Marcel Proust, le centenaire
Retour sur Marcel Proust dont on fête cette année les cent ans de la disparition.
Les débuts de La Recherche du temps perdu - qui atteindra 720 pages en 7 tomes- n'augurent rien de bon : le premier tome Du côté de chez Swann est refusé aussi bien par les éditions Fasquelle que par André Gide lui-même en 1913. Dépité, Proust va le faire publier à compte d'auteur. [1]
Marcel Proust en 1892
Mais le sort va lui être favorable cinq ans plus tard quand André Gide acceptera la publication du tome II "À l’ombre des jeunes filles en fleurs" qui lui vaudra le prix Goncourt
en 1919.... et une belle polémique. En effet tout le monde n'approuve
pas le choix des académiciens Goncourt, certains regrettant avec
véhémence que Maurice Genevoix, héros de la Grande Guerre, et son roman Les croix de bois, ait été écarté. [1]
Marcel Proust avec des amis
Madeleine ou biscotte ?
La fameuse madeleine que déguste Proust en la trempant dans sa tasse de thé lui évoque de charmants souvenirs d'enfance. Elle lui rappelle surtout ses vacances à Illiers-Combray dans la Beauce, à la limite du Perche, chez la tante Léonie
qui apparemment trempait une biscotte dans son infusion de tilleul.
Malheureusement, ses crises d'asthme à répétition lui interdiront
désormais la campagne... et les douceurs de sa chère tante.
Proust par Barthes Marcel Proust et Reynaldo Hahn
Une santé fragile
Le jeune Marcel
a beaucoup déçu son père auquel il ne ressemblait pas vraiment. Il
partage plutôt le goût de sa mère pour les arts. Sa maladie perturbe
beaucoup sa scolarité. Au lycée Condorcet, il rencontre Léon Blum et écrit des critiques théâtrales qui le conduiront aux chroniques du Figaro. Il vit aux crochets de ses parents, fréquente le beau monde, en particulier le musicien Reynaldo Hahn qui deviendra son amant. Il publie alors un recueil de poèmes et de nouvelles intitulé "Les plaisirs et les jours".
Proust par Barthes Proust avec Robert de Flers & Lucien Daudet 1894
À la recherche du temps
Marcel Proust
court après le temps, se doutant qu'il ne vivra pas très vieux et
soucieux de pouvoir terminer son œuvre maîtresse. Mais le sort semble
s'acharner contre lui puisqu'il n'arrive pas à terminer son roman Jean Santeuil, considéré comme une genèse de La recherche et la mort de ses parents en 1902 et 1905 le plongent dans une sévère dépression. Il vit désormais seul à Paris mais se rend souvent à Cabourg
pour soigner son asthme. Sa vie mondaine ne l'empêche pas de travailler
d'arrache-pied à son roman et ses sept volumes qui se déroulent sur
trois générations, et qui seront publiés entre 1913 et 1927.
Jeanne Proust et ses fils Marcel et Robert
Du Goncourt à la postérité
En mai 1914, il perd dans un accident Alfred Agostinelli, celui qui était son chauffeur, son secrétaire et son ami, celui qui lui a inspiré Albertine, le personnage central de La Recherche. Pendant la guerre, plus de Cabourg, plus beaucoup d'amis partis combattre, il a plus de temps pour écrire et revoir son œuvre.
Les trois dernières années de sa vie, Proust ne sort plus de chez lui, perclus par son asthme. Il n'aura pas le temps de corriger les deux derniers tomes, Albertine disparue et Le temps retrouvé. Il meurt le 18 novembre 1922 à l'âge de 51 ans. Les trois derniers volumes seront publiés à titre posthume et La Recherche considérée comme l'une des œuvres majeures du siècle.
En complément
Pour le centenaire de la mort de l'auteur, la Société des amis de Marcel Proust et des amis de Combray a organisé plusieurs manifestations à Paris. À cette occasion, le musée d'Illiers-Combray (28) a reconstitué deux pièces de la maison de sa tante Léonie. À Cabourg, la Villa du temps retrouvé nous replonge dans le climat belle époque de ses romans.
Notes et références
[1] Voir ma présentation de l'ouvrage Un été avec Proust
[2] Voir sur cette polémique ma présentation Proust & le Goncourt
Récap de mes fichiers :