René Carmille (1886 - 1945)
La Résistance au bureau des statistiques
Il est de ces hommes qui demeurent dans l’ombre, dont jamais on ne parle et qui ont pourtant largement servi la collectivité.
Sous l’Occupation, le polytechnicien René Carmille fut le précurseur du traitement massif des données en France. Il mit en place le Service national de statistiques (SNS) qui deviendra plus tard l'INSEE.
Il inventa aussi le numéro de sécurité sociale.
Conscient de l’usage que pouvaient faire de ses données le régime de Vichy dans la traque des juifs et des résistants, il prit soin de les saboter tout en se mettant au service de la Résistance.
René Carmille
Un « résistant de bureau »
Polytechnicien, René Carmille se passionne pour un nouvel outil qui commence à se répandre pendant l'entre-deux-guerres : la mécanographie,
première étape vers l’informatique. Dans ce procédé, les données sont
saisies sur des cartes perforées, qui sont triées puis traitées par une
machine, la tabulatrice.
Il s’y intéresse dès les années 1930 où il peut apprécier comment
l’armée allemande se sert de ce moyen pour augmenter de façon subreptice
ses effectifs militaires, au-delà des normes fixées par le traité de Versailles.
En 1940, après l’armistice, René Carmille dirige à Lyon le nouveau Service de Démographie (futur SNS). À son tour, il va se servir du système mécanographique pour préparer contre les Allemands une remobilisation en zone « libre » en cas de débarquement allié !
Dans ce cadre, il invente un « numéro d’identification au répertoire » (NIR), devenu depuis le numéro de sécurité sociale. Il s’attelle aussi à organiser un recensement des activités professionnelles dès 1941 qui va déboucher sur la constitution d’un fichier de 300 000 hommes mobilisables, camouflé dans la masse des cartes individuelles. Mais son action sera contrariée par l’occupation de la zone libre fin 1942.
René Carmille, à la tête du SNS, va faire en sorte de saboter la demande allemande d’extension du recensement des AP à la "zone occupée", comportant en particulier une question sur la race. Il se débrouillera pour ne pas fournir de données qui puissent être utiles aux Allemands. De la même façon, il convainc le Commissaire général aux questions juives de lui confier le fichier juif en cours de collecte par la police de la « zone libre » (110 000 fiches) et de retarder au maximum ses possibilités d’exploitation.
Il entrera ensuite dans un réseau de résistance lyonnais appelé Marco Polo, à qui il fournit des informations et des faux-papiers destinés à Londres. Arrêté le 3 février 1944, il sera déporté à Dachau où il mourra le 25 janvier 1945.
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