Référence : Marguerite Duras, La passion suspendue, Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre, traduction de René de Cecatty, éditions Le Seuil, 188 pages, janvier 2013
Présentation
Marguerite Duras (4 avril 1914-3 mars 1996) est née à Gia Dinh au Vietnam. Auteure d'une œuvre littéraire et cinématographique importante, elle a défini un style, un ton poétiques et politiques, dans des romans comme Un barrage contre le Pacifique, Les Petits Chevaux de Tarquinia, Le Ravissement de Lol. V. Stein, des récits comme L'Amant, Les Yeux bleus, cheveux noirs), des films comme Nathalie Granger, India Song ou Le Camion, des pièces de théâtre telles que Des journées entières dans les arbres ou L'Amante anglaise ainsi que des scénarios (Hiroshima mon amour) qui ont eu un impact considérable.
Marguerite Duras (1914-1996) début années 50 à son domicile parisien.
Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre
Rare document que ce dialogue paru uniquement en italien de Marguerite Duras se confiant à la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre, parlant à bâtons rompus sa vie et de son œuvre. Marguerite Duras, après plusieurs refus, reçoit la journaliste de La Stampa chez elle rue Saint-Benoît, dans une chambre quelque peu poussiéreuse et très encombrée, tandis que Yann André veille à côté.
Elle évoque ainsi son enfance qui a beaucoup compté dans sa vocation, sa conception du cinéma et du théâtre, de mai 68 à l’affaire Christine Villemin ou sa relation aux lieux en rapport avec son « métier » d’écrivain, ouvrant une fenêtre sur son intimité et sa vie quotidienne.
C’est un « violent amour » qui l’a fermée à certaines facilités, une vie sociale faite « de mondanités » dit-elle, une passion dévastatrice qui l’a menée au bord du suicide et lui a fait voir la vie autrement, mettant en évidence les manques qu’elle ressentait et qu’elle pouvait nommer, affronter. Elle se retrouve, s’identifie dans la femme de Moderato Cantabile et celle de Hiroshima mon amour, dépassée par cette passion, incapable d’en parler sinon par le biais de l’écriture.
De la littérature, Marguerite Duras pense qu'elle est « de représenter l'interdit. De dire ce que l'on ne dit pas normalement. La littérature doit être scandaleuse: toutes les activités de l'esprit, aujourd'hui doivent avoir affaire au risque, à l'aventure. » Elle pense aussi qu’une certaine maturation est nécessaire pour un écrivain, dans l’expression de sa pensée, que « ce n'est qu'avec un deuxième livre que l'on commence à voir clair dans la direction de son écriture, à travers le lent détachement par rapport à la fascination que l'idée de littérature exerce sur nous. »
Marguerite Duras © Hélène Bramberger/ Seuil --- La passion suspendue : entretiens inédits avec une Marguerite Duras mise à nu
Citations
- L’alcool « Transfigure les fantômes de la solitude... J'ai repris et arrêté trois fois jusqu'à maintenant... Depuis, sept ans ont passé et pourtant je sais que je pourrais recommencer, dès demain. »
- « Son corps chinois ne me plaisait pas, mais il faisait jouir le mien. [...] J'aimais, de cet homme, son amour de moi et cet érotisme-là [...]. » (L’amant)
- L’expérience de l'écriture, cet « événement intérieur », elle en parle ainsi : « C'est un souffle, incorrigible, qui m'arrive plus ou moins une fois par semaine, puis disparaît pendant des mois. Une injonction très ancienne, la nécessité de se mettre là à écrire sans encore savoir quoi : l'écriture même témoigne de cette ignorance, de cette recherche du lieu d'ombre où s'amasse toute l'intégrité de l'expérience. »
* Les lieux normands de Marguerite Duras et Marguerite par Hélène
* Le blog de L’école des lettres
<<< Christian Broussas - Feyzin - 31 mai 2013 - © • cjb • © >>>
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