitement.
Pont Dom Luis sur le Douro
L’après-midi sera moins fatigante avec la visite du salon arabe du Palais de la Bourse, dégustation traditionnel de Porto dans une cave le long du Douro puis balade en barque sur le Douro.
Porto Églises des Carmélites et des Carmes Café Le Majestic
« On passe les paysages en revue comme les tableaux au musée... » Sylvain Tesson
3) La vallée du Douro
Cette vallée est la source du Porto qu'on a longtemps transporté sur le Douro depuis les quintas (domaines viticoles) jusqu'aux caves de Vila Nova de Gaia, en face de Porto à l'aide de bateaux en bois appelés rabelos.
On va enfin voir ces fameuses vignes aux nombreux cépages locaux qui donnent ce non moins fameux Porto.
Plantées depuis quelque 2000 ans, les vignes ont marqué la région de
leur empreinte et largement contribué à son développement
socio-économique.
La région est très vallonnée, constellée de charmants villages dont celui d’Amarante que nous visitons et la route passant par le barrage de Bagauste fort agréable avec ses vues et ses coteaux en terrasse.
Vue d'Amarante La vallée du douro du côté de Régua
Arrêt (bienvenu) au domaine de Quinta da Pacheca près du Douro et de la ville de Regua, pour une dégustation très réussie de Porto rouges et blancs et même rosés que j’ai découverts pour l’occasion.
Aveiro La façade de l'ancienne gare
De là, on gagne Aveiro avec sa gare et une nouvelle balade sur des bateaux typiques les Moliceiros, où l’on goûte une pâtisserie nommée "ovos mole".
Aveiro La Costa Nova
« Voyager rend modeste. Vous voyez quelle petite place vous occupez dans le monde. » Gustave Flaubert
4) Vers Coïmbra et Nazaré
En quittant Aveiro, passage par la Costa Nova et ses nombreuses maisons en bois aux façades peintes de lignes verticales de différentes couleurs, puis direction le Buçaco, site naturel où l’eau est reine.
Avant de rejoindre Coïmbra, retraite gastronomique à la Baireida pour goûter au cochon rôti à point.
Coïmbra Façade du monastère de la Ste Croix Vue de Coïmbra
Coïmbra, l’ancienne capitale du Portugal aux XIIe et XIIIe siècles, conserve un air du passé avec son ancienne cathédrale, sa prestigieuse université, sa porte d’Almedina et sa bibliothèque Joanina.
Repos mérité à Nazaré et ses belles plages.
« S'éloigner de tout rapproche un peu de l'essentiel. » Loïc Peyron
5) Vallée du Tage : Batalha, Fatima et Alcobaça
Avant d’aller sacrifier un cierge (ou plusieurs) à Fatima, visite du splendide monastère de Santa Maria de Vitoria à Batalha, de style gothique, inscrit au patrimoine de l'UNESCO,
Monastère de Batalha Vue générale et travée du cloître
Il fut construit à l'initiative du roi Jean Ier qui y est inhumé, commémorant sa victoire d'Aljubarrota contre les espagnols ainsi que la conquête des mers.
Cloître royal et style manuélin
L'immense nef centrale aux vitraux gothiques, donne sur les chapelles du roi Jean 1er (1385-1433) et Philippa de Lancestre et de leurs enfants dont Piere du portugal, Henri le navigateur et le roi Édouard 1er (1433-1438) inhumé dans l'une des chapelles du panthéon octogonal resté inachevé.
Batalha Détail du cloître L’une des chapelles inachevées
Fatima, pourquoi pas ?
À
plusieurs kilomètres, sa silhouette se découpe déjà dans le ciel bleu,
avec sa flèche effilée qui semble vouloir s'élever jusqu'à Dieu.
Basilique bien dans le goût de l’époque mais sans ostentation, loin du
baroque.
Notre-Dame du Rosaire Vue générale, la nef et le Chœur
Ce qui m’a frappé en ces temps de Covid, c’est la viduité de ce lieu dédié à la foule. La grande esplanade dominée par la basilique Notre-Dame du Rosaire, est d'une tristesse infinie, sous le soleil généreux de cette journée.
Vitrail dédié à la Vierge Marie
Seule le lieu qui reçoit une quantité incroyable de cierges de toutes dimensions s'illumine de leur lumière diaphane qui se consument lentement.
Le miracle solaire de Fatima
Même la basilique moderne de la Sainte-Trinité, de forme circulaire reposant sur deux immenses poutres transversales, dotée d'une superbe fresque à dominante de tons jaunes, avec ses travées presque vides, semble en attente d’un événement qui lui redonnera couleurs et vie.
Les bergers de Fatima Basilique de la Sainte-Trinité
Après une ultime dévotion à la traditionnelle morue (au demeurant excellente), direction Alcobaça et son monastère cistercien.
Alcobaça Vues du monastère Santa Maria et de son cloître
C'est un ensemble monumental assez austère, d'une grande sobriété. Sa nef centrale, très sobre, tranche avec la porte de la sacristie de style manuélin, finement ouvragée, l'un des rares éléments architecturaux manuélins du monastère.
Alcobaça, tombeau d'Iñes de Castro
Le monastère contient les imposants tombeaux du roi Pierre 1er (1357-1367) et d’Iñes de Castro, leur histoire à faire pleurer dans les chaumières, close par son couronnement posthume, épisode aussi glauque que tragique.
Tombeau de Pierre 1er (détail)
Leurs tombeaux sont magnifiques, délicatement ouvragés aussi bien dans les scènes supérieures que dans les motifs ornant tous les côtés du réceptacle. Ils représentent l'épicentre de la visite et se font face dans l'église.
Retour à Nazaré en passant par son promontoire. La boucle est bouclée pour la journée.
Gisant de Pierre 1er Tombeau de Pierre 1er Roue de la vie
Ces éléments tranchent dans ce cet ensemble cistérien qui recherche par définition la rigueur et la simplicité et font partie du charme qui en émane.
---------------------------
« Il est parfois moins admirable d’user de son pouvoir que de se retenir d’en user. »
Montherlant la reine morte
6) En descendant vers Obidos et Sintra
Obidos et ses ruelles médiévales mérite le détour, surtout son château, ses quatre portes monumentales... et pour sa "ginginha", liqueur qu’on boit avec un petit verre en chocolat.
La balade sur les remparts offre une magnifique vue sur la vallée… et les monts alentours.
Obidos vue du château Obidos Une vue du village
Obidos était autrefois un cadeau fait à la reine du Portugal le jour de son mariage, et ceci depuis 1214, ce qui a permis à la ville de conserver tout son cachet. La porte principale ou Porta da Vila, est pourvue de superbes mosaïques, des azulejos blancs et bleus évoquant la passion du Christ. La porte est en fait formée de deux petites portes servant à empêcher la cavalerie de charger et les béliers de fonctionner.
Obidos Porta da Vila Château Vue générale
Puis ce fut Sintra avec ses palais édifiés par la royauté. Visite du Palais National avec ses deux cheminées coniques blanches hautes de 33 mètres qui en font tout le charme. Largement remanié aux XIVe et XVe siècles par Jean 1er et Manuel 1er, il fut ébranlé par le tremblement de terre de 1755 et reconstruit à l'identique.
Le palais national : vue générale
La ville est entourée de superbes propriétés, les retiros et de belles demeures, les quintas, où la "bonne société" lisboète venait l’été se "mettre au vert".
La salle des blasons (ou salle des cerfs) avec ses scènes de chasse en azulejos bleus et blancs
Elle est située sur le versant nord de la Sierra de Sintra, chaîne verdoyante granitique entre Lisbonne et l'Atlantique. C’est une barrière montagneuse qui rend la région fort pluvieuse favorisant une végétation luxuriante que Byron avait qualifié de « glorieux Éden ».
Sintra, Vues du centre ville
Après un repas typique de brochettes de calamars et de crevettes, on rentre en faisant un crochet par le Cabo da Roca, cap le plus à l’ouest de l’Europe. Il paraît que ses 145 mètres de haut offrent une vue synoptique mais avec une brume persistante…
« Certains portent des armures, d'autres des mystères. » José Saramago, prix Nobel
7) La ville de Lisbonne
Avec la visite de Lisbonne, le voyage touche à sa fin. Malheureusement en ces temps de Covid, la tour de Bélem et la cathédrale ne sont pas visitables. L'avantage est qu'on est pratiquement les seuls touristes aujourd'hui.
Le monument dédié aux découvertes
On va se balader vers le port, le long du Tage dans le quartier de Bélem, visiter outre la tour, le monument des découvertes sur un quai du Tage, le monastère des Hiéronymites , symbole de l’apogée du pays, souvenir de la route des Indes suivie par Vasco de Gama. On poursuit la balade par les belles fontaines baroques de la place du Rossio et la place du Commerce qui donne sur le Tage.
Façade d’azulejos de la Maison Ferreira das Tabuletas
Lisbonne Façade Monastère des hiéronymites
L'après-midi est consacré aux quartiers typiques de Bairro alto, de l'Alfama près du Tage, de Baixa et surtout du Chiado, centre littéraire fort animé autour de la place Luis de Camões la rue Garet où se trouve le célèbre café Brasileira et la statue du grand écrivain Fernando Pessoa auprès de laquelle on peut s'asseoir pour prendre une photo.
Place Rossio Fontaine et Théâtre Fontaine et pavés en vagues
Le Chiado concentre en fait sur son aire de nombreux théâtres ainsi que les deux musées du Chiado et le Musée National d’art contemporain (MNAC).
Une journée bien terminée par une soirée détente bercée par la voix chaude de chanteuses de fado.
Statue d’Antõnio Ribeiro Statue de Pessoa au Brasileira
dit Chiado
« Lisbonne : les dômes, les monuments, les vieux châteaux surplombent la masse des maisons, tels les lointains hérauts de ce délicieux séjour, de cette région bénie des dieux. » Fernando Pessoa
8) Toujours à Lisbonne
Le
lendemain, on part pour un tour de ville avec le métro puis le tram.
Ah, ce tram improbable cahotant dans les rues pentues et étroites de
cette ville qui n'en finit pas de monter ! Dans la ligne 28, on décrit un bel arc de cercle dans les quartiers anciens puis on redescend par la ligne 25 vers la cathédrale, la Sé comme on dit, et vers le Tage, arrêt sur la vaste place du commerce.
Par contre, impossible de prendre l'ascenseur de Santa Justa qui relie la basse ville (Baixa) au Chiado, pour cause de Covid. On se contentera de faire le tour de cette belle construction en fer forgé contruite au début du XXè siècle..
Ascenseur de Santa Justa : relie la Baixa aux quartiers hauts
L’Eden, cinéma et théâtre, style art déco, Place des restaurateurs
La ligne du tram n°28 traverse Lisbonne d’Ouest en Est et comprend quelque 35 arrêts en sillonnant des quartiers comme Estrela, le Bairro Alto, le Chiado et le Graça. Son intérêt touristique se situe surtout entre les places Luis de Camões et Martim Moniz.
Le fameux tram n°28 L'arche de la place du Commerce
Sur l’un des promontoires de la ville, Fernando Pessoa aimait y voir la « lumière universelle du soleil » inondant la ville. Pour lui, « tout au fond le Tage est un lac d'azur, et les collines de la rive sud semblent celles d'une Suisse aplatie... » Il repose, en compagnie du grand poète Luis de Camoens, dans le monastère des hiéronymites.
« Le monde est très grand et plein de contrées magnifiques que l'existence de mille hommes ne suffirait pas à visiter. » Rimbaud, Lettre à sa famille, 1885
En complément : du style Manuélin au style pombalin
Au cours de nos visites, notre guide Marie-Madeleine nous a souvent parlé du style manuélin, style spécifique au Portugal, du nom du roi Manuel 1er qui régna à la fin du XVème siècle. C’est en gros un mélange éclectique de roman, de gothique flamboyant et de mauresque. Je trouve qu’il a surtout un aspect baroque avec ses nombreux motifs décoratifs qui rappellent l'époque des Grandes découvertes portugaises. On y trouve ainsi des objets se rapportant à la mer (coquillages, coraux, vagues, poissons, ancres, instruments de navigation, cordages) ou des animaux d'Afrique conjugués à des symboles manuélins comme la sphère armillaire et la Croix du Christ. La tour de Belém et le monastère des Hiéronymites à Lisbonne en sont les meilleurs exemples.
Par opposition, le style pombalin –du nom du premier ministre le marquis de Pombal- est de type néo classique d’une grande sobriété. Élaboré suite au tremblement de terre qui détruisit une partie de Lisbonne en 1755, il repose sur des normes (forme des façades selon les rues) et un plan d’urbanisme géométrique avec des rues rectilignes se croisant à angle droit. La décoration faite de motifs géométriques est normalisée, aussi bien la déco des façades que celle des dessins noirs et blancs du pavage des places et des trottoirs.
Portrait de Fernando Pessoa par Negreiros
Voir aussi mes articles :
José Saramago, Menus souvenirs -- Biographie --
José Saramago, Hommage 2020 -- Saramago & son oeuvre --
Pessoa et l'intranquillité -- Porto librairie Lello & Irmão --
-----------------------------------------------------------------------
<< Ch. Broussas, Braga/Lisbonne 19/06/2021 © • cjb • © >>
-----------------------------------------------------------------------
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire