En 1800, la deuxième campagne d’Italie bat son plein. Bonaparte veut franchir les Alpes par le col du Saint-Bernard et tomber sur les Autrichiens qui menacent Masséna à Gênes. Stendhal est du voyage et rejoint l’armée en mai 1800 à Genève. Comme il n’a pas l’âme très militaire, il s’empresse d’aller visiter la maison de Jean-Jacques Rousseau et lit de la poésie. Il enrage contre son père qui a fait de lui « une vraie poule mouillée. » [1]
Le capitaine François-Marie Burelviller le prend alors sous sa protection. Pendant l’expédition, il découvre les paysages bucoliques de la Suisse, l’église de Rolle et la lumière du Léman. « À Rolle, écrit-il, commença le temps heureux de ma vie, ce pouvait être le 8 ou 10 mai 1800. » Le périple continue ensuite par Lausanne, Villeneuve et Sion. Puis c’est l’Italie où il ne fait pas vraiment la guerre et démissionne de l’armée le 20 juillet 1802.
Début 1804, Stendhal repasse par Genève avec une bande de copains, retrouve le Léman et goûte à la douceur des coteaux de Cologny. La bande a ses habitudes au Café Français et à l’hôtel des Balances où ils déjeunent à la table d’hôtes. Ils visitent aussi la fabrique d’indiennes Petit, se baignent dans le lac ou vont écouter des prédicateurs rue de la Fusterie.
Il faut enfin quitter Genève et ses beaux palais, ce qu’il fait à contrecœur comme « Télémaque à l’île Calypso ».
Il retrouvera un moment la Suisse en 1821, après un séjour milanais de sept ans, quand en route pour Paris, il passe par les montagnes suisses via Bellinzone, Lugano et le Saint-Gothard.
En 1837, Stendhal entreprend pour écrire Les mémoires d’un touriste, un périple en France, qui se termine à Genève. À peine arrivé, il est atteint d’une crise de goutte, ce qui ne l’empêche pas de revisiter la maison de Jean-Jacques Rousseau, récemment restaurée.
Il prend le bateau pour se rendre à Lausanne puis à Vevey à l’hôtel des Trois-Couronnes. Il y apprend qu’on voudrait retirer la statue de Rousseau réalisée par Pradier dans l’île à Genève, ce qui l’indigne. [2]
Avant de repartir, il va écrire à l’automne 1838 en 52 jours La Chartreuse de Parme qui, malgré le soutien de Balzac, sera reçu de façon mitigée.
En février 1841, déjà très malade, il ne fait que passer à Genève pour consulter le docteur Prévost sur les conseils de son ami le genevois Constantin Abraham.
Notes et références
[1] Voir Vie de Henry Brulard, page 416
[2] Il écrira dans Mémoires d’un touriste : « Ainsi
me disais-je, les gens riches de Genève tombent dans la même duperie
que les nôtres ; ils se donnent le malheur de haïr et d’avoir peur […]
il y a plus, leur haine visible excite leurs ennemis à ne pas faire de
faute de logique et augmente leurs périls. »
Mes fiches sur Flaubert
► Stendhal, Voyageur impénitent -- De Marseille à Gap --
► La découverte de l'Italie -- Stendhal et la campagne de Russie --
► Lucien Leuwen -- Lamiel -- Armance -- Stendhal à Civitavecchia --