Référence : Thomas Piketty, Une brève histoire de l’égalité, éditions du Seuil, 368 pages, août 2021, EAN 9782021485974
« Le mouvement vers l'égalité n'est pas prêt de s'arrêter. » T. Piketty
Si Thomas Piketty est connu pour avoir publier des ouvrages économiques qui ont fait date comme Capital au XXIe siècle en 2013 et Capital et idéologie en 2019, il est aussi directeur d'études à l'EHESS, professeur à l'Ecole d'économie de Paris et codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab, WIL).
Comme l’écrit Thomas Piketty dans son introduction, « Les questions économiques sont trop importantes pour être laissées à une petite classe de spécialistes et de dirigeants. La réappropriation citoyenne de ce savoir est une étape essentielle pour transformer les relations de pouvoir. »
Cette fois, il se focalise sur le thème des inégalités socio-économiques dans nos sociétés. Pour avoir d’abord une photo d’ensemble, il traire de leur évolution sur une longue durée, entre les classes sociales et les sociétés humaines, Thomas Piketty propose une perspective nouvelle sur l’histoire de l’égalité. En s’appuyant sur ses travaux, il en conclut que cette lutte contre l’égalité n’est pas un phénomène récent, elle est ancrée dans notre histoire et n’est pas près de s’arrêter pour peu qu’il existe une volonté collective.
Thomas Piketty et Aurélie Philippetti
Le mouvement débute avec la Révolution française et la révolte des esclaves à Saint Domingue, avec un début de remise en cause des sociétés de privilèges, d’esclavagisme et colonialistes. Ce phénomène est visible aussi bien dans les pays qu’au niveau international.
Thomas Piketty et sa femme Julia Cagé
La première réforme de fond concerne la lutte contre cette pratique consistant à faire fortune en utilisant les infrastructures publiques d'un pays (son système sanitaire et éducatif…) puis à transférer ses actifs ailleurs sans assumer la facture à payer. Dans ces conditions, il n’est plus possible de permettre la libre circulation des capitaux sans contrepartie fiscale ou sociale. C’est affaire de chaque pays qui doit rejeter ce système et proposer une politique ciblée de justice fiscale et sociale et des actions transnationales pour atteindre ces objectifs. « C'est, écrit-il, ce qu’il appelle "le souverainisme universaliste". »
Thomas Piketty et Michel Husson
On connaît bien le problème de la croissance qui fait que « les 1 % les plus riches de la planète émettent plus de carbone que les 50 % les plus pauvres, soit près de quatre milliards de personnes qui subissent déjà les conséquences des modes de vie des plus riches. » Une taxe carbone proportionnelle frappant de façon identique pauvres et riches ne conduirait qu'à de nouvelles révoltes, au Nord comme au Sud. Sortir de cette situations devra obligatoirement passer par une forte réduction des inégalités et un engagement massif des plus riches.
Thomas Piketty et Elizabeth Warren
La Chine paie les conséquences de son développement effréné. Les inégalités ont explosé depuis quelque 30 ans, même si Xi Jinping refuse de le reconnaître, surtout depuis sa prise de pouvoir en 2013. Mais elle peut aussi servir de modèle aux pays du Sud. Pour s'y opposer, les pays occidentaux devront impérativement proposer un modèle alternatif basé « un socialisme démocratique, participatif, écologique et métissé. »
Thomas Piketty et Joseph Stiglitz
La crise de la Civid-19 creuse encore les inégalités entre pays riches et pauvres et il faudrait bien sûr pouvoir lever les droits sur les vaccins. De façon plus large, il faudrait rééquilibrer les bénéfices de la fiscalité internationale au profit des plus faibles. Il faut prendre en compte les conséquences d'un passé esclavagiste et colonialiste, reconnaître les droits des plus faibles à la dignité et se souvenir que les pays riches doivent leur prospérité à l'exploitation des pays pauvres.
Ce livre dit Thomas Piketty, « est à la fois un livre d'histoire et de sciences sociales et un livre de mobilisation citoyenne. » Procéder à cette analyse, c’est mieux comprendre les luttes et les mobilisations qui ont rendu possible un tel mouvement. Mais cette tentative pédagogique d’appropriation de la connaissance se heurte à « l'amnésie historique, le nationalisme intellectuel et le cloisonnement des savoirs. »
Thomas Piketty et François Ruffin
Voir aussi mes fichiers
► Thomas Piketty, Capital et idéologie -- Saez-Zucman, Le triomphe de l'injustice --
► Emmanuel Todd, Les luttes de classes en France au 21e siècle --
► Les ressorts de la mondialisation --
Et aussi...
* Picketty/Husson : un débat capital --
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