Jon Fosse à Stockholm en 2021
Peu connu du grand public, Jon Fosse
s'est fait un nom sur le scène internationale par ses pièces de
théâtre, largement traduites et jouées dans de nombreux pays. Certains
voyaient plutôt des écrivains engagés comme Salman Rushdie et ses fameux Versets sataniques datant de 1988 ou l’opposante russe Ludmila Oulitskaïa mais c'est finalement lui qui a reçu le prix Nobel « pour ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible.»
Né en 1959 à Haugesund dans l’ouest de la Norvège,
il a touché à pratiquement tous les genres littéraires (le roman, le
théâtre, la poésie, l'essai, la nouvelle et les livres jeunesse),
choisissant d’écrire en néo-norvégien, le nynorsk,
l'une des deux langues les plus répandues dans son pays. Son œuvre a
été traduite en une quarantaine de langues e a obtenu de nombreuses
récompenses.
"Le fils" avec Michel Aumont & Catherine Hiegel
C'est surtout en 1999 qu'on le découvre en France avec sa pièce Quelqu’un va venir (prix Ibsen
2010), représentative de son style épuré, minimaliste diront certains,
basé sur une narration simple ancrée dans le quotidien, prétexte à une
réflexion sur les problèmes existentiels des personnages. Suivront
d'autres pièces comme Et la nuit chante ou Rêve d’automne.
Côté romancier, il a terminé en 2021 sa grande saga intitulée Septologie, long roman assez mélancolique en sept parties comme son nom l'indique, histoire d'Asle un peintre assez âgé publiée en trois volumes, dont le premier L’Autre nom paru en français en 2021.
Côté poète, son anthologie Dikt [1]
illustre ses préoccupations constantes au cours de tout ce temps. Il a
également fait des traductions, en particulier du grand poète allemand Rainer Maria Rilke. Sa poésie est un parfait exemple d'une écriture minimale et épurée qui caractérise son style.
"L'hiver" au festival d'Avignon
Si
style et intrigue sont réduits à l'essentiel, sans ponctuation, c'est
la tension entre les personnages dans un univers assez sombre qui fait
son intérêt et sa signature. Pour lui, « le langage signifie tour à tour une chose et son contraire et autre chose encore », affirme-t-il.
Ses
personnages, qui font souvent face à leur propre solitude, restent
assez flous, sans identité, désignés sous forme générique de type lui,
elle, le fils, le père, l'un, l'autre, dont on ignore le passé, sont
confrontés aux tensions qui naissant de leurs rapports et des sentiments
qui en résultent, comme la frustration, la jalousie, l'angoisse...
"Rêve d'automne" de David Géry
Notes et références
[1] Dikt (1986-1992) (Poésie complète 1986-1992) (1995), Nye dikt (Nouveaux poèmes) (1997) et Dikt (1986-2001) (Poésie complète 1986-2001) (2010)
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